Souffle Mots

A la poursuite du papillon

23rd août 2013

A la poursuite du papillon

posted in Petits textes |

Salut !

Les vacances se terminent, elles furent courtes mais bien remplies et j’ai pu fêter dignement mes 20 ans ! Cette année je vais à Nancy, à l’ENSAIA (sauf modification de dernière minute), une école d’agronomie.

Le texte que je vous montre aujourd’hui a été écrit après les écrits, durant le week end de la pentecôte, léger répit avant la reprise des cours. Pour l’écrire je m’étais installée dans le jardin du foyer à cette période où le temps semblait hésiter entre la pluie et le soleil. L’idée de ce texte m’a été donnée par Jacky, fidèle lecteur de ce site.

Les photos qui l’accompagnent ont été prises au bois de Boulogne et au Crouesty en Bretagne cet été.

J’espère qu’il vous plaira,

Bye et bonne lecture !

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A la poursuite du papillon

Il y en avait deux. Deux cages. Une à quelques centimètres de moi et l’autre à plusieurs mètres. Presque alignées dans l’horizon courbe de mon regard on aurait dit qu’elles se répondaient. Peut-être regrettaient elles la distance les séparant, deux sœurs exilées ; ou bien pleuraient-elles cette absence, ce vide au fond d’elles, papillons envolés.

Seules subsistaient quelques pétales tombées du ciel, d’un nuage en fleur ou d’un arbre qui s’éveille, souvenir d’un temps déchu, d’un amour qui s’est mû en bruissement d’aile. Instant d’éternel.Puis la pluie avait commencé à battre la mesure et des gouttes à glisser le long des barreaux, comme si elles souhaitaient les enlacer, les rendre aussi fluide qu’elles l’étaient. Dans les cages même la pluie se fanait.

L’éphémère d’une vie ne se capture pas.
Ni la douceur du soleil,
Ni la tourmente d’un orage,
Ni le murmure de l’eau à nos oreilles
Pas plus que le pépiement des oiseaux ;
Ni les regards qui se croisent, floraison du désir,
Ni les corps à l’abandon.
Et jamais l’envol du papillon.
Alors pourquoi cette plume dans ma main ?

Soudain il était apparu, étrange vision dans un paisible jardin. Sa fourrure avait le gris des nuages, être sans contours qui gronde mais ne fait reculer les murs, masse sombre où perçaient deux yeux me fixant, prisons des mondes.

Je n’essayais pas de le caresser. On n’apprivoise pas la liberté.Alors tout devint flou, eau qui embrume nos regards, dilue la réalité tel l’encre sur ma feuille, images troubles de surfaces qui s’étirent et se compriment dans le creux de nos pupilles, comme un rêve pris de folie ; une distorsion de l’esprit…je cours.

Mes griffes pénètrent dans la terre meuble sur laquelle je prends appui pour mieux m’élancer. Un battement de paupière puis tout disparaît : les murs encerclant le jardin, les habitants, les voitures et le bruit assourdissant de la ville. Il ne reste que la route déserte bordée d’immeubles si grands qu’ils semblent masquer le ciel.
Mais les papillons toujours plus haut s’élèvent.Je sens tout mon corps en mouvement, chaque muscle, chaque fibre, le vent qui glisse autour de moi, semble me happer ; l’humidité encore présente sur la fourrure et les gouttes d’eau qui s’envolent. Prise de vitesse.

Alors dans le silence de la ville fantôme naît un orchestre. Écho d’un cœur ou de battements d’ailes ?

Lentement les forêts succèdent aux villes, les plages de rochers aux falaises escarpées, les déserts brûlants aux plateaux enneigés. Tout se mélange et se confond, les paysages et les saisons, les flutes et les violons.

Je vois des lacs de glace couverts du sang de l’automne, des dunes ensevelies sous des pétales de roses…deux cages qui volent en éclats, des murs qui s’effondrent, des étangs de verre qui se brisent telles les gouttes d’eau sur ma feuille, des barreaux qui fléchissent puis perdent toute consistance.
J’entends un loup qui hurle à la Lune de le laisser s’envoler rejoindre les papillons, une bête humaine qui refuse les frontières et les murailles, les limites de l’imagination, ce rêve en cage qu’un enfant laisse s’enfuir, le temps de quelques lignes, de quelques paysages…Et puisque le loup ne peut s’envoler, le papillon sur ma plume vient se poser.

This entry was posted on Vendredi, août 23rd, 2013 at 13 h 38 min and is filed under Petits textes. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

There are currently 5 responses to “A la poursuite du papillon”

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  1. 1 On septembre 1st, 2013, JACKY said:

    Bonjour TALISMAN

    Écho d’un cœur ou de battements d’ailes ?

    je rentre de BRETAGNE ou il y a encore de très beaux papillons comme tu as du le remarquer.

    Quand je verrai les plus colorés battre des ailes, j’écouterai en écho le cœur des marins
    qui s’éloignent de la terre.

    Très beau texte
    Bravo !

    Jacky

  2. 2 On septembre 9th, 2013, Julien said:

    Coucou, joyeux anniversaire un peu en retard :) Je rentre de congés suelement ^^
    Joli texte.

    Tiens, tu viens par chez moi alors ;) L’ENSAIA pas loin du CHRU à Vandoeuvre ?

  3. 3 On mars 31st, 2014, solange chennahi said:

    J’ai eu la chance, au cours d’une soirée poèsie que j’avais organisée le 21 mars dernier, d’entendre ce texte lu par un de vos amis Jacky Godin et je l’ai trouvé magnifique, aérien, plein de finesse et de délicatesse et j’ai retrouvé dans l’envol de ces mots un peu de mon rêve d’absolu, ce rêve qui poursuit la transparence et la pureté d’un éphémère qui nous échappe. Merci de ces minutes précieuses où le temps s’arrête pour laisser la vie respirer libre et fragile comme ce papillon.

    Amicalement

    Solange Chennahi

  4. 4 On avril 1st, 2014, talisman said:

    Bonsoir,
    Tout d’abord merci beaucoup d’avoir pris le temps de me donner votre avis, côtoyant très peu de monde du milieu littéraire j’apprécie d’autant plus votre geste. Jacky m’avait parlé de cette soirée car il aurait voulu que j’y participe. Néanmoins cela n’était pas possible de part mon emploi du temps (et ma localisation !). Je comprends et partage votre rêve d’absolu car c’est quelque chose que je recherche dans l’écriture et que j’aimerais réussir à recréer. Je pense cependant que, comme tout idéal, il n’est possible que de s’en rapprocher sans jamais l’atteindre.
    Si vous souhaitez discuter plus librement par mail j’en serais ravie car il est vrai que dans le milieu scientifique où je suis il est assez rare de parler écriture et cela me manque bien souvent.

    Merci encore.
    Amicalement,
    Julie B.

  5. 5 On avril 10th, 2014, jacky said:

    hello

    merci à Solange
    et à Julie
    de vous rencontrer
    je suis ravi LOL

    Jacky

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