Luciole (8°partie).
Salut !
Une courte semaine que je suis en vacances ! Ca fait du bien… Ce week end je pars au ski 4 jours avec mon père, je vais pouvoir, comme chaque année, m’émerveiller devant la neige…
Je vous présente aujourd’hui la 8° partie de Luciole. Je viens de remarquer qu’il n’y en aura pas dix mais neuf, c’est donc l’avant-dernière !
La première photo que j’ai utilisée provient du site d’un photographe.
N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Bye et bonne lecture.
1- Première partie 6- Sixième partie
2- Deuxième partie 7- Septième partie
3- Troisième partie 8- Huitième partie
4- Quatrième partie 9- Neuvième partie
____________________________________________________________
Luciole
La porte claque. Je me retourne. Il doit être trois heures du matin mais un enfant est là, debout sur le seuil. Personne ne le remarque à part moi :
« Qu’est-ce que tu fais ici gamin ? »
Il ressemble à un ange avec ses cheveux blonds en broussaille et son regard suppliant; c’est l’innocence même.
Pourtant il a les yeux rouges d’avoir trop pleuré; les anges ne devraient pas pleurer.
« Papa…Je veux mon Papa… »
De petites larmes roulent le long de ses joues.
« Il n’est pas là ton Papa. »
Ses sanglots redoublent.
« Il m’a dit qu’il rentrerait pas tard, qu’il prendrait juste un verre. J’ai peur tout seul à la maison. Papa… »
Il est droit, ses petits poings serrés contre ses cuisses. « Reviens… »
Les personnes nous fixent moi et l’enfant, mais surtout l’enfant.
« Papa ! » Il hurle littéralement et ses larmes s’écrasent au sol. Son regard est levé vers le plafond comme si ce dernier pouvait entendre sa complainte. Une voix retentit au fond de la salle :
« Eh môme dégage ! On n’veut pas de toi ici, tu nous fais chier avec tes jérémiades ! »
Je reconnais la voix de Steve. Certains l’imitent. « Va-t-en ! » , « Fous le camp ! »
Les pleurs de l’enfant augmentent.
Soudain j’ai un haut le coeur. Je me lève en vitesse. Trop vite. La pièce se met à tourner et un instant je vois noir. Je me dirige vers les toilettes et le petit me suit je ne sais pas pourquoi.
Tout à coup une main m’arrête, c’est Steve.
« Tire toi du milieu que je fasse regretter au gamin d’être venu nous emmerder. »
Je le regarde, je ne comprends pas ce qu’il dit. Comment me suis-je retrouvé entre lui et l’enfant ?
J’ai envie de vomir et j’ai l’impression qu’un marteau tambourine dans ma tête sans relâche.
Ce n’est pas la première fois que Steve est brutal et agressif pourtant il n’a jamais menacé de frapper un enfant.
Le petit pleure toujours mais ce n’est pas lui que j’entends, c’est les autres.
« Fous le dehors ! »
« Le protège pas ou c’est toi qui prends ! »
« Mais faîtes le taire ! »
Toutes ces voix dans ma tête…
« Frappe le ! »
…inhumaines…
« Oh, le chialeur ! »
…qui s’insinuent…
Steve m’agrippe par le col.
« Dégage du milieu. T’as pas intérêt à ce que je te le dise une troisième fois. » Je tremble.
Sa voix est calme, effrayante…autoritaire…
Je ne sais plus où je suis, ce que je dois faire.
Et cet enfant qui pleure derrière moi, qui me donne mal à la tête. Ces voix, ces menaces…je me sens si faible.
Je m’écarte.
Ils sont bien trente à attendre devant le portail de l’école. La plupart sont en groupe, ils rient et s’échangent des cartes ou des billes.
Je suis dans un coin à l’angle de la rue principale et je les observe. Je n’aurais jamais cru le dire un jour mais j’attends le mien.
Parmi la foule des écoliers agglutinés sur le trottoir je cherche un enfant seul et en retrait, mais je ne le trouve pas. J’ai du mal à discerner leur visage et il en arrive de toute part.
Lucie est près de moi et guette Mikaël des yeux. Cependant même si nous sommes deux c’est comme chercher une aiguille dans une motte de foin.
Tout à coup tous les regards se tournent vers la cour de l’école et le concierge arrive clef à la main.
Il ouvre le portail et les élèves s’engouffrent à l’intérieur tel un troupeau de moutons. Moins d’une minute plus tard il ne reste plus un enfant sur le trottoir .
Je m’assieds sur une marche, triste.
« Il est peut-être en retard, attendons encore. »
Lucie a toujours été pleine d’espoir et il suffit de voir son sourire confiant pour être rassuré.
Pourtant là je n’y crois pas. Quelque écoliers pénètrent encore dans l’école mais aucun n’a le visage de Mika.
Cinq minutes plus tard quand le concierge revient fermer les portes, je ne bouge pas.
« Allez Erwan, on reviendra demain. T’en fait pas. »
Je regarde Lucie.
« C’est bien toi qui m’a dit ça : Si on ne fait rien, un jour sa mère le tuera. » Elle acquiesce.
« Et si « un jour » c’était demain ? S’il n’est plus là quand on revient ? » J’ai les larmes aux yeux et la gorge nouée. Lentement les souvenirs refluent.
« On pourra alors se dire qu’on aura fait le maximum. »
Je secoue la tête :
« Non, j’aurais pu faire plus. J’aurais pu venir au village dès son premier jour d’hôpital. J’aurais pu… »
J’aurais pu éviter tout ça. J’aurais pu ne pas m’écarter, avoir du courage pour une fois.
Mais je n’ai rien dit, j’ai laissé Steve le tabasser. Il l’a frappé jusqu’au sang et à chaque coup je me disais cette même phrase : « C’est ma faute. C’est ma faute. C’est ma faute ! »
Pourtant je ne l’en ai pas empêché. J’ai regardé. Et quand Steve en a eu fini et qu’il l’a balancé dehors dans la nuit froide, je n’ai pas bougé.
Je n’ai pas appelé d’ambulance, je n’ai même pas été le voir.
Ils avaient tous leur regard sur moi, ces regards qui te disent « Si t’appelles les flics, t’es mort. »
J’ai été faible, je les ai écoutés. Pourquoi ?
La seule chose que j’ai faite c’est vomir au milieu du bar et ça n’a pas sauvé l’enfant.
Le lendemain quand un passant l’a retrouvé au bord de la route, c’était trop tard.
« Papa ! » Je me retourne. C’est stupide je sais je n’ai aucun fils. Vous avez déjà vécu ça je pense : quelqu’un crie votre nom dans la rue, ce n’est pas le votre mais vous vous retournez. Là c’est pareil.
Des chaussures martèlent le sol tel mon coeur martèle ma poitrine. Mais Mika ne parle pas, c’est impossible que ce soit lui.
Soudain je suis propulsé par terre et des bras d’enfant viennent s’enrouler autour de mon cou.
Je n’ai plus de doute. Je ris.
« Mika… »
Je le serre contre moi.
« Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt, mais tu comprends je pense. » Il cligne des yeux.
Il a beau savoir parlé ce n’est pas pour autant qu’il va se lancer dans une grande discussion. Je le prends dans mes bras et me lève.
Alors que je commence à remonter la rue Lucie me rejoint en courant.
« Que fais-tu ? » Je lui souris mystérieusement.
« Faire ce que j’aurais dû faire depuis longtemps. »
posted on février 26th, 2009 at 18 h 40 min
posted on mars 1st, 2009 at 16 h 29 min
posted on juin 21st, 2009 at 14 h 34 min
posted on juin 22nd, 2009 at 7 h 38 min