L’ange et la princesse (4/4)
Salut !
Je vous présente aujourd’hui le dernier volet de ce conte.
La semaine prochaine je déménage deux rues plus haut alors vu que je ne sais pas trop quand je récupèrerai une connexion internet, il est probable que les dates de post soient un peu décalées. En tout cas n’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de la fin du conte, je pourrais toujours lire vos commentaires assez facilement du lycée !
Bye et bonne lecture.
L’ange et la princesse (1/4)
L’ange et la princesse (2/4)
L’ange et la princesse (3/4)
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L’ange et la princesse (4/4)
Ceux qui haïssent quelqu’un c’est simplement qu’ils ne savent pas comment l’aimer. On peut aimer sensuellement, on peut aimer spirituellement…et un jour on aime passionnément. La première fois que je l’ai aperçue mes yeux ont caressé son corps, frisson de l’âme effleurant l’esprit. C’est à notre insu que naît la passion…alors ne m’en veux pas si je t’aime…
L’ange marchait, le Soleil entre ses mains. Il traversa la pièce et je le suivis. Est-ce cela aimer quelqu’un, être capable de lui faire confiance, de fermer les yeux et d’avancer dans le noir sur ses pas, de descendre jusque dans les tréfonds de notre âme ?
Malgré la bougie la pièce semblait obscure et comme sur ses gardes, animée par la volonté de protéger un secret dont chaque foulée me rapprochait.
Je n’avais pas oublié cette mystérieuse pièce interdite, cette forme inconnue…la vérité me hantait.
Tout à coup la porte pivota et je fus happé par ton regard. Tu ne dis rien, pas un mot. Nul mouvement, nul battement de cil ne t’anima. Tu me souriais de ton sourire figé, statique, paralysé…un sourire d’automate.
C’était elle. Elle que j’aimais depuis le premier jour, elle qui m’écoutait chaque soir, elle qui mettait un peu de douceur et de magie dans ma vie…
Toutefois lorsque je m’approchai le doute se dessina sur mon visage. Ses bras étaient trop longs, trop rigides, son buste n’était qu’un large rectangle, sa jupe n’avait aucun pli et malgré son sourire son visage n’avait rien d’humain, une sphère. Étonné et dans l’incompréhension la plus complète je me tournai vers l’ange. Dans ses mains il tenait un ciseau à bois.
«Offre-moi un peu de ton âme, Prince, je me sens vide.» J’étais un cancre, la risée de mon école, la honte de mes parents. Pourtant cette nuit je fus Prince et une gouge à la main je bâtis mon empire.
Je travaillais toute la nuit et le jour d’après sans me soucier ni de la fatigue ni de la faim. Pour la première fois de ma vie je me sentis utile. Minutieusement je frappais le bois et y appliquais de légères pressions à tel ou tel endroit. Je caressais ma princesse pour y imprimer les formes de mon affection, les traces de ma dévotion ; je l’habillais d’une splendide jupe plissée ; je tressais ses cheveux, lui dessinais de courtes nattes bouclées ; je bombais ses pommettes d’un tendre effleurement ; je taillais dans le bois mon amour.
Durant tout ce temps l’ange resta à mes côtés et ce n’est que lorsque j’eus terminé qu’il me dit ce mot, ce simple mot venant du cœur : «Merci».
Et s’il n’y avait pas eu ce toit au dessus de la boutique de jouet je crois que je me serais envolé.
L’espoir se dressait devant moi, façonné par mes propres mains. Enfin je pouvais contempler le résultat de mon travail. Quelle étrange émotion que celle qui s’emparait de mon être ce soir là. Je me redressai, levai la tête, bombai le torse et regardai droit devant. J’étais fier, non pas de qui j’étais car leurs sarcasmes étaient trop profondément ancrés en moi pour les oublier, mais de qui elle était, elle que j’avais créé, que j’avais fait naître du néant. J’étais fier de ma princesse et j’eus souhaité lui offrir le plus bel avenir qui existait. Mais comment donner un avenir à la personne que l’on aime lorsque soit même on n’en possède aucun ?
Quand je demandai conseil à l’ange et requérai son aide il me sourit et m’invita à s’asseoir près de lui. Ce soir j’aimais en paix…et il le ressentait.
Les légendes sont toujours fragmentaires, partielles. Elles modifient la vérité et en dissimulent une partie. Personne ne soupçonnait que les propriétaires de la boutique de jouet euent pu avoir un enfant. Personne ne savait que les femmes pouvaient accoucher d’anges. Alors comment aurais-je pu me douter que mon ange n’était pas tomber du ciel ?
«Toutes les princesses se fanent un jour…même la nôtre. Chaque soir je le vois elle peine un peu plus à me confectionner un morceau d’avenir. Je n’aime pas la voir se démener ainsi, se fatiguer. Alors je m’étais mis en tête de fabriquer un nouvel automate avec en son cœur tout autant de magie.
J’ai compris récemment qu’à chaque être auquel on tient on lui offre un morceau de son avenir pour qu’il puisse s’il le souhaite, bouleverser notre vie. Moi, j’ai fait don il y a longtemps de mon avenir à la Princesse. Désormais je suis vide, vide de tout avenir car je vis au travers de la princesse. Mais toi tu as de l’avenir, un bel avenir. Tu as peut être détruit un avenir hier soir toutefois je sais que tu es capable de créer des centaines, des milliers d’avenirs !
Insuffle l’avenir à cet automate que tu as fait naître. Y a t-il plus bel avenir que celui d’en offrir un aux autres ? Je sais que tu y parviendras. J’ai confiance.»
Et il avait un étrange sourire que je ne lui avais encore jamais vu, de celui qui dit : «Nous partageons le même secret», de ces sourires mystérieux auxquels on reconnait nos amis.
Tout à coup l’ange me prit la main. «Suis moi Prince ! » On a couru, on a couru tellement vite au travers de la boutique de jouet que parfois mes pieds ne touchaient plus le sol. Autour les bulles multicolores virevoltaient et me faisaient perdre tout sens de l’orientation. Si l’ange ne m’avait pas retenu probablement que je serais tombé au sol.
«Attends…
Non ! »
C’est étrange de recevoir un ordre d’un chérubin. C’est comme tomber du ciel…Soudain il s’arrêta. Nous étions en face de toi, mon automate.
Je t’avais donné la vie, je t’avais confié tous mes espoirs, j’avais déposé en ton cœur une part de moi même et il était temps désormais que je partage avec toi mon avenir.
«Tu as commis une erreur, déclama l’ange ; répare-la.» Un moment je restai immobile à me demander comment je pourrais m’y prendre.
«Mais personne ne m’a jamais dit comment créer l’avenir, expliquai-je.»
L’enfant m’indiqua l’automate d’un signe de la tête. «Elle, elle le sait. Sans le savoir tu lui as appris.»
Toute notre vie on ne fait que reproduire les gestes, les mouvements, les paroles de nos aïeuls, de ceux qui nous entourent, nos amis, notre famille…mais au moins on y met notre cœur.
Je jetai un regard à mon ange. Dans ses mains il y avait une boîte à chaussures. Ne serait-ce qu’une fois dans notre vie on agit aux yeux des autres de façon irraisonnée. Alors ne me demandez pas pourquoi ce soir-là je saisis la boîte à chaussures.
«Princesse, offre moi un peu de ton âme, je me sens vide.»
Ce n’est d’abord que frémissement de la peau, battement de sourcils. On voit un mouvement infime et on pense l’avoir juste rêver. Puis les commissures des lèvres se redressent lentement, les yeux s’illuminent et c’est tout un corps qui s’anime. Combien de fois avais-je assisté à ce rituel ? Dix, vingt, trente fois ? Ce soir ce fut comme si rien ne c’était jamais passé, comme si j’étais revenu à cette nuit où j’avais rencontré la princesse pour la première fois. Cependant cette fois-ci je n’observais pas ; je vivais.
Tandis que l’automate s’appliquait telle une araignée à tisser la toile d’un avenir j’élevai au dessus de moi la boite à chaussure. Ce n’est que lorsque la bulle de savon se fut envolée, quittant le doux nid des mains de la princesse, que je compris la raison d’être de tout ceci.
Ce fut comme une illumination, un éclair dans la nuit de l’ignorance. J’avais mon rôle à jouer dans ce monde. Certains ne me croiront pas, d’autres me prendront pour un fou mais qu’importe car désormais je savais pourquoi j’étais là-bas, cette nuit.
Je lâchai la boite à chaussures. Doucement, inévitablement, la bulle descendit vers le sol. L’ange avait ouvert de grands yeux effrayés : «Que fais-tu ?»
Et l’univers continuait de tomber, chute inéluctable tandis que la crainte de l’enfant grandissait. Les anges aussi peuvent douter.
Quand le monde fut enfin à ma portée je pris une grande inspiration, me tournai vers le chérubin et soufflai. La bulle de savon fut propulsée à travers la pièce, comète multicolore.
Pour la première fois j’eus en face de moi non plus un ange mais un être humain. Son visage n’était plus celui confiant et souriant qui s’était opposé à ma haine une nuit. Il y avait sur ses traits de la peur, de l’incompréhension, de l’étonnement, un refus dissimulant une terrible envie, l’envie de dire «oui». Puis il y eut un sourire, de la reconnaissance et, si je ne m’abuse, une étincelle d’amour.
Les anges sont humains.
L’avenir percuta l’enfant et la bulle éclata. L’avenir percuta l’enfant mais chaque gouttelette s’accrocha à lui. C’était comme une pluie de lumière…des larmes d’anges.
Et je frappais dans mes mains au rythme de la fugue. Je tournais autour du chérubin : «Tu as un avenir ! »
Soudain l’ange se mit à rigoler. C’était si doux, si mélodieux. J’aurais voulu qu’il rie toute ma vie.
Si les anges sont fait pour veiller sur les Hommes, qui donc prendra soin d’eux ?
Les mois avaient passé, les années s’étaient écoulées. On avait grandi. Depuis quelques semaines tous les soirs un léger voile de neige recouvrait la ruelle de mon enfance tandis que les chérubins l’emplissaient de leur rire. L’ange et moi nous avions repris la boutique de jouet, on l’avait retapé, dépoussiéré avant de la peindre de magie. Et dehors, encastrés dans la roche, il n’y avait plus un automate mais deux. Deux princesses qui faisaient la joie des enfants.
Une légende raconte que de notre vie nous n’avons plus jamais quitté le magasin.
«Entre ces murs nous faisons bien plus que vendre de simples jouets, disait mon ami ; on fabrique.
Que fabriquez-vous ?» Demandaient les curieux.
Alors toujours à ses côtés je répondais avec un clin d’œil : «Les anges ne sont que des enfants à protéger. Nous en sommes leur chevalier.»
Devant la boutique une foule s’était amassée. Ils levaient des yeux ébahis tandis qu’un murmure se répandait. «Regardez ! »
Les princesses avaient joint leurs mains d’un commun accord. Dans chaque adulte il y a une part d’enfant, une part d’ange. Au dessus de nos têtes des milliers de bulles de savon virevoltaient, des milliers d’avenir resplendissaient.
«Soufflez les enfants, soufflez ! Ne laissez pas les mondes éclater…»
Alors dans la ruelle naquit un souffle d’espoir tandis que se levait un vent d’avenir. Les anges riaient et vous riiez avec eux, Princesses.
posted on mars 22nd, 2011 at 23 h 35 min
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