Souffle Mots

Vent divin

17th mars 2010

Vent divin

Salut,

Je vous présente aujourd’hui une nouvelle que je voulais tout d’abord écrire pour un concours sur le thème des insectes mais je crois que j’ai un peu dérivé. L’idée m’est venue avec une image, toutes ces lignes sont là pour la décrire.

Quand j’ai écrit j’étais en train de lire La Condition Humaine de Malraux, je ne sais pas si on peut dire que cela m’a un peu inspiré…

Surtout n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Bye et bonne lecture.

 

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Vent divin

 

     Dans l’obscurité de la pièce immobile un cœur battait. Fébrile, ténu, bien que vivant; à peine une légère vibration dans l’immensité. Nul ne savait que cette âme existait, mais bientôt ils le sauraient…

 

     Un dernier signe de la main. Le dos droit, le menton haut, il ne tremblait pas. Il aurait préféré. Son corps tout entier n’était que résignation et soumission. Sur son visage ne subsistait aucun signe d’espoir, même pas un peu de tristesse dans laquelle il aurait pu puiser quelques forces. Son regard était vide, pas une larme ne perlait au coin de ses yeux. Pour se protéger il avait banni tout sentiment, toute haine; écarté ses souvenirs, ses projets.

Cependant il continuait de fixer le général devant lui qui lui faisait signe d’entrer dans l’avion : il n’était plus qu’un insecte pris au piège dans la toile de l’État.

 

     Un cœur souffrait , blessé par sa solitude. Un corps gémissait, déchiré par l’adversité. Le papillon rampa jusqu’au bord du meuble, traînant avec lui son aile fragilisée.

Arrivé au rebord de vette falaise, l’insecte rassembla tout le courage qu’il possédait, se redressa et sauta.

La journée bientôt touchait à sa fin.

 

     Il venait d’être majeur, il n’avait encore jamais eu de petite amie; mais il savait piloter le DI-115. Il s’assit dans le cockpit, alluma le moteur. Un agent de l’État entra, lui transmit les mises à jour des coordonnées du bateau, repartit.

Le jeune homme ferma les yeux. Il était fatigué, il n’avait pas dormi de la nuit. Il avait voulu vivre jusqu’à la dernière minute, courir dans les champs comme lorsqu’il était petit pour attraper les papillons.

Le matin se levait lorsqu’il démarra. L’avion fut pris d’une secousse et partit à toute allure.

Un papillon s’envolait.

     Ses ailes frappaient l’air mais il continuait à chuter. Il ne contrôlait plus ses mouvements et le sol se rapprochait. Une lumière venait de s’allumer brutalement au dessus de lui, l’aveuglant momentanément.

L’insecte n’était plus qu’une toupie, fendant l’air et le temps, un danseur aux couleurs de la nuit tentant un dernier saut périlleux.

 

     La machine filait vers le navire, immense sur l’eau; elle ne formait plus qu’un avec son pilote. Soudain le jeune homme baissa la manette de commande et l’avion piqua du nez. En quelques secondes il se transforma en torpille, châtiment divin tombant du ciel, guidé par un ange déchu. Tout autour du DI-115 l’air vibrait; était-ce pour cette raison que son pilote tremblait tout à coup ?

Un avion s’écrasa sur sa cible et sur la piste de décollage tous applaudirent.

Une larme tomba dans l’océan et une centaine d’autres déjà sacrifiées l’accueillirent.

 

     «Maman, regarde ! J’ai attrapé un papillon !»

Au milieu de la pièce, au creux des mains d’un enfant, le cœur d’un éphémère battait.

 

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21st novembre 2009

De chaque côté du nuage.

Salut,

Aujourd’hui Souffle Mots fête ses deux ans !! Merci lecteurs et lectrices de faire vivre ces mots, de donner un corps à l’imagination et une vie à ce site !

Je vous présente alors un texte qui d’après moi n’est pas vraiment une nouvelle mais je ne savais pas comment le caractériser.

Bye et bonne lecture,

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De chaque côté du nuage.

 

    "Vole !" Un bras ganté se lève vers le ciel gris tandis que la liberté desserre ses griffes. Une femme court, ses cheveux dansent dans le vent qui lui fait front et ses yeux brillent à la lueur des feux.

La campagne est muette et la nuit sourde. Seuls résonnent et se font écho les pas d’un dresseur et les battements d’ailes d’un cœur.

Tous les regards sont fixés sur ce nuage blanc filant dans les airs, portés par les courants de violentes passions. Quelle est ta destination ?

La jeune femme ralentit sa course avant de retourner vers sa ville et que les portes ne se referment derrière elle.

« Ami, à tes serres mon esprit est suspendu. Veille sur lui. »


     Une blanche bombe plonge vers le sol. Un sombre missile file vers elle. Tout se renverse, s’inverse. La neige des consciences se teint soudain de rouge ; une feuille couverte de givre se consume devant,t le feu de la haine ; une colombe vient mourir au seuil de la guerre. Le blanc projectile vrille, une aile repliée. A sa patte une lettre tremble, tâchées de gouttelettes de sang.


     « Cessez le feu ! » Une main se dresse et le silence surgit, cruel. Un homme s’avance lentement tandis que la poussière retombe.

Une cape le cache des regards, manteau de méfiance qui tourbillonne et déchire l’air. Dans chaque ville un cœur bat à la cadence des coup de feu. Une guerre pourrait-elle commencer à cause d’un simple malentendu des âmes ?

Le commandant s’accroupit auprès de ce drapeau blanc et rouge et dénoue la lettre. Des dizaines d’yeux le fixent, des dizaines d’oreilles l’écoutent mais les quelques mots écrits sur le papier ne peuvent parler qu’à lui :

« Arrête…je t’aime. »

Les larmes ruissellent dans le secret de la nuit, emportant avec elle la haine pour ne laisser aux yeux que le reflet d’un rougeoiement éternel.

A l’horizon, d’une ville en ruine s’élèvent de mortelles et ardentes flammes.

 

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2nd juillet 2009

Sursauts

Salut !

Cette semaine j’ai participé avec ma soeur à la bourse aux livres du collège (même si on est au lycée…) et bien que c’était considéré comme un travail je me suis amusée. J’ai également été voir un spectacle de cirque présenté par des jeunes. J’étais ébahie et je trouve que cela prouve bien qu’avec un peu persévérance on arrive à tout.

Sinon aujourd’hui je vous présente une nouvelle très courte. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et à critiquer…

Bye et bonne lecture.

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Sursauts.

 

    Une voix. Un appel. Brutalement je me retournai.

Il courut vers moi et je reculai à pas lent. Tout autour le monde s’effaça comme sous l’action d’une puissante déflagration et il ne resta plus que nous deux, êtres en perdition dans un univers sans fin.

En quelques foulées il m’eût rejoint mais je continuai inexorablement de faire marche arrière tandis qu’il avançait tout doucement avec la plus grande précaution.

Sa bouche remuait mais aucun son ne me parvenait, se perdant dans le néant. Je n’entendais que le martelement de mon coeur, puissant, rapide, douloureux, qui s’était emballé pour le simple fait, pour l’unique raison, pour le phénomène sans explication que j’aimais.

Mon corps tremblait comme s’il n’était plus qu’une onde fébrile, qu’un infime filament vibrant sous l’explosion des émotions.

Mais soudain je me heurtai à un mur et je restai ainsi, droite, les mains allongés le long de la pierre rèche qui me blessait un peu plus à chaque secousse de mon être, à chaque respiration.

Il était désormais si proche que je ne voyais plus que ses yeux qui me fixaient et sa bouche, ses lèvres en mouvement constant qui se rapprochaient.

Ses pupilles étaient d’une noirceur à l’infinie profondeur dans lesquelles se reflétaient mes deux soleils bleus brûlants de passion, se consumant d’envie jusqu’à l’effrondrement d’un plaisir ultime.

Les contours sinueux de ses lèvres étaient les courbes parfaites d’un désir inassouvible filant dans l’espace pour rattraper le temps perdu, ce temps qui ne possède ni fin ni début.

Soudain il plaqua une main à quelques milimètres de mon visage et je sentis mes cheveux se soulever.

Il effleura ma peau nue et je sentis mon corps frémir.

Il bascula vers moi et je sentis, avec lui, le monde chavirer.

Il m’embrassa et mon coeur sursauta.

Il m’embrassa et dans l’univers naquit un sursaut gamma.

 

    Il n’y a pas de mot pour décrire la mort d’une étoile et pas de mot pour décrire le premier amour d’une femme.

Tous deux ne sont que des sursauts, dissipant pour l’un la lumière d’un soleil, pour l’autre l’innocence d’un coeur en éveil.

 

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22nd avril 2009

Le Plulumi-ère.

Salut !

Les vacances ! J’essaie d’en profiter au maximum et j’ai de ce fait écrit un conte et j’ai enfin trouvé le temps de lire…

C’est Lettres à un jeune poète de Rilke, je vous en parlerai plus tard car je pense en faire un article.

Aujourd’hui je vous présente une nouvelle que j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire, me laissant complètement emporter par l’histoire.

J’ai repris une idée que j’avais eu il y a quelques années et j’ai finalement trouvé la façon de l’écrire qui me convienne. Si je puis dire cette nouvelle s’est rapprochée de l’obsession chez moi (prenez bien sur le thème à un sens plus faible) car j’ai inventé toute l’histoire en une matinée alors que j’étais en train d’apprendre ma leçon d’anglais…

Enfin, je vais vous laisser lire et j’attends vos critiques avec impatience,

Bye et bonne lecture.

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Le Plulumi-ère.

 

     Nous sommes les enfants de la nuit. Nous sommes des hommes, des femmes, des enfants…Nous sommes des voleurs, des brigands, des meurtriers…Nous sommes des sans-papiers, des sans-sourires, des sans-avenir…

Mais avant tout nous sommes des frères.

Nous avons tous vu le jour dans la nuit. Nous avons tous ouvert les yeux sur une ville noire. Nous avons tous appris à notre coeur la haine de l’humanité.

Notre monde se résume à de sombres ruelles, à des taudis en ruines, à des lueurs blafardes qui dégoulinent le long des murs encrassés.

Notre Univers s’arrête à ce que les gens appellent dans le langage courant la « coupole », cette armature inconnue qui reflète l’obscurité; ce mur que dans notre dialecte nous nommons « cage ».

Notre terre se restreint à 2 Km², 2 Km² de misère, 2 Km ² de nuit.

Il suffirait pour comprendre notre désespoir de regarder nos visages. Cependant il fait trop sombre pour que vous le puissiez et nos faces sont trop horribles pour que vous le vouliez.

Nous sommes des filles et des fils de Rejetés, ces citoyens un peu trop gênants, un peu trop intelligents, un peu trop différents.

Nos parents ont été bannis, jetés dans un dépotoir, une fosse mortuaire, une ville fantôme dont les autorités avaient pris toutes les ressources avant de la saccager.

Nous portons en nous leurs désirs de vengeance. Nous vivons avec ce rictus de hargne qui déforme notre visage. Nous sommes prêts à tout pour vivre : nous sommes déjà morts.

Il paraît qu’il existerait une ville-lumière, une ville où le jour serait maître et où la vie foisonnerait; une ville où les maisons s’élèveraient à des dizaines de mètres, où la nourriture s’étalerait à profusion et où les habitants possèderaient la « technologie » alors que nous ne connaissons que les lampes à huiles qui pendent parfois au détour d’une ruelle.

C’est de cette ville dont l’envie parsème nos rêves mais à laquelle nos cauchemars vouent une haine éternelle.

C’est dans cette ville, exactement dans cette ville que dans quelques jours nous ferons irruption. Nous tuerons tous ses habitants, du premier au dernier, sans remords ni arrière pensées et nous ne seront satisfaits que lorsque la cité sera tombée sous notre joug car alors, enfin, nous pourrons naître.

Cela fait des années que nous cherchons à nous échapper, des années que nous forçons la serrure de notre prison, des années que nous préparons notre vengeance.

Les deux villes sont reliées par un long tunnel sinueux où il suffit de fermer les yeux quelques secondes pour se perdre, un sinistre tunnel à travers lequel la coupole de lumière nous envoie sans cesse de nouveaux Rejetés, un mystérieux tunnel qui rend fou.

Mais il y a deux jours nous avons trouvé la clé, nous nous sommes rassemblés et nous avons prêter serment de rester unis pour franchir le passage.

Alors depuis deux jours nous récoltons les vivres, nous amassons les armes et nous forgons notre courage, notre volonté, notre haine.

Nous sommes les enfants de la nuit mais demain nous tuerons l’obscurité pour ensanglanter le jour.

Nul doute que ce sera une douloureuse naissance.


     Voici notre peuple rassemblé aux abords du tunnel, notre armée de la nuit qui lève son poing ganté et crie à la vengeance. Nous ne sommes plus que des monstres, prêts à lacérer de nos regards impitoyables, à transpercer de nos rugissements de bête. Nos babines se retroussent et nos armes frappent tels des éclairs le ciel noir sous nos pieds en réponse aux paroles du maître :

« Qui sont-ils pour s’octroyer à eux seuls le privilège de la lumière ? »

Le bruit sourd des bâtons qui s’écrasent au sol. « Qui sont-ils pour avoir le droit de détruire notre monde, notre vie ? »

Le cri strident des vitres qui se brisent.

« Ils ne sont rien, rien d’autre que des hommes et des femmes comme nous tous et demain il ne seront plus que des souvenirs ! »

Le grondement de la terre qui tremble.

« Aux armes mes frères ! Pour la vie ! »

Et tandis que nous pénétrons dans le tunnel la nuit répond :

« Pour la lumière ! »


     Cela fait déjà de nombreuses heures que nous déambulons dans l’obscurité la plus complète. Nous sommes une armée de fantômes, d’ombres, d’aveugles qui avancent pas à pas avec la plus grande lenteur pour ne pas nous perdre.

Nous ne possédons aucune carte, comment pourrions-nous la lire ? Nous avons juste un guide, un Rejeté qui n’a pas tout oublié, qui se souvient malgré la folie qui l’avait envahie après son arrivée, un maître.

Il progresse à tâtons, les mains dépliées contre les murs. Chacun de ses doigt analyse méticuleusement les aspérités de la roche. Si pour nous le tunnel est muet, pour lui les ténèbres susurrent à ses oreilles et lui indiquent la route.

Nos sandales boueuses claquent dans les flaques d’eau et répendent dans le sinistre boyau une cacaphonie de sons répugnants. Mais pour le guide c’est une mélodie, un orchestre qui lui dicte le tympo et la marche à suivre.

Alors aveuglément nous nous glissons à sa suite.

Cependant quelques heures plus tard, tandis que nulle lumière ne nous apparaît, nous nous arrêtons.

Le maître est devenu fou . Instinctivement nos regards se tournent vers lui. Il est adossé contre une paroi humide et il gémit, il chuchote…

« Epiés, nous sommes épier. Ils sont autour, ils nous observent, je les sens, je les entends… »

Il hurle et griffe la pierre de ses ongles :

«  Laissez nous en paix, allez vous-en ! »

Alors petit à petit, ce qui depuis le début nous avait échappé nous percute soudain de plein fouet et nous les voyons.

Ce sont des formes étranges ancrées dans la roche. Elles se mouvent avec d’horribles crissements métalliques et leur unique oeil rouge nous fixe. Nous ne sommes plus seuls, d’autres êtres inconnus sont là, ils nous entourent…

Ils se sont immobilisés, ils préparent leur assaut.

Tout à coup un des notres dégaine son épée et se met à courir, poussé par une folie maladive, vers le monstre. Un cri animal sort de ses poumons et vient se mêler au rire sournois de l’eau sous ses pieds glacés. Lorsque son arme, d’un geste net et précis, transperce la bête notre camarade est parcouru d’un soubresaut. A peine la douleur s’est-elle faite entendre qu’il gît, raide, au milieu du conduit. La riposte aura été calme et rapide. L’être n’a pas bougé. Quelques lueurs éparses crépitent juste autour de lui comme s’il voulait illuminer le cadavre de sa victime.

Nous nous figeons. Nous observons. Brusquement tel un éclair dans l’obscurité le danger nous apparaît. La mort rôde.

Pris de panique certains d’entre nous commencent à hurler et tentent de fuir les monstres en courant à travers le premier passage qui se présente à eux. Ils ne le savent pas encore mais ils sont perdus.

Quiconque s’éloigne du maître s’égare.

Voici la seule règle du jeu mais il ne faut pas l’enfreindre sinon c’est l’élimination et la mort.

Quelques minutes plus tard lorsque le guide se relève, ce n’est plus un homme mais le fantôme d’un être bouleversé par la peur d’un cauchemar qui devient réalité.

Il reprend sa route sans nous prêter attention.

Où va-t-il ? Sait-il encore ce qu’il fait ?

Nous le suivons, nous n’avons pas le choix.

Nous voulons la lumière et dans cette grotte la mémoire du maître, même fou, éclaire notre chemin.


     La lumière, enfin ! Après tout ce temps passé à chercher notre route, à ramper au milieu des rochers et des cadavres comme nous le ferions dans un cimetière, nous l’avons trouvée, la lumière, la vie.

C’est une faible lueur à peine percevable, un halo d’espoir qui nous entoure, nous embaume du parfum de la liberté. Pour certains c’est une naissance, pour d’autres une résurrection mais pour tous c’est le symbole même de l’existence.

Pour la première fois nous nous observons les uns les autres et nous pouvons clairement voir notre visage dans le regard lumineux de nos frères. Pour la première fois nous vivons parce que nous ne sommes plus seulement la vague image d’un mouvement, d’un son; pour la première fois nous existons parce que nous voyons désormais nos visages, nos sourires et que nous entrevoyons notre avenir.

Tel un unique corps notre armée se remet en mouvement mais ce n’est plus de ce pas trainant des formes que nous étions, c’est d’un pas énergique que nous courons en Hommes libres.

Rapidement la lumière se rapproche. Nous sommes les enfants de la nuit plongés dans le ventre de la Terre et nous forçons le passage parce que nous savons qu’au bout réside la lumière.

Inconsciemment nous brandissons nos armes et poussons des cris de guerre. La vie est une bataille rude et difficile cependant les batailles ne se mènent jamais seules et aujourd’hui nous sommes des dizaines. La vie n’est qu’une longue bataille pour l’acquisition de la lumière.

Soudain les plaintes des fusils résonnèrent et les moqueries des mitrailleuse fusèrent.

Soudain nous vîmes le sang.

Soudain nous devînmes des morts-nés.

Ils nous avaient attendus en embuscade à l’entrée de la ville-lumière, ils nous avaient entendus, ils nous avaient descendus .

Ils n’avaient pas de simples cimeterre et de simples arbalètes.

Ils avaient des revolvers et des mitraillettes.

Lorsque les enfants naissent ils pleurent alors, comme eux, nous avons versé des larmes rouges.

La vie devrait être un droit universel. Pourquoi certains vivent dans la lumière tandis que d’autres sont voués à l’obscurité ?


     Il était devenu fou. Il courait dans les ténèbres les mains plaquées sur ses oreilles pour ne plus entendre les détonations des fusils et s’imaginer les visages torturés de ses frères.

Le premier coup de feu avait illuminé son esprit et il avait alors fait volte-face, pris de panique et s’était jeté dans le tunnel comme si l’obscurité aurait pu le sauver de la terrible révélation qui était apparu à lui.

Cependant il ne courait pas aveuglément. S’il avait les mains qui lui couvraient les oreilles s’étaient aussi pour mieux entendre la mélodie de l’eau.

Il savait ce qu’il faisait et il savait où il allait : il était le maître.

Au bout d’une dizaine de minutes il ralentit l’allure pour se recroqueviller finalement dans l’angle d’une cavité.

Sa respiration était haletante et il se balançait d’avant en arrière pour se calmer.

Lorsqu’il avait vu la lumière apparaître il n’avait pas couru comme les autres. Au milieu de cette pâle clarté il avait revu le cadavre de son frère s’étaler à ses pieds, il avait revu les projectiles de lumière éclater autour du monstre de fer. Il n’avait pas pu bouger.

Désormais il se demandait que faire. Il se demandait s’il avait encore le droit de vivre alors qu’il avait vu mourir ses semblables. Il pleurait, lui aussi, mais il pleurait silencieusement.

Tout à coup il frappa le mur devant lui. Il frappa parce qu’il avait mal à l’âme et au coeur, il frappa pour punir le tunnel qui avait déjà ôté tellement de vie, il frappa et une porte pivota.

Une douce lumière filtrait à travers le passage découvert. Cette fois-ci le maître n’hésita pas, il la suivit.

C’était une petite pièce carrée couverte de métal. Dans les angles étaient fixés les mêmes bêtes que dans le tunnel, ces monstres de ferraille à l’oeil rouge. Mais il y en avait également d’autres, un peu différents, plus plats et à la face brillante qui ronronnaient étrangement.

Le maître resta ainsi un instant à observer les monstres immobiles autour de lui. Pour la première fois la curiosité l’emporta sur la terreur : il avança d’un pas.

Soudain un grésillement strident retentit suivit du dialogue incompréhensible du métal.

En quelques secondes une cage l’entourait et une voix se mit à parler. Elle venait de chaque monstre à la fois, de chaque recoin de la pièce; ce n’était pas une voix humaine :

« Alerte ! Le cobaye n°231 s’est évadé du laboratoire ! Alerte ! »

Le maître s’était ramassé en boule contre les barreaux de sa prison et murmurait des paroles inaudibles.

Il ne vit pas arriver l’homme.

Il était grand, les cheveux blond et il portait une blouse blanche. A part son visage doux et serein il ressemblait en tout point à l’être qu’il observait à travers la cage.

Ils auraient pu être frères…

L’homme s’approcha et s’affaissa sur une chaise :

« Pourquoi ? Pourquoi l’expérience a-t-elle encore échouée ?

C’était pourtant les bonnes conditions expérimentales, je ne me suis pas trompé…

Deux micro-mondes similaires séparés par un tunnel…

Pourquoi l’un est-il obligé de détruire l’autre ? Pourquoi ? Mais dis-moi pourquoi ! »

Le maître le fixait et il se souvenait. Il se souvenait de l’invasion…il en avait fait parti…

« Pourquoi l’un est-il obligé de coloniser l’autre ? »

Il se souvenait des chaines aux pieds de ses frères…

« Pourquoi l’un doit-il réduire l’autre en esclavage ? »

Il se souvenait avoir posé des bombes pour mieux détruire…

Il se souvenait avoir intoxiqué l’eau, l’air pour mieux les contrôler…

« Pourquoi la Terre se meurt-elle par notre faute ? »

Il se souvenait être reparti chez lui et les avoir laissé dans leur immondices…

« Pourquoi ne leur venons-nous pas en aide ? »

Mais surtout il se souvenait avoir accepté le marché, il se souvenait être retourné dans la ville-nuit, il se souvenait avoir menti…

« Pourquoi le monde est-il plein de corruption ? »

…il se souvenait les avoir mené à la mort, un à un, parce que tel était son contrat…

« Pourquoi l’un doit-il tuer l’autre ?

- Parce que nous sommes des Hommes. »

 

 

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1st avril 2009

Sur le feu des projecteurs.

Salut !

Enfin, tous mes diplomes sont terminés ! Avec le B1 d’allemand et d’anglais j’ai eu ma dose d’examen même si le plus dur arrivera seulement l’année prochaine…

Je vous présente aujourd’hui une nouvelle que j’ai écrite un peu avant les vacances de Noël, je sais cela fait un bout de temps…

Pour ce récit, le titre s’est d’abord imposé à moi et ensuite seulement j’ai tenté d’y trouvé une histoire. Elle est assez courte comme nouvelle mais ce n’est pas la petite de toutes celles que j’a écrite, la dernière ne faisant même pas une page !

Je vous laisse lire et j’espère que cela vous plaira.

Bye et bonne lecture.

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Sur le feu des projecteurs.

 

    La nuit était tombée depuis longtemps mais je me croyais encore en plein jour. Il y avait tout autour du champ réquisitionné pour l’évènement des centaines de tentes baignées de la lumière des immenses projecteurs et la tension était palpable dans l’air.

J’étais arrivé sur place la veille et m’étais levé au aurore pour n’obtenir au final qu’une position très médiocre à plusieurs dizaines de mètres de l’estrade.

A mes côtés je distinguais aussi bien mes collègues et amis partisans de la littérature du passé que des défenseurs de la littérature du présent et même des dirigeants de celle du futur.

C’était surement la première fois que je voyais ces trois camps réunis dans la plus profonde sérénité où nul n’avait besoin d’attaquer les idées du parti adverse.

Pour la première fois j’avais l’impression que les différents visages de l’humanité rassemblés en ce lieu ne formaient plus qu’un avec moi.

Munis d’un cahier et d’un stylo nous attendions le messie.

Alors, lentement, les lumières situées aux quatre coins de la scène convergèrent vers le fond de l’estrade en même temps que nos regards avides.

Des frissons, des murmures parcoururent la foule tandis que je me balançais d’un pied sur l’autre pour contenir mon excitation.

Lorsque les projecteurs s’immobilisèrent le silence s’installa brusquement et illuminé de toute part il apparut; l’enfant.

De loin je le distinguais mal. Il tenait entre ces mains une feuille de papier et s’avançait vers le micro d’une démarche hésitante.

J’entendais chacun de ses pas sur le bois grinçant de l’estrade et retenais ma respiration pour ne pas briser l’enchantement. Quand il fut parvenu devant la scène il donna deux coups précis sur le micro qui grésilla.

« Bonsoir. »

Alors toutes les plumes se jetèrent sur le papier pour écrire ce simple mot atemporel.


     Article de presse paru dans la revue: « Au jour d’aujourd’hui » :

« Chers lecteurs et électeurs le grand gagnant du concours « Auteurs en devenir » se nomme Cristopher Janist et, âgé à peine de neuf ans, c’est de loin le plus jeune détenteur de ce prestigieux titre.

Incontestablement c’est un vrai miracle pour son poème d’avoir séduit à l’unanimité un jury composé de vingt professeurs de lettres et de deux auteurs alors que l’âge des participants atteint les 17 ans.

« Les mots coulent, ruissellent; ils me frôlent, m’emportent…Je ne suis plus sur ma chaise, ils ne sont plus sur la feuille : je suis en eux et ils sont en moi. » Tel est le témoignage d’un des membres du jury , complètement bouleversé après la lecture de ce qu’il qualifie désormais « d’oeuvre littéraire à part entière. ».

Son poème publié sur internet par le directeur du concours reçoit par jour plus de trente milles visites et, face à son succès grandissant, les maisons d’édition se l’arrachent à prix d’or tandis que sa traduction existe déjà en trois langues différentes.

Pourtant ce prodige de la littérature n’appartient pas à une haute famille bourgeoise très cultivée, au contraire, ses parents qui n’hésitent pas à l’avouer s’inquiètent chaque mois de ne pas pouvoir payer leur modeste loyer.

Mais il est désormais certain que le talent de leur enfant va bientôt mettre un terme à leurs problèmes financiers en enflammant sa carrière. »


     Demain jamais plus il n’écrira au présent, jamais plus il n’écrira au passé. Demain il écrira au futur. Cet enfant rapportera gros, j’en mettrai ma main au feu, et je ne laisserai pas ces partisans de bas-étages de la littérature du passé ou de la littérature du présent me devancer.

Dans quelques minutes mes hommes de mains me téléphoneront. Ils seront alors dans la voiture avec lui en direction de mon bureau et il suffira de lui parler pour le convaincre de signer l’accord. Je le manipulerai, je lui promettrai tout ce dont il aura envie et alors il ne sera plus qu’un enfant dont je pourrai m’approprier le talent….l’argent.

Pour les parents se sera encore plus facile, pauvres et probablement endettés ils ne pourront pas refuser; je les achèterai.

Et ils ignoreront que rien ne pourra détruire ces contrats, que rien ne pourra les réduire en cendre.


     Tu es là au bord de l’estrade et tu ne sais plus que dire, tu ne sais plus que faire.

Toute cette lumière sur toi t’éblouit et ton esprit n’est qu’un vaste marécage de pensées embourbées.

Qui sont ces étranges partis qui veulent te manipuler, abuser de ce que tu es ? Ils ne s’expriment que dans un unique temps et ne voyent que par un seul fragment de la littérature.

Tu es le seul à les voir se rapprocher, à murmurer à des boites métalliques. Tu ne les entends pas mais tu sais qu’ils t’épient. Tu sais qu’ils vont vouloir te prendre et t’asservir à leur manière d’écrire où chaque mot n’est qu’une prison et non une immense plaine sur laquelle tu aimes tant gambader à loisir.

Tu as peur.

Une seule phrase, un seul verbe et ton destin sera cellé. Du présent ? Alors le passé et le futur se ligueront contre toi. Du passé ? Soit, mais tu seras ignoré des deux tiers de la population. Du futur ? Là ce n’est plus simplement un parti littéraire mais aussi politique que tu choisirai. Ce n’est même plus décider de ta cellule de prison mais de ton mode d’excution. Guillotine ou chaise électrique ?

Lentement les barreaux se ressèrent et tu ne peux plus t’échapper. La scène devient une cage et toi un animal de foire que tous regardent ébahis.

Mais on a toujours le choix et tu as fait ton choix.

Tu poses le micro au sol, tout doucement pour ne pas faire de bruit. Tu ne veux pas qu’ils s’approprient ton talent, qu’ils l’encerrent dans leurs mains pour le broyer plus aisément. Tu pourrais le leur dire mais ils n’écouteraient pas : ce sont des adultes et tu es un enfant.

Tu t’avances vers l’extrémité de la scène. Tu es un enfant et les enfants n’écoutent que leur coeur.

Tu as un coeur, encore maladroit, instable, il n’est pas comme celui des adultes : il n’écoute pas la raison.

Tu sais qu’il n’ y a qu’un moyen pour les empêcher de ligoter et d’enfermer dans une étroite boite ce qui coule en toi; cet amour des mots.

Ils se regardent à moitié étonnés à moitié effrayés. Tu voudrais leur sourire pour montrer que tu es plus fort qu’eux mais tu n’y arrives pas. Tu pleures.

Tu soulèves la manche de ta chemise.

Ils ne te voleront pas ce qui t’appartient. Non. Cela restera en toi.

Tu poses ta main, paûme ouverte, sur la lampe brûlante de l’immense projecteur.

Tu serres les dents. Tu pinces tes lèvres.

C’est si douloureux de ne plus pouvoir écrire.

 

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5th février 2009

Je m’appelle Hiroshima.

Salut !

Vous savez, depuis mardi ma mère est partie quelques jours pour voir ma grand-mère et je découvre petit à petit les joies de la cuisine (avec les raviolis sans sel ni beurre) ou les problèmes du rangement ! Ca me fait bizarre tellement j’ai l’habitude qu’elle soit là…

Sinon je vous présente aujourd’hui une nouvelle (comme promis). Je l’ai écrite il y a environ 1 mois et demi pour une amie. Le thème était donné et m’a beaucoup gêné. Il fallait partir d’un fait divers mais nous n’avions pas le choix. Je ne vous donnerai pas le sujet pour ne pas vous révéler l’histoire. Je l’ai écrite en un après-midi (il faut dire qu’il fallait que je la donne à mon amie le lendemain…) et comme je vous l’ai déjà dit auparavant c’est un des cas où la chute m’est apparu inconsciemment sans que j’y pense.

Je vous laisse juger vous même de cette première nouvelle et me dire ce que vous en pensez pour tenter de progresser.

Bye et bonne lecture.

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Je m’appelle Hiroshima.

 

     J’ai quarante-cinq ans et je m’appelle Hiroshima. Ce n’est pas un nom banal je l’avoue mais mes parents étaient des originaux et de grands historiens. Lorsqu’ils m’ont vu naître un 6 août, un de ces matins où on a l’impression que le soleil ne se lèvera jamais, le doute sur ma future identité n’a plus été permise. Et maintenant c’est trop tard.

Comment voulez-vous que je leur dise que j’aurai aimé être nommé Pierre, Paul ou Jacques comme tout le monde ?

Comment leur dire aujourd’hui, alors que je suis assis sur un banc branlant dans la ville de Lyon que j’aimerai parfois que l’on cesse de parler de moi en tant que « bombe ».

*****

     Il fait nuit et comme d’habitude je suis sur l’ordinateur.

Mes parents sont partis au restaurant il y a une demi-heure, soit disant qu’il avait besoin d’être un peu en tête à tête.

Je monte le son de la chaine stéréo à fond, peu importe ce que le voisin dira. De toute manière il peut bien venir se plaindre ça ne changera rien. « N’ouvre à personne. Tu m’entends ? Personne. Tu vas au lit et on ne revient pas tard. » C’est ce que Maman m’a dit avant de partir.

Pourquoi monter autant le volume de la musique ? Ce n’est pas que je fais une crise d’adolescence, ce n’est pas pour embêter mon monde, vous vous trompez, c’est tout autre chose : je suis seule et j’ai peur.

*****

     Je me lève. Si je suis sorti ce soir ce n’est pas pour prendre l’air.

Il y a quelques minutes j’ai inspecté les alentours : personne. D’un côté c’est un peu normal, on est en hiver et il a plu toute la journée. Je ne connais pas grand monde qui sortirait de son plein grès pour patauger dans la boue et attraper un rhume…à part moi.

Quoique il faut dire que mes intentions ne sont pas vraiment celles d’un habitant moyen du centre ville lyonnais.

Vous ne connaissez de moi que mon âge et mon prénom mais sachez que même si je m’appelle Hiroshima je suis également un homme avec un coeur; un coeur que l’on a trop souvent ignoré, trop souvent malmené et qui aujourd’hui est sur le point d’exploser. Un coeur qui part en fumée…

*****

     Je mets mon jeu en pause et je vais me chercher un verre d’eau. Dans la cuisine toutes les lumières sont allumées à part celle qui a claquée ce matin. En réalité c’est presque toutes les lampes de la maison qui sont allumées et que vous pensiez que c’est une réaction stupide de la part d’une adolescente peureuse n’est pas mon problème.

J’ouvre le frigo et remplis mon verre. Lorsque je le referme et que je fais demi-tour mon regard tombe sur le cagibis. Je n’aime pas cet endroit, il m’effraie. Je fixe un instant sa porte blanche coulissante et entrouverte. A l’intérieur il fait noir.

Devant moi des images de monstres apparaissent, se superposent et ma solitude me semble encore plus totale.

Je me ressaisis, détourne la tête et file rapidement vers ma chambre où je me sens un peu plus en sécurité. Je me raccroche à mon ordinateur et ma chaine stéréo…Je suis dans le monde réel, il n’y a pas de quoi avoir peur, je suis dans le réel et les monstres n’existent que dans le noir des cauchemars…

*****

     C’est la nouvelle-lune et seul le lointain éclat des lampadaires me procure un peu de clarté. Néanmoins je n’ai pas besoin de lumière, je sais où se trouve le bouton : dans ma main droite sous mon pouce. J’attends. Je réfléchis.

Pourquoi fais-je cela ? Pourquoi ne fais-je pas simplement comme tous les autres avant moi ?

Parce que j’en ai marre de cette Terre, de cette ville et de ces personnes qui ne savent plus voir autour d’eux, qui ne savent même plus distinguer si leur voisin est dépressif ?

Probablement les deux…

Probablement que j’ai envie de leur montrer que j’existe, de leur prouver que même s’ils le refusent je fais parti de leur vie.

Oui c’est ça, je vais leur montrer qui je suis, je vais leur montrer pourquoi je m’appelle Hiroshima.

Sous ma faible pression le bouton du déclencheur de la bombe électromagnétique s’enfonce. Je ferme les yeux et toute lumière disparait, ma vie s’envole.

*****

     Soudain mon ordinateur s’éteint, la musique s’arrête nette et sans savoir comment je me retrouve plongée dans le noir.

Je lache la souris et me dirige à taton vers l’interrupteur. L’obscurité subsiste.

Je commence à m’affoler et mon rythme cardiaque s’accélère. Je fonce dans la cuisine et fouille dans un tiroir à la recherche d’une lampe de poche. Je l’allume. Rien. Le noir.

Je transpire et jette autour de moi des regards terrifiés. Pourquoi maintenant ? Pourquoi quand je suis seule ?

Inconsciemment, poussée par le besoin du plus infime rayon de lumière je cours vers la fenêtre et ouvre les volets.

Je me frotte les yeux, tourne et retourne sur moi-même mais rien à faire.

Tous les lampadaires sont éteints, toutes les maisons sont éteintes…la ville est éteinte.

Je dois rêver, c’est impossible.

Sans même prendre le temps d’enfiler des chaussures j’ouvre la porte, sors dans le couloir et viens tambourinner à la porte du voisin.

Je sais que je l’embête toujours avec ma musique qu’il trouve horrible, que je me moque souvent de lui et que ni sa vie ni sa santé ne m’intéresse.

Pourtant ce soir je donnerais tout pour le voir.

« Hiroshima ! Ne me laisse pas seule ! »

Mais il ne répond pas. J’ai peur, je tremble.

Lentement je glisse contre le mur et me roule en boule.

L’obscurité a envahit ma maison, ma ville et désormais mon coeur.

Je pleure. « Hiroshima, revient… »

 

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27th mai 2008

Cris d’injustice

Salut !

Cette semaine je vous montre, non pas un de mes textes; mais celui de ma soeur jumelle , Nyome sur Internet !

Sa nouvelle porte sur le thème de mon post précédent, étant également le résultat d’un exercice de français où elle a voulu se surpasser.

Et d’après moi, elle y est arrivée !

Je vous serai donc reconnaissante (et elle encore plus) si vous pouviez donner votre avis sur le texte.

Bye et bonne lecture.

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Cris d’injustice

    Le jeune homme que vous voyez là-bas, en costard-cravate, assis à son bureau : C’est Laurent. Il est informaticien depuis cinq ans dans la même boîte et il s’y plait bien. Ses collègues sont sympas et il gagne bien sa vie.


 

***
(30 années auparavant)

    Il est cinq heures du matin et une femme arrive, conduite par un taxi à l’hôpital de la Timône. Elle est installée dans une chambre individuelle et elle est prise en charge par les médecins. Son mari est à ses côtés et la soutient.

 

***

    Et voilà Mia, qui sort encore de chez elle, comme tous les soirs … Elle a du mal à marcher avec ses talons aiguilles et les canettes de bière au sol. Elle porte une jupe très courte avec des collants transparents et un décolleté que le l’on pourrait appeler un présentoir. En fait, dans ce quartier délabré, elle fait parti du décor …


***
(30 années auparavant)

 

    Il est cinq heures du matin et une femme est allongée dans un petit lit branlant, en sueur. La bicoque est trop éloignée d’un hôpital pour y aller et ils ne peuvent prendre le bus par manque de moyens. La femme est entourée de ses proches et hurle.

 

***

    Laurent se lève de sa chaise, une sorte de trône sur lequel il siège toute la journée et se dirige vers la porte ; il est temps de partir. Dans sa voiture, en rentrant chez lui, il pense à ses enfants qu’il va revoir après une longue journée et à sa petite femme qu’il adore. Il roule tranquillement, heureux.

 

                             ***
                                       (30 années auparavant)

 

    Dans l’hôpital, le soleil pointe le bout de son nez à l’horizon ; Laurent aussi. Sa mère le prend dans ses bras et l’embrasse. Il en a de la chance, ce petit être, d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche …

 

***

    Mia ne marche plus, ça fait depuis quelques heures qu’elle reste ici, à attendre. Elle est très mince, la vie est devenue trop cher et elle n’arrive plus à se nourrir. Elle commence à avoir mal au ventre, l’angoisse monte. Ses yeux tristes observent la rue , elle cherche son client : ce soir elle ne sera pas seule.


***
(30 années auparavant)

 

    Le silence se fait dans la bicoque et un petit cri apparait alors : Mia vient de naitre. Elle se met à pleurer, son premier cri de désespoir.

 

Lorsque nous naissons nous ne nous rendons pas compte que nous sommes déjà victime de l’injustice.

 

 

 

 

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20th mai 2008

Les diamants de justice.

Salut !

J’ai eu les résultats du brevet blanc ! Tout comme je l’espérais :) … Même en français, en argumentation je m’y attendais pas : 18,5 !

M’enfin, c’est pas le sujet de ce post…

Je vous montre aujourd’hui une rédaction que j’ai fait en français, à la base c’était un tout petit exercice, mais bien sur, je ne pouvais pas me contenter d’en faire seulement 20 lignes… Il fallait raconter une histoire décrivant l’injustice dans le monde.

J’espère qu’elle vous plaira :)

Bye

 

Les diamants de justice.

 

C’était une rue. Une rue sombre, peu passante, surtout en ce soir d’hiver. Des diamants volés au ciel commençaient à recouvrir le sol que de rares personnes, emmitouflés dans leurs manteaux, capuchons relevés, piétinaient d’un pas pressé.
Seule une jeune femme prêtait attention à ces joyaux célestes.
Elle était adossée à la pierre froide d’une maison, les genoux recroquevillés pour se tenir chaud et elle tendait les bras loin devant elle. Les mains en coupe elle attendait que quelques flocons daignent se déposer dans ses paumes. Elle rapprochait alors ses mains et buvait l’eau qui avait fondu.

Un peu plus loin, au coin de la rue, un groupe de jeunes s’intéressaient, eux, à d’autres diamants, un peu plus gros, un peu moins froids.
« Vole un collier et tu seras des nôtres » disait le chef au plus jeune.
Ce dernier regardait la bijouterie , hésitant.

Ce garçon là, c’était un fils de riche, un de ceux qui ont tout ce qu’ils veulent dès qu’ils le veulent. Seulement ce qu’il voulait, lui, c’était être accepté pour qui il était : il voulait entrer dans le groupe.

 

Soudain une sonnerie stridente retentit. La jeune femme tourne la tête, elle voit passer en courant un adolescent terrorisé qui lui lance un collier à ses pieds.

Déjà une foule se précipitait dans la rue en même temps que des policiers.
La jeune femme ramassa le collier, le tourna, le retourna, l’examina, le sourire au lèvres. Et tous autour la fixaient, horrifiés, la regardaient rêver. Elle rêvait à un bon repas chaud, à une petite maison, à un lit bien douillet…
Les forces de l’ordre la menottèrent. Elle était coupable, ils en étaient sûrs ; tout l’accusait : elle avait le collier dans les mains.
Ils n’avaient rien vu, mais ils savaient qu’ils devaient la condamner. Une femme qui rêve : quel délit !

 

Autour, certains savaient la vérité mais ils se taisaient : ils avaient peur. Peur de ce garçon, peu de son père fortuné, peur de dénoncer…
« De toute façon cette femme n’a rien à perdre. » se disaient-ils. Eux, s’ils parlaient avaient beaucoup à perdre.
Mais dans le monde il existe aussi, bien que très peu, des personnes justes.
Un homme, un dénommé Justin Droitice, se fraya un chemin à travers la foule et s’approcha des policiers. Il leur raconta tout et la jeune femme fut graciée. L’homme repartit heureux: il avait fait son devoir.

Evidemment, le vendeur de la bijouterie reprit son collier, furibond. Mais son geste fut tellement brutal que le bijoux se brisa en des dizaines de diamants qui s’éparpillèrent dans la neige.
Le commerçant, rouge de fureur, s’époumona que les joyaux lui appartenaient mais il y renonça vite car nul ne l’écoutait, trop affairé à ramasser les diamants
Les policiers, eux, avaient disparu, s’étant mis à la recherche du réel criminel et il ne fallait plus rien attendre d’eux.

Pendant tout ce temps, la femme avait remis ses mains en coupe, bras tendus, et attendait d’une patience divine de pouvoir boire ses diamants gelés.
Elle vit alors tomber une perle blanche, puis deux, et trois, et ainsi de suite des dizaines de joyaux ruisselèrent dans ses mains.
Elle releva la tête et découvrit, surprise, des visages emplis de pitié penchés au-dessus d’elle. Elle leur sourit, les remercia avec de maladroites paroles, se leva et disparut dans la nuit : elle allait tenter de réaliser ses rêves.

 
Quelques mois plus tard, dans son petit H.L.M. la jeune femme lisait le journal. En gros titre: « Le fils d’un riche politicien emprisonné ! ».
Elle poursuivit sa lecture et une phrase en bas de page l’intrigua; le nom du dénommé éveillant sa mémoire.
Elle versa alors quelques diamants : « Justin Droitice, décédé le 9 Avril »
Et oui, quand on bouleverse la vie privée d’un personne importante, un accident est vite arrivé.

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