Bonjour,
Je reporte les posts, je reporte et soudain je me rends compte que cela fait plus d’un an que je n’ai pas posté. Je ne m’en serai pas cru capable. Oh je vous rassure, j’écris ! Souvent ! Depuis 2 ans maintenant je me suis lancée dans un récit, un long récit qui j’espère pourrait devenir un roman. Et vu que j’écris ce récit bah…je n’écris rien d’autre qui puisse alimenter ce site. On m’a toutefois fait remarquer que je pouvais poster le tout début de mon récit (je parle de récit parce qu’en fait il n’a pas de nom encore même s’il fait 80 pages !). C’est ce que je fais alors ici. Un prélude, un avant-goût… la suite viendra un jour, en livre papier je l’espère. Mais pas tout de suite ! J’ai tant à écrire encore et je suis si longue à écrire !
La première photo correspond à l’open pit de la mine de Kevitsa en Finlande.
Alors voici une légende, celle d’un roman qui peut-être verra le jour.
Bye et bonne lecture !
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Légende d’un nouveau récit
A l’aube des temps le ciel était nu et la plaine constellée de taches de rousseurs. La nuit, le vent apportait parfois aux oreilles des Hommes un son étrangement métallique mêlé à celui de l’herbe dansante. Bien souvent les regards s’élevaient vers le ciel et ils se rappelaient de ce temps où ce que voyaient leurs ancêtres n’était point la nudité des femmes au soir de leurs noces, riche de promesses et emplissant l’imaginaire des hommes. Le dénuement qu’ils contemplaient était celui des mendiants dans la rue, rabattant le pan de leur cape pour se protéger tant bien que mal du froid, la terre du paysan après le gel de décembre et l’âtre où les buches se sont éteintes. Un ciel sans étoiles. Face à cette noire vision le cœur des Hommes, toujours, s’emplissait d’un malaise indéchiffrable. Cela toutefois, c’était avant que les Poètes n’apparaissent.
Ils pénètrent sur la lande un matin d’automne, leur long manteau couleur nuit faisant bruisser dans leur sillage les feuilles jonchant le sol encore humide de la rosée. Le dos droit et la démarche assurée, ils portaient une capuche masquant leurs visages baissés. Il parait que leur cape était cousue dans un morceau de ciel tombé sur Terre, à l’époque où cette dernière projetait encore dans le firmament des flammèches incandescentes. Traversant les champs de blé et les forêts insondables ils s’arrêtèrent à flanc de montagne, dans le creux ménagé par une ancienne grotte aux parois érodées. Se munissant de pioches et de lanternes, leur pas les guida dans les ténèbres de la nuit et bientôt les villageois virent disparaitre les derniers halos de lumière. Après avoir patienté quelques heures, les Hommes se dispersèrent pour retourner à leurs activités. Seuls quelques enfants rodèrent encore autour de la grotte malgré les récriminations de leur parents, attendant pleins de curiosité que les Poètes remontent. Quelques semaines plus tard, tandis que tombaient sur la plaine les premiers flocons de l’hiver, le village s’anima à l’approche d’un enfant. A peine avait-il transmis son message qu’il repartait déjà sur la route qui l’avait vu arriver : les Poètes avaient refait surface. Rassemblés devant l’entrée de la grotte, les villageois les rejoignirent petit à petit tout en gardant bonne distance, laissant entre eux comme une auréole de neige immaculée. Le soleil avait disparu derrière l’horizon et seul son souvenir éclairait encore la terre. Les arbres alentours avaient revêtu le noir de l’anonymat et contrastaient sur le ciel d’un bleu sombre. La scène toutefois était parfaitement discernable et la lumière diffuse qui l’enrobait telle un voile se réverbérait sur la neige fraichement tombée. La lueur provenait d’une pierre polie au creux des mains des Poètes et bientôt, sous les regards pieux des villageois, cette dernière s’éleva dans les airs. A son passage les flocons semblèrent s’allumer comme des paillettes dans l’obscurité, chutant inexorablement tandis que le cœur lumineux poursuivait son ascension. Rapidement, les yeux ne purent plus témoigner de l’avancée de la pierre et nul ne peut dire à quel moment cette dernière s’acheva. Tous se souviennent cependant de cet instant, variable indéterminée ajustée par les rêves et espoirs de chacun, où, soudain, le ciel se para d’une étoile. C’était une femme que seul un collier de perle habille, un bourgeon perdu dans l’immensité du désert et l’étincelle qui brille au coin des sourires.
A partir de ce jour les villageois n’eurent plus qu’une idée en tête : apprendre le secret des Poètes. Aménageant l’entrée de la grotte, ils en retirèrent les écueils pour permettre à chacun de descendre à la suite des magiciens et façonnèrent dans les parois l’âtre des flambeaux devant les guider jusqu’à leurs maîtres. Des jours durant les Poètes transmirent leurs savoirs dans les ténèbres de la terre, enseignant aux Hommes l’art de façonner les étoiles. Tout débutait par la recherche de la pierre qui, jamais, ne pouvait être laissée au hasard. Les yeux devaient guetter à chaque instant, parmi la multitude de roches et de minerais, la pierre dont l’éclat résonnerait d’un écho particulier dans les cœurs ; tout comme les yeux guettent dans chaque être cette différence qui nous attirera irrésistiblement vers lui. Avec maintes précautions la pierre devait ensuite être extraite de son carcan pour être polie. Il y avait, dans les mouvements des Poètes, une étrange douceur et passion plus proche des caresses des amants que des coups de burin et à chaque frappe la pierre s’emplissait d’un peu de lumière. Certaines étaient rouges comme le soleil couchant, tiède chaleur diffuse ; d’autres d’un bleu profond semblaient prêtes à se consumer. Leurs œuvres achevées, chacun remonta à la surface et, après un dernier regard pour celles qu’ils avaient chérie sans relâche des jours et des nuits, levèrent les bras très hauts pour offrir une étoile au ciel. Alors le miracle se répéta et le cœur des Hommes s’emplit de plénitude, de ce sentiment d’accomplissement que seul peut engendrer un don de soi.
Cette réussite marqua toutefois la fin de la mission des Poètes et, peu après que les étoiles eurent pris place dans le ciel, la lande endormie vit leur départ. Il parait que cette nuit-là, la cape des magiciens brillait étrangement et si certains n’y virent que l’éclat des flocons de neige sous la Lune, d’autres associèrent cette lueur à celle des étoiles nouvellement nées. Avec les générations furent transmis les secrets des Poètes et bientôt la nuit ne fut plus si obscure. L’innocence et l’émerveillement premier des Hommes face à la naissance des astres ne tardèrent cependant pas à se ternir tandis que des zones d’ombres apparaissaient dans les recoins de leurs cœurs. Ainsi naquirent les naines brunes, étoiles avortées à la pâleur fantomatique. Ces dernières mais également d’autres, à peine moins pâles et n’ayant pas bénéficié d’assez de passion, peinaient à gravir le firmament, vacillant à la moindre bourrasque de vent. A cette même époque, les motivations des Hommes évoluèrent. Au lieu d’offrir une part de soi au ciel, ils portaient désormais sur ce dernier un regard de conquérant. Certains en venaient même, un filet à la main, à voler les étoiles. Afin de pallier ce problème et de fixer dans le ciel les étoiles chancelantes ; de gigantesques machines furent bâties, prenant appui dans la terre pour élever dans les airs leurs énormes bras métalliques. Ainsi, la lande fut recouverte de tâches rouille grinçant parfois dans la nuit et les étoiles, suspendues à des pointes de fer, n’étaient plus que des objets sujettes au commerce des Hommes avec le ciel. Quelques-uns cependant, aspirant à retrouver la relation originelle avec les astres, partirent voyager à travers le monde à la recherche des Poètes depuis longtemps disparus. Ils devaient, parait-il, marcher jusqu’au lieu où la terre rencontre le ciel pour venir s’allonger dans le berceau des étoiles et se laisser alors porter jusqu’à la porte des magiciens. Franchissant les montagnes à pic et les gouffres de roches, traversant les forêts sans ciel et les déserts inconstants, ils en vinrent avec les siècles à oublier leur but tandis que deux groupes distincs se formaient. Car si le temps avait, dans leur esprit, enseveli l’objectif de leur long voyage ; leur cœur lui n’avait pu l’oublier et la recherche des Poètes guidait, d’un murmure à l’oreille de l’inconscient, chaque choix de leur vie. Le premier groupe partit sur l’océan pour naviguer au milieu des astres tandis que le second s’enfonça dans la terre pour chercher l’étoile mère dont ils pensaient que chaque pierre était issue, germe de lumière. C’est de ce groupe dont ils descendent, les Gueules noires, les mineurs à la recherche d’étoiles.