Quand brillera l’obscurité (3/3)
Salut!
Voici la fin du conte que j’ai commencé à vous présenter il y a quelques semaines.
J’ai pris beaucoup de temps à trouver une fin à cette histoire et j’en suis assez contente.
J’espère qu’elle vous plaira et n’hésitez surtout pas à me dire ce que vous en pensez (en bien ou en mal !).
Bye et bonne lecture.
Quand brillera l’obscurité (1/3)
Quand brillera l’obscurité (2/3)
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Quand brillera l’obscurité (3/3)
Le ciel ce soir était rouge, assassiné par le Soleil ; les rues se désertaient petit à petit, les passants se pressaient tandis que le vent se glaçait et Lanterne, comme chaque fois à cette heure, se recroquevillait un peu plus dans son alcôve tout en resserrant sa couverture autour de lui.
S’il supportait encore cette position humiliante et inconfortable c’est qu’il savait que dans peu de temps, s’il le désirait, s’il en sentait le besoin inexpliqué, il pourrait parler à la nuit ; ou du moins l’espérait-il…
L’enfant commençait à fermer les yeux, paisible, attendant simplement de sentir autour de lui la douce et rassurante présence de la nuit quand une voix suivit de gloussements le firent sursauter :
«Regardez ! Pauvre petit, il est tout seul, il a froid.»
Un garçon à peine plus âgé que Lanterne se tenait en face de lui, entouré de quelques camarades, unis dans la haine et le plaisir de blesser. Son ton était empli de mépris.
«Ma mère me dit toujours de me méfier des clochards et de les éviter, qu’ils étaient tous des garnements et ne sont bons qu’à chaparder. Tu les as volé à qui ces pièces petit voyou ?»
Lanterne se taisait, il fixait ses mains serrées entre ses genoux pour conserver un peu de chaleur.
«T’as perdu ta langue alors ! Regardez tous il a peur !»
Des rires, durs, coupants, blessants…
Ils se rapprochèrent, resserrant le cercle.
«Dîtes, et si on lui prenait ses pièces ? Elles te servent à rien, bouffon ?»
Lanterne tremblait. Il n’osait pas relever la tête. C’était la première fois que la nuit et la solitude qu’elle apportait l’effrayait.
«Non, j’ai encore mieux, rétorqua un de ses acolytes, faut lui faire comprendre à ce voyou qu’on en a marre de voir tous les jours sa tête de con dans la rue.»
L’enfant se crispa. Il ferma les yeux.
«Lanterne, pourquoi te caches-tu ? »
C’était le crépuscule et la voix de Nuit n’était que très faible.
«Je ne me caches pas…
- Alors explique-moi ces mains devant ton regard.»
Mais comme Lanterne ne répondait pas la nuit poursuivit :
«Je ne vois plus la lumière de tes beaux yeux noirs.
- Mais Nuit, j’ai peur et j’ai mal, non pas au corps mais à l’âme.»
Le temps s’était comme suspendu, dilaté. Tout peut arriver quand le Jour rencontre la Nuit…
«Sais-tu pourquoi je n’ai plus peur du noir ?
- Non, répondit l’enfant sans chercher à réfléchir.
- Parce qu’au lieu de voir l’obscurité, j’essaie de ne percevoir que l’éclat de ton cœur et de tous ceux dont tu m’a révélé l’existence.»
Un silence. Une inspiration.
«Lanterne, tu m’as aidé et tu m’as ouvert les yeux, tu t’es intéressé à moi alors que tous me fuient et me redoutent. Je n’ai pas les moyens de te rendre riche ou de remédier à ta condition de dos-au-mur mais je puis au moins t’apporter mon amitié. Fais moi confiance et ôte ton masque.»
Un coup de pieds dans le genou.
«Nuit, j’ai peur.»
Un coup de poing dans le ventre.
«Enlève tes mains de devant ton visage.»
D’une poigne quelqu’un agrippa ses cheveux.
«Nuit, j’ai mal.»
Son corps plaqué contre le mur. Sa respiration qui s’accélère.
«Ouvre les yeux !»
Alors Lanterne poussa la porte de la cage dans laquelle il était emprisonné, cette cage de peur, de solitude et de souffrance.
Alors Lanterne put rayonner, comme Lautre il y a très longtemps car il était désormais libre, libre d’exprimer sans peur ce rêve universel qui brillait en lui et en chacun, un rêve d’amour, de paix et de fraternité.
Pour la première fois Lanterne quitta son mur et il se dressa droit, au milieu de la ruelle.
Le jour s’était éteint mais, au grand bonheur de Nuit, la pénombre s’était dissipé tandis même que les étoiles continuaient de briller dans le ciel : l’enfant parlait et de nouveau il espérait :
«Je m’appelle Lanterne, je suis dos-au-mur…»
Les garçons qui l’entouraient s’étaient masqués le visage, aveuglés par la clarté des yeux de l’enfant.
«Je m’appelle Lanterne et je refuse ce soir que l’on obscurcisse le jour…»
Petit à petit le groupe reculait, tête baissée.
«C’est grâce à toi, Nuit, si ce soir j’existe. Tu m’as donné un nom, un but et l’envie de vivre…»
Les garçons s’étaient enfuis, emportant l’ombre de leur cœur.
Seul subsistait l’enfant, immobile, les yeux tournés vers le ciel :
«Je m’appelle Lanterne mais aujourd’hui, pour toi, je serai Lautre.»
Soudain dans la nuit une étoile filante traversa le ciel, s’alluma, brilla puis mourut…
«Nuit, tu pleures ?
- Oui, mais c’est de joie.»
Rien n’est plus beau que le sourire d’une personne qui nous est chère.
posted on juin 3rd, 2010 at 11 h 15 min
posted on juin 21st, 2010 at 20 h 56 min
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