Je m’appelle Hiroshima.
Salut !
Vous savez, depuis mardi ma mère est partie quelques jours pour voir ma grand-mère et je découvre petit à petit les joies de la cuisine (avec les raviolis sans sel ni beurre) ou les problèmes du rangement ! Ca me fait bizarre tellement j’ai l’habitude qu’elle soit là…
Sinon je vous présente aujourd’hui une nouvelle (comme promis). Je l’ai écrite il y a environ 1 mois et demi pour une amie. Le thème était donné et m’a beaucoup gêné. Il fallait partir d’un fait divers mais nous n’avions pas le choix. Je ne vous donnerai pas le sujet pour ne pas vous révéler l’histoire. Je l’ai écrite en un après-midi (il faut dire qu’il fallait que je la donne à mon amie le lendemain…) et comme je vous l’ai déjà dit auparavant c’est un des cas où la chute m’est apparu inconsciemment sans que j’y pense.
Je vous laisse juger vous même de cette première nouvelle et me dire ce que vous en pensez pour tenter de progresser.
Bye et bonne lecture.
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Je m’appelle Hiroshima.
J’ai quarante-cinq ans et je m’appelle Hiroshima. Ce n’est pas un nom banal je l’avoue mais mes parents étaient des originaux et de grands historiens. Lorsqu’ils m’ont vu naître un 6 août, un de ces matins où on a l’impression que le soleil ne se lèvera jamais, le doute sur ma future identité n’a plus été permise. Et maintenant c’est trop tard.
Comment voulez-vous que je leur dise que j’aurai aimé être nommé Pierre, Paul ou Jacques comme tout le monde ?
Comment leur dire aujourd’hui, alors que je suis assis sur un banc branlant dans la ville de Lyon que j’aimerai parfois que l’on cesse de parler de moi en tant que « bombe ».
*****
Il fait nuit et comme d’habitude je suis sur l’ordinateur.
Mes parents sont partis au restaurant il y a une demi-heure, soit disant qu’il avait besoin d’être un peu en tête à tête.
Je monte le son de la chaine stéréo à fond, peu importe ce que le voisin dira. De toute manière il peut bien venir se plaindre ça ne changera rien. « N’ouvre à personne. Tu m’entends ? Personne. Tu vas au lit et on ne revient pas tard. » C’est ce que Maman m’a dit avant de partir.
Pourquoi monter autant le volume de la musique ? Ce n’est pas que je fais une crise d’adolescence, ce n’est pas pour embêter mon monde, vous vous trompez, c’est tout autre chose : je suis seule et j’ai peur.
*****
Je me lève. Si je suis sorti ce soir ce n’est pas pour prendre l’air.
Il y a quelques minutes j’ai inspecté les alentours : personne. D’un côté c’est un peu normal, on est en hiver et il a plu toute la journée. Je ne connais pas grand monde qui sortirait de son plein grès pour patauger dans la boue et attraper un rhume…à part moi.
Quoique il faut dire que mes intentions ne sont pas vraiment celles d’un habitant moyen du centre ville lyonnais.
Vous ne connaissez de moi que mon âge et mon prénom mais sachez que même si je m’appelle Hiroshima je suis également un homme avec un coeur; un coeur que l’on a trop souvent ignoré, trop souvent malmené et qui aujourd’hui est sur le point d’exploser. Un coeur qui part en fumée…
*****
Je mets mon jeu en pause et je vais me chercher un verre d’eau. Dans la cuisine toutes les lumières sont allumées à part celle qui a claquée ce matin. En réalité c’est presque toutes les lampes de la maison qui sont allumées et que vous pensiez que c’est une réaction stupide de la part d’une adolescente peureuse n’est pas mon problème.
J’ouvre le frigo et remplis mon verre. Lorsque je le referme et que je fais demi-tour mon regard tombe sur le cagibis. Je n’aime pas cet endroit, il m’effraie. Je fixe un instant sa porte blanche coulissante et entrouverte. A l’intérieur il fait noir.
Devant moi des images de monstres apparaissent, se superposent et ma solitude me semble encore plus totale.
Je me ressaisis, détourne la tête et file rapidement vers ma chambre où je me sens un peu plus en sécurité. Je me raccroche à mon ordinateur et ma chaine stéréo…Je suis dans le monde réel, il n’y a pas de quoi avoir peur, je suis dans le réel et les monstres n’existent que dans le noir des cauchemars…
*****
C’est la nouvelle-lune et seul le lointain éclat des lampadaires me procure un peu de clarté. Néanmoins je n’ai pas besoin de lumière, je sais où se trouve le bouton : dans ma main droite sous mon pouce. J’attends. Je réfléchis.
Pourquoi fais-je cela ? Pourquoi ne fais-je pas simplement comme tous les autres avant moi ?
Parce que j’en ai marre de cette Terre, de cette ville et de ces personnes qui ne savent plus voir autour d’eux, qui ne savent même plus distinguer si leur voisin est dépressif ?
Probablement les deux…
Probablement que j’ai envie de leur montrer que j’existe, de leur prouver que même s’ils le refusent je fais parti de leur vie.
Oui c’est ça, je vais leur montrer qui je suis, je vais leur montrer pourquoi je m’appelle Hiroshima.
Sous ma faible pression le bouton du déclencheur de la bombe électromagnétique s’enfonce. Je ferme les yeux et toute lumière disparait, ma vie s’envole.
*****
Soudain mon ordinateur s’éteint, la musique s’arrête nette et sans savoir comment je me retrouve plongée dans le noir.
Je lache la souris et me dirige à taton vers l’interrupteur. L’obscurité subsiste.
Je commence à m’affoler et mon rythme cardiaque s’accélère. Je fonce dans la cuisine et fouille dans un tiroir à la recherche d’une lampe de poche. Je l’allume. Rien. Le noir.
Je transpire et jette autour de moi des regards terrifiés. Pourquoi maintenant ? Pourquoi quand je suis seule ?
Inconsciemment, poussée par le besoin du plus infime rayon de lumière je cours vers la fenêtre et ouvre les volets.
Je me frotte les yeux, tourne et retourne sur moi-même mais rien à faire.
Tous les lampadaires sont éteints, toutes les maisons sont éteintes…la ville est éteinte.
Je dois rêver, c’est impossible.
Sans même prendre le temps d’enfiler des chaussures j’ouvre la porte, sors dans le couloir et viens tambourinner à la porte du voisin.
Je sais que je l’embête toujours avec ma musique qu’il trouve horrible, que je me moque souvent de lui et que ni sa vie ni sa santé ne m’intéresse.
Pourtant ce soir je donnerais tout pour le voir.
« Hiroshima ! Ne me laisse pas seule ! »
Mais il ne répond pas. J’ai peur, je tremble.
Lentement je glisse contre le mur et me roule en boule.
L’obscurité a envahit ma maison, ma ville et désormais mon coeur.
Je pleure. « Hiroshima, revient… »
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