Le gland qui voulait devenir grand ! (4° partie)
Salut !
Voici plus d’une semaine que je suis rentrée de Bretagne (dommage) et je ne me suis pas ennuyée. J’ai notamment participé à la réalisation d’un court-métrage avec toute une équipe…je vous le montrerai sûrement.
Mais là n’est pas le sujet.
Sinon, j’ai terminé l’histoire du gland ! Mais il vous faudra encore attendre trois posts pour connaître la fin (hihi).
J’espère que cet épisode vous plaira, n’hésitez pas à critiquer : je veux progresser ! (oui…l’Araignée aurait dit: "conditionnel s’il te plaît"…mais qui dit que j’étais adulte lol…d’accord je m’égare.)
Bye et bonne lecture
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Le gland qui voulait devenir grand (4° partie)
Pour la première fois depuis son départ le gland se retrouva seul. Il est vrai que depuis qu’il avait quitté le nid il n’avait cessé de faire des rencontres; et maintenant qu’il était livré à lui même il ne savait que faire.
Au bout d’un moment il décida de profiter de cet instant de liberté pour visiter le monde. C’est pourquoi il se mit à descendre la pente qu’il avait remarquée à sa droite. « Autant commencer par un mode facile de locomotion, se dit-il tout en observant attentivement le chemin qu’il allait emprunter : la roulade. »
L’enfant tournait, retournait, toujours et encore, si bien qu’il commença à avoir le tourni. Il réalisa qu’il n’était pas habitué à se déplacer et que la nature vue d’en bas lui était totalement inconnue, étant donné qu’il avait toujours vécu accroché à une branche.
« Est-ce cela grandir : voir le monde différemment ? » Ce fut l’idée qui lui effleura l’esprit avant qu’un rondin ne stoppe sa course et permette au ciel de reprendre sa place d’observateur de l’humanité.
Epuisé, le gland s’adossa au bout de bois afin de se reposer; mais également parce que la fissure dans son dos le faisait souffrir. Il tenta bien de faire une sieste mais son esprit, en perpétuelle agitation, s’y refusa. Ses pensées sautaient de la discussion avec l’Araignée aux conseils prodigués par l’Abeille.
Durant une heure entière il se creusa la graine pour trouver un but; son but. Mais en vain. Son problème venait du fait qu’il ignorait le sens même du mot « but ». Lui, son « but » s’était de grandir mais il devait vraisemblablement trouver un « but » pour que son « but » se réalise. Pour ce petit gland s’était beaucoup trop compliqué.
A vrai dire, il avait également deux autres objectifs mais il les avait déjà éliminés pensant qu’ils ne correspondaient pas à la description faite par l’Abeille. Pour ça, il était lucide; il avait très vite compris que se plaindre et dormir toute la journée ne lui seraient pas d’une grande utilité pour grandir.
Après une heure d’intense réflexion il abandonna pour se tourner vers le conseil de l’Araignée, bien plus simple à appliquer : attendre. Il ferma alors les yeux et s’installa dans une position confortable afin de passer le temps.
C’est ainsi que pour la première fois de sa vie il prit conscience de la caresse du vent sur sa coquille, des murmures des arbres à ses oreilles. Pour la première fois il réalisa que des êtres beaucoup plus petits que lui (eh oui !) existaient sur et sous la terre ferme. Pour la première fois enfin, il comprit que, même si l’Araignée ou l’Abeille n’étaient pas à ses côtés, il n’était pas seul, qu’il n’était ni un noyau ni le centre du monde mais une miette, une poussière dans un tout immense.
Sa méditation fut soudain stoppée par un bruit étrange bien qu’il ne fut pas inconnu : le frottement d’une chose ou d’un être contre des feuilles. Ce n’était pas les imperceptibles paroles du vent; ça se rapprochait. Ce n’était pas le déplacement gracieux et fin d’une fourmi qui avance méthodiquement; c’était un son trop grossié.
Qu’est-es-ce ?
Intrigué et curieux il rompit la sérénité du lac de bien-être dans lequel il s’était plongé et ouvrit les yeux.
Le bruit cessa.
Devant lui se tenait une chenille d’un beau vert, quelques centimètres de long, soit la surface du gland dépliée en une ligne droite. Il avait sur la tête de courts poils qui lui donnaient une allure de Punk. L’insecte fixait l’enfant comme s’il n’avait jamais rencontré pareille être; ce qui, en y repensant, était fort probable, étant donné que peu de glands décident sur un coup de tête de sauter de leur arbre pour partir en quête d’aventure.
« Que-fais-tu? Demanda la chenille étonnée.
- Je grandis, expliqua l’enfant comme si c’était une évidence. »
Ils restèrent ainsi un moment, le gland à attendre; la chenille à observer. Finalement cette dernière fit remarquer :
« Cela fait parfaitement une demi-heure que je te fixe, et une chose est sûre : tu n’as pas pris un pouce.
- Je sais…répondit l’enfant décu avant que l’adulte caché au fond de lui ne se ressaisisse et déclare, mais je grandis mentalement ! »
La chenille acquiesça, émerveillée devant une pensée si profonde, venant d’un petre aussi minuscule qu’un gland, que jamais il n’aurait cru capable de prononcer de telles paroles.
En vérité l’enfant n’avait pas du tout saisis le sens de la phrase qu’il venait de dire; il répétait simplement ce que sa mère avait déclaré avant son départ.
Peut-être est-ce cela grandir : reproduire les faits et gestes des aînés…
L’insecte n’avait pas bougé, toujours immobile en face du gland. Néanmoins son regard s’était détourné pour se poser sur l’ange de la nature. De magnifiques ailes rayonnantes comme un arc-en-ciel, élevant leur élue sur un nuage de grâce et de beauté, une danse aérienne dont le charme et la sensualité auraient séduit n’importe quel homme . Enfin, deux antennes droites et grandioses, tendues telles les cordes d’un arc imaginaire dont la flèche serait pointé vers le coeur de ses admirateurs. Rien d’autre à dire…un archange.
La chenille se retourna vers son nouvel ami et lui murmura dans une confidence :
« N’est-elle pas exceptionnelle ? Je n’ai, de ma vie, jamais vu de papillon d’une telle splendeur. Tu sais, au début je ne savais pas ce qui m’arrivait, en fait c’est tellement simple : j’en suis fou amoureux. »
Mais le gland ne comprenait pas; n’ayant jamais éprouvé une quelconque affection pour qui que ce soit. Peut-être était-ce cela grandir : aimer quelqu’un d’autre que soi.
« Pourquoi ne vas-tu pas la voir alors ? Tu t’approches, tu lui dis la même chose qu’à moi et c’est bon…tu crois pas ? »
Cependant la chenille n’était pas du même avis :
« Mais non ! Que crois-tu ? Qu’un ange tombé du ciel irait flirter avec une chose informe, un être gluant, rampant sur le sol, alors qu’elle… elle est… elle est fantastique ! Le fleuron de la création! Et puis elle, elle vole… Je ne la mérite pas, je ne suis qu’un monstre. »
De nouveau ses yeux se reportèrent sur sa princesse, il lui souriait d’un triste sourire. Un sourire résolut à aimer d’un amour unique…
« Tu as raison. » L’insecte dévisagea son interlocuteur, ahuri. « C’est vrai; qui voudrait pour compagnon d’une être qui baisse les bras dès le premier obstacle, dont l’amour est si faible qu’il ne lui procure même pas la force d’aller de l’avant. Dans ce cas là oui : elle ne prêtera aucun intérêt à cet individu insignifiant. »
La chenille courba le dos, rentra la tête entre ses épaules, déjà prête à partir, pensant la partie perdue d’avance. Puis il se retourna, tiré du puits du désespoir par la voix du gland :
« Mais s’il y a une chose que j’ai appris de mon voyage c’est de reconnaître quand je suis dans le tort. Et là j’ai faux, et toi aussi. Si j’ai bien compris tu l’aimes à la folie, tu serais capable de décrocher la Lune si, comme elle, tu avais des ailes. »
La chenille se rapprocha de l’enfant et s’assit à ses côtés :
« Mais comment voler vers elle alors que je suis enchainé à cette terre ?
- Fait comme moi : mue ! »
L’insecte le fixa les yeux grands ouverts : « Tu mues ?
- Oui regarde »
Le gland se leva du rondin contre lequel il était adossé et lui désigna la fissure dans sa coquille : « Là ». La chenille observa, septique sur la véracité des paroles : un gland ne mue pas. Néanmoins il ne chercha pas à contredire l’affirmation, trop occupé par son problème, et poursuivit : « Seulement c’est dangereux. Tu n’imagines sûrement pas tous les prédateurs qui guettent la transformation de la chenille en cocon. La mouche par exemple ! Elle profite de notre vulnérabilité pour pondre ses oeufs, qui, pour se développer, dévorent notre chair petit à petit. Non, tu n’imagines pas du tout… »
C’est vrai, le gland n’avait aucune idée du danger de muer. En réalité il ne comprenait pas vraiment ce qui ce passait. Il ignorait la raison de la peur de son ami, bien qu’il lui en ai expliqué la cause, et il ne ne percevait même pas le sens exact de ses propres paroles qu’il trouvait beaucoup trop réfléchies.
De plus cela l’étonnait fortement qu’il prête autant d’attention à une chenille en détresse. Auparavant jamais il n’aurait cherché à élucider ses problèmes, il s’en serait moqué, comme du reste. Alors pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui s’était-il mis en tête d’aider cet individu qu’il connaissait à peine ? Dans quel but ?
Après le discours de l’insecte, le gland rétorqua : « Ta peur serait-elle plus grande que ton amour ? »
La chenille le regarda, interloqué. Pas une fois il n’avait pensé observer la question sous cet angle. Le gland poursuivit aussitôt : « Je t’aiderai ne t’inquiète pas. Je veillerai à ce que rien de fâcheux ne t’arrive. »
L’insecte plongea alors son regard dans ses yeux : « Tu en es sûr ?
- Je te promets que je ferai tout pour te protéger. »
C’est ainsi que nos deux compagnons se levèrent et partirent ensemble en direction du plus proche arbre où la chenille pourrait tisser son cocon.
A peine s’étaient-ils mis en route que l’insecte déclara : « Tu as raison : je l’aime à en mourir. »
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