Salut !
Durant cette expédition nous devions tous tenir un journal de bord et si possible le poster au jour le jour sur internet (chose que je n’ai presque pas faite…). Le journal de bord est un type d’écriture très particulier auquel je ne m’étais jamais essayé. J’ai beaucoup apprécié d’écrire tous les jours car cela me permettait de faire le point sur tous les évènements survenus et sur mes émotions également, de me poser. Cela était je pense nécessaire. A la fin je ne me déplaçais pas sans mon journal (je l’avais pris assez solide !) et ma plume. Je voulais tout écrire pour tout immortaliser et je n’aurai jamais cru que cela m’eut autant plu. J’écrivais en général le soir alors que la plupart dormait (entre 23 et 24h !). Marine (celle avec qui je suis partie) et moi avons après offert un journal de bord commun à SAS le prince Albert II. Le voici (je vous rajoute juste le premier jour qui pour moi a été un des plus mémorable).
Je vous montre celui là et pas l’original car ça ne doit pas intéresser beaucoup de monde de savoir que j’étais fière de faire une lessive à la main !
Sur cette anecdote j’espère qu’il vous plaira et vous plongera quelques minutes dans les eaux glacées de l’Arctique !
Bye et bonne lecture.
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Mercredi 4 Août :
Cette journée aura peut-être été la plus longue de l’expédition : 24 heures sans dormir et 12 heures sans manger pour une journée de 29 heures !
Après un levé brutal à trois heures du matin et un rapide au revoir à la famille nous nous sommes rendues à Nice avec Marine (vive le covoiturage !) pour décollé à 7h et atterrir à 9h à Francfort. Gâteaux et jeux de cartes ont comblé l’attente jusqu’à la correspondance pour Ottawa à 13h40. Mais que le temps était long et cet aéroport froid.
Dans l’avion le temps passait lentement mais j’avais l’impression d’avancer vers la grande aventure. Chaque minute me rapprochait un peu plus du Canada…
Nous devions atterrir à 17h à Ottawa où des membres du staff de Students on Ice nous attendaient. Cependant vers 16h30, en approchant de la capitale du Canada une voix dans les hauts-parleurs nous annonçait que nous ne pouvions pas encore atterrir à cause d’orages au dessus d’Ottawa. « Nous vous prions de bien vouloir patienter. » répétaient les hôtesses.
Sur la carte interactive nous avons vu, impuissante, notre avion s’éloigner lentement, de plus en plus…avant de faire demi-tour. Je me souviens de ces regards que Marine et moi nous lancions : « On s’est embarquées dans quoi ? » ou encore « Pourquoi cela doit nous arriver à nous, seules en pays étranger au début même de notre expédition ? ».
A 17h les orages étaient toujours présents et nous faisions vol vers Toronto !
Je stressais et mon cœur s’accélérait. Je savais bien qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter mais c’était la première fois que j’étais laissée seule (ou presque car il y avait Marine et cela me rassurait beaucoup) dans un univers aussi inconnu.
Nous avons d’abord attendu dans l’avion que le ciel se dégage avant de sortir dans l’aéroport car le pilote devait être remplacé.
Épuisée nous avons pris nos valises mais un « ange » est venu nous aider. C’était un passager canadien rentrant d’Europe mais qui parlait néanmoins français. Il nous a donné un chariot pour nos bagages et nous a guidé à travers les dédales de l’aéroport et des guichets jusqu’à ce même avion que nous avions quitté peu avant.
A 21h30 nous étions enfin au centre « Terry Fox », déchirées entre le désir de se doucher, le besoin de manger et l’envie de dormir.
Toutefois l’accueil nous remis de bonne humeur et un léger repas froid nous donna la force de nous doucher et de nous coucher tandis que Paige faisait nos lit à la lumière de nos portable.
Jeudi 5 Août :
Une équipe, des personnes avec qui parler, vers qui se tourner, des mains tendues, inconnues mais non moins amicales…un but commun : apprendre, comprendre pour ensuite partager…la motivation malgré la fatigue, l’envie de se connaître, d’effacer les frontières de nos cultures et de nos origines…
Aujourd’hui fut une journée de rencontres autant au travers du «speed dating» que de la visite d’Ottawa (le musée de la Nature et le Parlement avec la flamme du centenaire).
Néanmoins le moment qui nous a le plus unis fut la partie de basket le soir au centre Terry Fox. Nous l’avons partagée tous ensemble, entre élèves et membres du staff découvrant ainsi l’esprit chaleureux des Canadiens, Américains, Norvégiens et Chinois.
De plus, bien que nous étant simplement vu en photos sur le site de Students On Ice, de nombreux jeunes venaient nous parler sans retenue comme si nous nous connaissions depuis longtemps.
Après ce jeu d’équipe, JR nous a expliqué comment tenir notre journal de bord et a alors partagé avec nous ces quelques citations :
«Hands on learning»
«Knowledge of the heart»
«Learning by doing»
«Learning in context»
«The archieve of the feet !»
Vendredi 6 Août :
Cette journée pourrait se résumer en quatre mots : «wet, rain, cold and wait».
L’attente de monter dans l’avion nous menant à Kuujjuak, l’attente d’embarquer dans le zodiac nous transportant jusqu’au navire, l’attente de l’aventure tandis que retentit en nous l’appel du grand nord…
De nombreux «highlights» aujourd’hui avec tout d’abord la visite de Kuujjuak, ville au paysage insolite : il n’y avait pas un arbre pour projeter son ombre longitudinale sur les façades des maisons en tôle au toit plat, nous laissions nos empreintes dans la boue tout en visitant…
Pour la première fois, Rémy nous a joué quelques morceaux sur une guitare et l’engouement commun de notre groupe nous a frappé : grands et plus jeunes reproduisaient les mêmes mouvements, les mêmes sons ; et tous les cœurs battaient, comme un seul, universel, et nos mains frappaient en rythme, emportées par les paroles.
Enfin face à l’océan, sur les zodiacs, nous étions tous égaux : trempés, frigorifiés mais nous réchauffant, serrés les uns aux autres et discutant de tout et de rien.
Nous avons réalisé que l’aventure commençait lorsque le navire a hurlé sa joie ainsi que nous : BOOAAT ! BOOAAT !
Le navire avançait et nous avec. Le paysage défilait et nous avions le sentiment que rien ne pourrait nous arrêter.
Samedi 7 Août ou Seasick day ! :
Quelle matinée houleuse, nous avons été contaminées par l’épidémie du mal de mer en quelques minutes après le réveil, et avons ainsi pu rejoindre le «Horizontal Club» !
Nous avons compris alors qu’il y avait deux types de «Heart-ache»: le mal de mer et la solitude. Malgré les paroles réconfortantes des membres du groupe, le mal au cœur était toujours présent, mais, nous nous sommes senties presque comme dans une seconde famille. Aujourd’hui, nous avons été «seasick»…mais nous n’étions pas seules…
L’après-midi, même Rémy s’attelait déjà à la composition du tube du voyage : «Seasick Blues».
De ce fait, nous avons tous été d’autant plus soulagé de pouvoir retrouver la terre ferme et de poser les pieds pour la première fois sur le sol Arctique : Diana Island.
C’était un étrange paysage entouré de brouillard, couvert de mousse, de lichens, parsemé de petites fleurs aux couleurs variées, au travers duquel serpentait une petite rivière nous conduisant jusqu’à un lac.
Nous étions sur les traces d’un troupeau de bœufs musqués mais par manque de chance nous n’en avons vu que la carcasse assez récente d’un de ses herbivores.
Après la joyeuse découverte d’un champ de myrtilles nous avons été étonné de trouver un baril de pétrole échoué sur la plage. La civilisation et sa pollution nous poursuivaient…
Dimanche 8 Août :
Hier soir pour choisir le chemin que le navire emprunterait durant la nuit, Geoff a attendu de recevoir le «ice chart». Résultat : tout le long du Northwest passage il n’y avait pas de glace, pas d’iceberg…N’est-ce pas la preuve irréfutable d’un changement climatique, d’un problème ? Là où auparavant la glace rendait le passage meurtrier pour de nombreux marins, il n’y a plus que de l’eau…
Douglass Harbor était la destination du jour et les caribous notre rencontre inoubliable.
Nous en avons vu trois mais celui qui nous a le plus touché était le premier : c’était comme dans les romans ou les films, il se tenait droit et fier, ses bois dressés vers le ciel, sa silhouette se découpait nettement sur le ciel bleu. Nous avions la sensation qu’il nous regardait, c’était juste une illusion, il ne faut pas se leurrer, juste le désir de partager un regard avec la nature.
Dans la soirée a eut lieu une de nos conférences préférées : celle d’Alanna basée sur son roman «Sea Sick» et les dangers que notre impact sur les océans représentent pour la vie terrestre et marine. Nous avons réellement été captivées du début à la fin : c’était comme si on nous racontait une aventure et que nous y prenions part !
Nous avons appris que les océans recouvraient 71% de la surface de la planète et que 99% de la vie se trouvait dans l’eau.
«We are changing the chemistry of the global ocean» disait Alenna.
En réalité la température des océans augmente tandis que le PH et la teneur en oxygène diminue.
Cela est dû au fait qu’il y a de plus en plus de CO2 dans l’air et que cela entraîne une hausse dans les océans du CO2 d’où une diminution du PH à 8,05
Cependant, plus le PH diminue plus les créatures deviennent vulnérables et les coraux voient leur taux de fécondation chuter radicalement. Le danger est dans le fait que ce changement étant trop rapide les animaux n’ont pas le temps de s’adapter.
Alors que nous allions nous coucher, la dernière phrase de la conférence d’Alanna Mitchell retentissait encore en nous :
«We can chose despair and we can chose hope.»
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