Luciole (1° partie).
Salut !
Aujourd’hui je vous présente le début d’une histoire que j’ai écrite durant les vacances (vous savez, celle qui m’a pris des semaines à corriger…). Elle se décomposera en dix parties je pense. Ce qui est bizarre c’est que, comme presque tous mes textes, je ne me souviens pas comment l’idée m’est venue; probablement grâce aux vacances chez ma tante en Bretagne. Mais c’est comme essayer de ce souvenir de ce que l’on voulait dire avant de l’oublier, je tente toujours de remonter à la source des idées mais n’y parviens jamais. C’est gênant parce que quand je veux inventer d’autres histoires je ne sais pas d’où partir…
Normalement je vous avais dit que je voulais auparavant vous donnez l’épilogue du conte Le gland qui voulait devenir grand mais je n’ai pas eu la force de l’écrire ces derniers temps, ma plume voyageant dans d’autres contrées. Néanmoins je pense le faire un moment, mon père me le réclamant bien souvent
Avant de vous poster ce récit je l’ai montrer à ma prof de français et elle m’a dit qu’il faudrait mieux rajouter une prolepse (et je l’en remercie). C’est pourquoi après avoir suivis ses conseils je peux vous la présenter
Bye et bonne lecture.
1- Première partie 6- Sixième partie
2- Deuxième partie 7- Septième partie
3- Troisième partie 8- Huitième partie
4- Quatrième partie 9- Neuvième partie
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Luciole.
Pas un bruit. Pas un mot. Juste mon bateau sur le bord de la plage.
Je n’attends pas qu’il s’arrête et saute dans l’eau. Le froid m’agrippe mais je résiste et commence à courir sur la grève.
Lentement le brouillard m’entoure et à chaque expiration de la buée se forme devant moi. Pourtant mon esprit est très clair.
Je pousse la porte.
Soudain telle une vague tous les souvenirs refluent et me submergent. Tandis que mon regard balaie la pièce ma mémoire fait marche arrière. Inconsciemment je remonte les jours, les mois et les années…cela fait si longtemps que je ne suis pas venu ici.
Petit à petit les brides du passé se reconstituent et m’entraînent avec elles.
J’ai néanmoins le temps de l’apercevoir. Elle est assise à la même place que d’habitude et j’ai l’impression que rien n’a changé.
Je lui souris.
« Luciole… »
« Si tu étais un objet que serais-tu ? » Avait demandé la maîtresse. Sans hésitation j’avais répondu : « Une lampe. »
Je m’appelle Erwan et je suis gardien de phare. J’ai commencé ce métier il y a quinze ans; j’avais alors dix-neuf ans. A cet âge là on ne pense normalement qu’à sortir avec les filles et à s’amuser, mais j’étais différent. Et à cet âge là, les autres ne comprennent pas que l’on puisse être différent…
Le phare qui m’a été affecté est situé sur une presqu’île de Bretagne et je l’ai alors nommé Etoile. Il est magnifique, tout en pierre avec une petite porte rouge. Il fait vingt mètres de hauts et se termine par une coupole de verre dans laquelle est située une lanterne dont la lumière éclaire les alentours à des kilomètres.
J’habite au rez-de-chaussé avec Lucie mais nous avons deux chambres à part. Un jour Lucie m’a posé une question : « Si je te disais que ce soir tu dois quitter le phare, m’écouterais-tu ? »
Je ne me souviens plus si je lui ai répondu, la réponse était tellement évidente : Jamais.
Jamais je ne quitterai mon Etoile. Les dures journées à essayer de réparer une fenêtre pour qu’elle se brise de nouveau le lendemain, les heures passées à entretenir l’optique, à surveiller l’horizon, le rituel d’allumer le feu, le bruit des vagues qui s’éclatent contre la pierre, l’inquiétude devant la tempête, les soirs d’été à lire face à la mer…c’est ma vie !
Mettez moi ne serait-ce qu’une semaine à Paris et je me jette dans la Seine. Certains disent que je suis fou, mais pas Lucie car même si elle n’est pas comme moi elle me comprend.
Lucie c’est ma coéquipière depuis quatorze ans. Je l’appelle souvent Luciole car elle illumine ma vie. Elle est toute petite, 1 mètre 55, mais elle a un doux visage, un sourire rayonnant, des yeux couleur océan et de longs cheveux noirs bouclés qui roulent sur ses épaules tels des vagues.
Parfois on dirait une enfant pourtant elle a trois ans de plus que moi et un fort caractère. Depuis que je la connais je ne l’ai jamais vu énervée. Quand quelque chose ne lui convient pas elle le dit et il y a tellement de fermeté et d’assurance dans sa voix que je l’ai toujours écouté…ou alors c’est que je n’arrive pas à lui dire « non ».
Vous comprenez je l’aime. Bien sur elle ne le sait pas et elle ne le saura jamais. C’est un secret entre moi, mon phare et l’océan.
Parfois je parle d’elle à la mer et elle ne s’en doute pas, elle voit juste un homme assis au bord de la grêve. Je lui parle de ses petites mains qui m’effleurent de temps à autres sans le vouloir et de son rire cristallin lorque je m’arrête net trop surpris. Cela fait quatorze ans que l’on vit ensemble, quatorze ans que je l’aime et malgré ces quatorze ans je ne me suis toujours pas habitué à son touché. Quand je travaille tard le soir et qu’elle m’attrape le bras pour m’inciter à aller me reposer dans ma chambre, elle se retrouve à moins de dix centimètres de moi et je ne peux pas m’empêcher de la fixer bêtement. Heureusement ça ne dure pas très longtemps, du moins pas assez pour qu’elle ne comprenne.
Parfois je me demande : « Et si je devais choisir entre elle et Etoile ? » Mais je n’ai jamais eu à choisir et c’est mieux comme ça.
Tandis que je réfléchis à ma vie, le soleil décline à l’horizon et je suis adossé à la petite porte rouge du phare. Lucie dort, elle a eu une journée éprouvante, moi aussi. C’est l’été et les tempêtes se font rares. On n’en profite alors pour remettre le phare à neuf. Aujourd’hui j’ai repeins la porte et Luciole est allée faire des courses. On a toujours vécu chacun de notre côté, c’est peut être pour ça qu’elle n’a jamais rien remarqué. Je secoue vigoureusement ma tête: « Arrête de penser à elle ça ne sert à rien. » Je lève alors les yeux et mon regard se perd à l’horizon. L’herbe verte, les galets et l’ infiniment bleu… C’est beau la mer, en fonction du moment de la journée elle n’a pas la même couleur.
Mes paupières commencent à se fermer, je suis si fatigué. « J’aimerais bien regarder un coucher de soleil avec Lucie… » Mais dans mon esprit la nuit se fait et je m’endors.
Soudain je me réveille en sursaut : des pas. C’est vrai, quand on dort à la belle étoile ce n’est pas les bruits qui manquent. Seulement je les connais tous : le lent reflux des vagues sur les graviers, le chant des grillons, le cri des oiseaux, le vent dans les feuilles des arbres, ou le grincement des volets. Il y en a une multitude et tous me sont familiers. A vrai dire ce n’est que ce son me soit inconnu, je l’entends tous les jours. Disons plutôt qu’il ne devrait pas être là à une heure du matin. Je me lève sans plus attendre et me dirige vers l’origine du bruit.
Je n’y crois pas. Je dois rêver. Je me frotte les yeux. Mais c’est bien vrai, l’enfant est toujours là étendu sur le sol. Il fait nuit et je n’y vois pas grand chose. Néanmoins je sais qu’il n’a pas plus de six ans: il est tellement petit. Je suppose également que c’est un garçon, il a les cheveux courts.
Mon coeur se met à battre très vite et très fort et je fais des efforts pour ne pas trembler. Est-ce cet enfant qui m’effraie ? Ou est-ce « Pourquoi cet enfant est là » qui m’effraie ?
J’avance lentement vers lui sans faire le moindre bruit. C’est stupide je devrais courir mais je n’y arrive pas : j’ai peur.
Alors que je me rapproche je le distingue mieux. Il a les vêtements mouillés en certains endroits et des griffures sur le bras droit. Elles sont récentes, quelques heures tout au plus. Il grelotte et ses dents s’entrechoquent mais il n’a visiblement pas la force de se rouler en boule. Ses pieds nus sont boursouflés et coupés en de nombreux endroits.
Tandis que je m’accroupis à ses côtés je remarque qu’il a les yeux rouges et que ses joues sont humides.
« Pourquoi pleures-tu ? » Cette question est inutile me dis-je : il a mal, il a faim, il a froid, il est fatigué, il est seul et il est triste. Mais j’ai besoin de lui parler. « Ne t’inquiètes pas gamin. » Je passe ma main sous sa tête brulante puis le prends dans mes bras.
Et vous savez, il s’est accroché à moi.
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