Souffle Mots

Reconnaissance

21st novembre 2010

Reconnaissance

Salut,

Aujourd’hui Soufflemots a deux ans !! Déjà ! Et quand j’y repense, tellement de choses ont eut lieu en si peu de temps. Ce site a surtout bien progressé : 125 articles et 630 commentaires grâce à vous !

Je tiens alors à remercier plusieurs personnes qui toutes m’ont aidé à leur façon.

Tout d’abord ma famille, notamment mon père qui m’a crée ce site et m’aide lorsque j’ai quelques problèmes de gestion et surtout ma sœur qui, plus que de faire partie de ma vie est une part de ma vie et de moi même. Et ma mère aussi ! Pour sa patience…

Ensuite je tiens à remercier deux amies qui sont un peu comme des muses. Il y a Claire, pour tout ce qu’elle m’apporte, sa douceur, sa gentillesse, son altruisme. Merci de m’avoir fait découvrir Zweig, Rilke, Mann, Vian… ! Et il y a Marine R. pour son soutien, les souvenirs partagés, les livres prêtés !

Je dois bien entendu mentionner ma prof de français (de 2°), celle qui me suit depuis deux ans, et sans qui je n’aurai pas autant progressé.

Mais je ne dois surtout pas oublier mes fidèles lecteurs. Merci Julien ! Si presque tous mes articles ont au moins un commentaire c’est grâce à toi. Merci également à Jacky pour son soutien et ses encouragements qui enlève souvent bien des doutes ou craintes sur certains de mes poèmes. Puisque la littérature n’est pas qu’un échange entre auteur et lecteur, elle peut devenir un partage entre passionnés. Allez voir son site, les écrits et l’auteur en valent le détour !

Finalement merci à vous, lecteurs inconnus qui me permettez d’avoir environ par jour 30 visites!

Je vous présente aujourd’hui un poème que j’ai écrit pour le concours d’écriture organisé par mon lycée lors de la célébration de son centenaire. Merci à ma prof de français de m’y avoir fait participé ! J’ai gagné le 1° prix et je suis passée sur Nice Matin ! Le titre de ce poème pourrait également vous être adressé…

Bye et bonne lecture !

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Reconnaissance

Souviens toi de ces murs qui ont tout entendu
De l’écho de tes pas aux pulsions de ton cœur
Du zéphyr des secrets aux battements de l’heure…
Donnons aujourd’hui l’amour qui leur est dû.

Souviens toi du tableau, confident assidu,
Son crissement de craie, invisible reproche
Quand, semblable à l’oiseau, aux rêves du t’accroches.
Rendons aujourd’hui l’honneur qui lui est dû.

Souviens toi de ces feuilles, obsessions suspendues
Au ciel, zébrées parfois de fiévreuses blessures
Que l’encre seule apaise et nos tourments rassure.
Offrons aujourd’hui ces mots qui leur sont dû.

Oublie donc ces regards de détresse, qui blessent,
Tes yeux que des poignards limpides ont mutilés.
Suffit-il d’écrire pour apprendre à voler ?
Dans le dos la plume coud des feuilles d’ivresse.

Gardons les sourires qui font battre des ailes.
Je m’élève,
Vers celle qui brille dans nos yeux, l’étincelle
De l’élève.

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6th septembre 2010

La traversée des coeurs

Salut !

Voici un récit que j’ai écrit pour un concours sur le thème : « Égalité, justice et intégration en méditerranée et en Europe ». Ce texte m’a été inspiré par un évènement de mon voyage avec Students On Ice : pourrez-vous devinez lequel ?

Qu’en pensez-vous ?

En ce qui concerne l’Arctique, à partir du 15 septembre je pourrais vous présenter la lettre qui m’a permise de gagner le concours, mon journal de bord, les poèmes que j’ai écrits là-bas…plus tôt que prévu !!

Bye et bonne lecture.

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La traversée des cœurs.

L’espoir s’était échoué sur la grève.
Il avait la forme d’un cylindre de verre se resserrant à l’une de ses extrémités et fermé par un bouchon de liège. A l’intérieur se tenait enroulée une mince feuille de papier griffonnée. C’était une chance qu’elle ne fût point mouillée tandis que, coincée entre les galets, les vagues continuaient de la bercer.

Un peu plus loin en amont deux pieds blancs se tenaient fermement campés sur les rochers, immobiles bien que frissonnant sous le souffle du Mistral. A l’horizon le

http://www.flickr.com/people/14822602@N00

Soleil commençait à sombrer dans la mer, navire englouti sans bruit.
Mais comme un dernier appel au secours ses rayons s’égarèrent sur la bouteille, allumant dans les yeux du spectateur une lumière : l’espoir.

30 septembre à 18h,

C’était cette fois-ci ou jamais. Alors j’ai levé l’ancre vers l’inconnu pour ne plus être toute ma vie enchaîné à cette terre de guerre.
Ai-je eu raison ? N’était-ce pas trop ambitieux de ma part de croire que l’on peut affronter ses origines, défendre ses opinions sans avoir à en payer les conséquences ?
Il y a encore un mois j’étais en France, assis les mains tendues au milieu d’une rue pour survivre.
J’avais espéré qu’ils m’accueilleraient comme les leurs, que je pourrai trouver un logement, un petit emploi…mais l’espoir c’est comme les fleurs : un jour elles se fanent et lorsque l’on voit tomber les derniers pétales on sait qu’une nouvelle saison est arrivée. Quand je suis parti les feuilles étaient encore en feu mais pour moi c’était déjà l’hiver car je pouvais sentir autour la froideur des cœurs, glacés.
Peu leur importait si dans mon pays régnait la guerre civile, si je fus emprisonné pour avoir osé dire ce que je pensais, si je risquais la mort à chaque critique que je lançais : ils m’y renvoyaient.
Mais nous n’avons l’argent que pour une seule traversée de la Méditerranée…alors j’ai volé un bateau, un petit voilier.
Je ne pouvais plus supporter leurs regards, leurs injures.
Je suis noir, je suis étranger mais je suis également un Homme et là-bas c’était une autre souffrance qu’ils m’imposaient…morale.
A quoi bon demander le statut de réfugié politique si c’est pour avoir à subir tout cela ?
Le seul pays auquel je me sens appartenir aujourd’hui est la Méditerranée car quand je pleure elle tend ses mains pour récupérer mes larmes…

C’était une femme mince, élancée. Elle portait une robe courte dessinant ses formes et une ceinture de coquillage marquait sa taille. Ses pieds nus avançaient délicatement épousant les contours des roches comme l’eau parfois les habille. Dans la semi-pénombre deux yeux brillaient de curiosité : un diamant ? Non…mieux : une étoile venue de la mer.
Alors ses mains empoignèrent l’espoir.

4 octobre à 21h,

Perdu, je suis perdu. Je n’y connais rien en navigation, de lourds nuages masquent le ciel et je viens de terminer ma dernière bouteille d’eau. Ce soir peu m’importe l’argent : j’ai soif. J’ai bu quelques gorgées d’eau de mer mais cela n’a servi qu’à assécher ma gorge et à raviver les plaies de mes lèvres irritées par le froid.
Il ne me reste plus qu’à attendre que le vent se lève et m’emporte où bon lui semblera, n’importe quel pays de la Méditerranée ; il y aura de l’eau, il y a toujours de l’eau…et c’est bien cela qui nous unit…
Alors pour passer le temps je tire de ma sacoche un bout de papier, l’aplatis sur mes genoux, sors un stylo et commence à écrire :
« Si tu lis cette lettre, c’est que tu es mon frère…. »

La nuit était tombée dehors et une silhouette avait lentement quitté la crique pour se rapprocher d’un lampadaire un peu plus haut, soleil artificiel.
Elle avait ôter avec milles précautions le bouchon mais il s’était toutefois effrité et le vent l’avait éparpillé sur la grève.
Un morceau de corde entourait la lettre, elle le fit glisser avant de dérouler la feuille et de l’aplatir sur ses genoux.
Alors, prenant une grande inspiration elle livra à la nuit ces mots : « Si tu lis cette lettre c’est que tu es mon frère, lève la tête et regarde devant notre mère : la Méditerranée.
Ce soir quand j’écris la mer est noire, d’un noir d’encre, sourde colère. Elle attend, elle se prépare avant d’exploser…
Cette nuit je lance un appel au secours. Une tempête s’annonce mais je n’ai pas peur. En cet instant personne ne peut me secourir face au courroux de la Nature : qu’elle m’engloutisse si elle le veut ; quand je suis né je lui appartenait déjà.

http://commons.wikimedia.org/wiki/User:CaptainHaddock

Je devrais avoir de la haine au fond de moi car si j’en suis là ce soir c’est peut-être à cause de vous qui m’avez rejeté ou de cette folie qui m’a poussé à aller outre mon destin…cependant je ne ressens rien de tel, juste de la pitié.
Vous croyez tous que vous êtes différents de nous, vous dressez des frontières invisibles alors les Hommes sont les mêmes sur chaque versant des montagnes, vous divisez la mer comme si elle vous appartenait alors que pour moi, cette nuit, les seules murailles qui m’empêcheront d’avancer seront les vagues…
Vous n’avez pas encore compris que l’on vient tous de la mer : grands ou petits, hommes ou femmes, blancs ou noirs.
SI tu lis cette lettre c’est que tu es mon frère !
Peu m’importe si je ne revois plus la terre, je ne vous en voudrai pas, je n’aurai pas de regret…
J’ignore si j’arriverai à traverser la Méditerranée mais j’espère que j’aurai traversé votre cœur.
Cette mer n’est qu’un lien entre vos pays et si je parviens ce soir à toucher votre âme en tant qu’égal alors j’aurai réalisé la plus belle traversée : la traversée des cœurs. »
La jeune femme enroula de nouveau la lettre et descendit s’asseoir sur un rocher face à la mer et son infini horizon. Cette nuit elle ne pourrait plus dormir.
Les vagues venaient lécher ses pieds. Étaient-ils blancs ? Étaient-ils noirs ? Dans l’obscurité elle n’était plus qu’une ombre noire.
Elle resta là longtemps, les yeux dans le vague et lorsque le soleil resurgit de la mer comme un noyé qui recouvre la vie, un voilier sans mât s’approchait.
Quand il fut arrivé près de la grève la silhouette s’avança. Il y avait un homme à l’intérieur, elle ne connaissait pas sa nationalité ni son nom mais à présent cela lui était bien égal. Elle se mit à pleurer sans trop savoir pourquoi.
Penchée au dessus de lui une larme lui tomba sur le visage. Les yeux embués, ce n’est qu’après quelques minutes, alors qu’elle le croyait mort, qu’elle vit qu’il avait mis ses mains en coupe pour récupérer ses pleurs.
Puis il portait l’eau à ses lèvres et buvait.
La jeune femme sourit alors : « Bienvenue mon frère. »

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22nd août 2010

La contorsionniste de minuit

Salut !

Voici un sonnet écrit un soir chez moi (cela faisait un moment que j’avais pris l’habitude de sortir pour écrire…) après une déception à propos d’un autre poème dans l’après-midi. Celui-ci au contraire me plait bien, j’espère qu’il en sera de même pour vous.

Sinon me voilà de retour de l’Arctique, le paradis dans les yeux et la nostalgie au coeur…je vous ferai plus tard une partie spéciale où je vous mettrai tous ce qui concerne ce voyage…il faudra juste être patient !

Bye et bonne lecture.

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La contorsionniste de minuit

Belle. Elle voltigeait au milieu de la nuit
Dans un drap de brouillard lui tombant aux chevilles,
Voile de nuage dont la vile pluie
Dénudait les formes aux malices qui brillent.

http://www.cyberpresse.ca/

Gracieuse elle dansait, pétale dans le vent
Et son corps se mouvait au rythme des pulsions,
Des éclairs, tempête fouettant jusqu’au sang
Le ciel crépusculaire consumant les lampions.

Jeune danseuse étoile elle avait pour rivale
La Lune. Mais ses joues ardemment s’empourpraient
Quand la vierge des cieux demeurait blanche et pâle.

Spectacle à ciel ouvert, le public était près
D’elle. Et dans les regards la contorsionniste
Présageait que sa chair lui serait ravie. Triste.

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3rd août 2010

Fuite

Salut !

Je vous présente aujourd’hui un poème dont toute l’inspiration trouve sa source au premier hémistiche du premier vers. Cela faisait longtemps que cette phrase trainait dans mon esprit et un jour, poussée par un vif sentiment tout le poème m’est venu.

Je me suis attachée à faire des rimes en plus à la césure car étant surgit à peu près instinctivement dans le premier quatrain j’ai pensé que cela serait intéressant de le poursuivre sur tout le poème.

Sinon je voulais vous annoncer que je ne serai pas présente pendant 3 semaines et ne pourrais probablement pas répondre à vos commentaires. En fait début juin j’ai participé à un concours dans mon lycée où il fallait écrire une lettre ouverte sur le thème : « L’Arctique : une biodiversité menacée ? Ayant été sélectionnée avec une autre de mes camarades je pars en arctique du 4 au 21 avec l’organisation Student on Ice dans le cadre de l’année mondiale de la biodiversité !

Je vous montrerai bien sur ma lettre un peu plus tard…peut-être accompagné de mes propres photos pour une fois !

Bye et bonne lecture.

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Fuite

J’ai le cœur en fugue, enfuit aujourd’hui,

http://www.iwox.fr/?tag=sociologie

J’ai le cœur en fugue, séduit par la nuit.

Je ne sais qui je suis ni ce que je ressens

Mon esprit le poursuit mais il demeure absent.

J’ai le cœur en vrille, je ne suis qu’une fille

J’ai le cœur en vrille, au vent il éparpille

Le sable de douleur qu’une ardente frayeur

Extrait des profondeurs de mes yeux en pleurs.

J’ai le cœur en équilibre, il tangue et il vibre

J’ai le cœur en équilibre et s’il reste libre

C’est qu’il étend ses ailes et plane dans le ciel

Rêvant de l’éternel que l’inconnu recèle.

Mais dîtes-moi, ce soir pourquoi mon cœur chancelle…

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17th juillet 2010

L’aiguille

Salut !

Ça y est : l’année est terminée ! Je n’avais pas tellement envie que les cours se terminent car alors je vois au bout des vacances se dessiner le profil de la terminale et au dessus de nos esprits insouciant peser la crainte de l’orientation.

Dans les dernières semaines de cours, en français, nous avons écrit des poèmes en proses. Voici le mien, écrit en une petite heure.

Le bac de français c’est bien déroulé malgré un rhume durant l’écrit. J’ai obtenu 19 à l’écrit et 15 à l’oral !

Bye et bonne lecture.

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L’aiguille

La guerre est finie et te voici pourtant droite, posée sur ma paume ; blafarde, livide, affaiblie. Tu trembles. Chacun de tes pas sur ma plate Terre dépose une petite goutte de sang, souvenir d’un combat ardemment mené mais non point terminé.

Tu as tout donné, fragile femme, et tu es désormais condamnée à l’anorexie. Mes doigts même ne peuvent plus te saisir, ils tâtonnent dans le vide vers ton incarnation du désir quand ; solitaire, tu pars en quête de ton avenir pour trouver au bout du sentier, peut-être l’élévation de ta condition et l’espérance d’un autre devenir que celui d’objet aux mains des Hommes égoïstes.

Mais avant tout tu es larme de métal et ton visage toujours reflète quelques sanglots ; ceux des cœurs poignardés, ceux des amants repoussés ; ceux des enfants dont tu as violé la vierge peau ; ou les tiennes parfois, rouges, celles d’une dame obligée de présenter aux habiles et sensuelles mains un cœur de métal, effrayée que l’on ne te brise.

Et malgré tout tu brilles, surtout ton sourire et celui des Hommes qui te trouvent, nue, dans leur lit, arme de déduction, jouet de la passion. Tu aimes te faire belle et quand ils te touchent tu leur donnes des ailes.

Ne te laisse pas prendre dans les mailles du filet des conventions de notre société qui te craint, te rejette et t’enferme dans le rêve d’un idéal avorté. Souvent ta vie est jouée aux dés et ne tient qu’à un fil.

Un jour tu as piqué mon cœur et l’a entaché d’une vile passion. Je pleure et probablement l’ai-je mérité. Dans mes yeux tu brilles car dans ce monde je ne suis qu’une aiguille…

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30th juin 2010

Muse

Salut !

Il y a quelques semaines, avant d’aller en cours, vers les 6h du matin j’ai commencé un poème, je l’ai continué en cours de français alors qu’il fallait en écrire un autre…le voici. Dans ce poème j’ai l’impression de m’être ouverte à tous (tous ceux qui le liront bien sur). Heureusement que la versification permet à merveille de cacher la signification d’un texte…

J’aimerai beaucoup savoir ce que vous en pensez,

Bye et bonne lecture.

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Muse

Étrange sentiment, je ne veux te mentir :
Si la peur m’interdit de prononcer ton nom
Je ne peux te cacher, indécente émotion,
Et mon cœur vibre de l’audacieux désir
De t’écrire.

J’ignore où tu m’emmènes, je ne sais que faire,
Perdue dans les méandres du subconscient
J’aspire à posséder un regard omniscient
Pour goûter à ta saveur. L’envie qui se terre
Je dois taire.

Répudié de mon cœur si tu transparaissais :
Raison, de me émotions serais-tu le juge ?
Et ces vers, de tes yeux mon dernier refuge ?
Pourrai-je te masquer, te voiler, te renier…
…Sans crier ?

Où sont tes limites, affection grandissante ?
Du discernement mon esprit oublie le sens :
Normal…ou singulier ? Cœur, ta troublante danse
M’effraie. Muse, tel un ange, ma plume aimante
Tu hantes.

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16th juin 2010

Clair de paix

Salut !

Voici un poème écrit il y a un peu plus d’un mois dans le cadre de l’UNESCO sur le thème de la paix.

La présentation change un peu de l’ordinaire, j’espère qu’elle vous plaira (et surtout le texte…).

Bye et bonne lecture.

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1st juin 2010

Quand brillera l’obscurité (3/3)

Salut!

Voici la fin du conte que j’ai commencé à vous présenter il y a quelques semaines.

J’ai pris beaucoup de temps à trouver une fin à cette histoire et j’en suis assez contente.

J’espère qu’elle vous plaira et n’hésitez surtout pas à me dire ce que vous en pensez (en bien ou en mal !).

Bye et bonne lecture.

Quand brillera l’obscurité (1/3)

Quand brillera l’obscurité (2/3)

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Quand brillera l’obscurité (3/3)

Le ciel ce soir était rouge, assassiné par le Soleil ; les rues se désertaient petit à petit, les passants se pressaient tandis que le vent se glaçait et Lanterne, comme chaque fois à cette heure, se recroquevillait un peu plus dans son alcôve tout en resserrant sa couverture autour de lui.
S’il supportait encore cette position humiliante et inconfortable c’est qu’il savait que dans peu de temps, s’il le désirait, s’il en sentait le besoin inexpliqué, il pourrait parler à la nuit ; ou du moins l’espérait-il…
L’enfant commençait à fermer les yeux, paisible, attendant simplement de sentir autour de lui la douce et rassurante présence de la nuit quand une voix suivit de gloussements le firent sursauter :
«Regardez ! Pauvre petit, il est tout seul, il a froid.»
Un garçon à peine plus âgé que Lanterne se tenait en face de lui, entouré de quelques camarades, unis dans la haine et le plaisir de blesser. Son ton était empli de mépris.
«Ma mère me dit toujours de me méfier des clochards et de les éviter, qu’ils étaient tous des garnements et ne sont bons qu’à chaparder. Tu les as volé  à qui ces pièces petit voyou ?»
Lanterne se taisait, il fixait ses mains serrées entre ses genoux pour conserver un peu de chaleur.
«T’as perdu ta langue alors ! Regardez tous il a peur !»
Des rires, durs, coupants, blessants…
Ils se rapprochèrent, resserrant le cercle.
«Dîtes, et si on lui prenait ses pièces ? Elles te servent à rien, bouffon ?»
Lanterne tremblait. Il n’osait pas relever la tête. C’était la première fois que la nuit et la solitude qu’elle apportait l’effrayait.
«Non, j’ai encore mieux, rétorqua un de ses acolytes, faut lui faire comprendre à ce voyou qu’on en a marre de voir tous les jours sa tête de con dans la rue.»
L’enfant se crispa. Il ferma les yeux.
«Lanterne, pourquoi te caches-tu ? »
C’était le crépuscule et la voix de Nuit n’était que très faible.
«Je ne me caches pas…
- Alors explique-moi ces mains devant ton regard.»
Mais comme Lanterne ne répondait pas la nuit poursuivit :
«Je ne vois plus la lumière de tes beaux yeux noirs.
- Mais Nuit, j’ai peur et j’ai mal, non pas au corps mais à l’âme.»
Le temps s’était comme suspendu, dilaté. Tout peut arriver quand le Jour rencontre la Nuit…
«Sais-tu pourquoi je n’ai plus peur du noir ?
- Non, répondit l’enfant sans chercher à réfléchir.
- Parce qu’au lieu de voir l’obscurité, j’essaie de ne percevoir que l’éclat de ton cœur et de tous ceux dont tu m’a révélé l’existence.»
Un silence. Une inspiration.
«Lanterne, tu m’as aidé et tu m’as ouvert les yeux, tu t’es intéressé à moi alors que tous me fuient et me redoutent. Je n’ai pas les moyens de te rendre riche ou de remédier à ta condition de dos-au-mur mais je puis au moins t’apporter mon amitié. Fais moi confiance et ôte ton masque.»
Un coup de pieds dans le genou.
«Nuit, j’ai peur.»
Un coup de poing dans le ventre.
«Enlève tes mains de devant ton visage.»
D’une poigne quelqu’un agrippa ses cheveux.
«Nuit, j’ai mal.»
Son corps plaqué contre le mur. Sa respiration qui s’accélère.
«Ouvre les yeux !»
Alors Lanterne poussa la porte de la cage dans laquelle il était emprisonné, cette cage de peur, de solitude et de souffrance.
Alors Lanterne put rayonner, comme Lautre il y a très longtemps car il était désormais libre, libre d’exprimer sans peur ce rêve universel qui brillait en lui et en chacun, un rêve d’amour, de paix et de fraternité.
Pour la première fois Lanterne quitta son mur et il se dressa droit, au milieu de la ruelle.
Le jour s’était éteint mais, au grand bonheur de Nuit, la pénombre s’était dissipé tandis même que les étoiles continuaient de briller dans le ciel : l’enfant parlait et de nouveau il espérait :
«Je m’appelle Lanterne, je suis dos-au-mur…»
Les garçons qui l’entouraient s’étaient masqués le visage, aveuglés par la clarté des yeux de l’enfant.
«Je m’appelle Lanterne et je refuse ce soir que l’on obscurcisse le jour…»
Petit à petit le groupe reculait, tête baissée.
«C’est grâce à toi, Nuit, si ce soir j’existe. Tu m’as donné un nom, un but et l’envie de vivre…»
Les garçons s’étaient enfuis, emportant l’ombre de leur cœur.
Seul subsistait l’enfant, immobile, les yeux tournés vers le ciel :
«Je m’appelle Lanterne mais aujourd’hui, pour toi, je serai Lautre.»
Soudain dans la nuit une étoile filante traversa le ciel, s’alluma, brilla puis mourut…
«Nuit, tu pleures ?
- Oui, mais c’est de joie.»
Rien n’est plus beau que le sourire d’une personne qui nous est chère.

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