Luciole (5° partie).
Salut,
Hier soir j’ai terminé une nouvelle que j’avais commencé une semaine auparavant. Vous ne pouvez pas savoir combien je me suis régalée à l’écrire ! J’adore être prise dans une histoire même si cela me fait me coucher à minuit…Ce qui m’a un peu étonné hier c’était que j’écrivais plus facilement avec de la musique que sans tandis que généralement j’ai besoin d’un calme quasi-complet. De même je me demande pourquoi je me casse la tête à tenter de trouver des chutes à mes nouvelles avant de commencer à les écrire alors que le moment venu elles m’apparaissent toutes seules ! C’est la deuxième fois que ça me le fait…
Mais c’est vrai que je ne vous ai pas encore montré une seule de mes quatre nouvelles…faudra que j’y pense…
Sinon aujourd’hui je vous présente la cinquième partie de luciole (on arrive à la moitié !). J’espère qu’elle vous plaira et surtout n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, toutes les critiques sont les bienvenues !
Bye et bonne lecture.
1- Première partie 6- Sixième partie
2- Deuxième partie 7- Septième partie
3- Troisième partie 8- Huitième partie
4- Quatrième partie 9- Neuvième partie
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Luciole
Il est midi et nous sommes assis dans la cuisine. Le repas sort tout juste du four et il dégage une délicieuse odeur. Pourtant je ne mange pas.
La nourriture tourne et retourne dans mon assiette sans jamais arriver à ma bouche. Mon ventre gargouille et j’ai très faim. Néanmoins je ne peux rien avaler.
« Tu t’inquiètes ? »
Lucie me fixe depuis un moment et mon manque d’appétit la préoccupe. Je cligne des yeux. J’ai pris cette habitude de Mika.
« Si tu veux cet après-midi je peux aller me renseigner au village. C’est probablement juste un contre-temps, il n’y a pas de quoi s’en faire. »
Ce matin Mikaël n’est pas venu. Je l’ai attendu pendant des heures mais il n’est pas venu.
J’envisage le pire. Peut-être qu’il est tombé dans un fossé et s’est cassé une jambe, ou alors sa mère refuse qu’il continue à passer ses week ends ici.
Si je n’avais pas les bras appuyés sur la table je crois qu’ils se seraient mis à trembler.
Lucie doit le deviner car elle se lève soudain et enfile son anorak.
« Où vas-tu ?
- Au village. »
Elle sort et se dirige vers le hangar. Je la suis.
« Mais tu n’as même pas fini ton assiette ! » Il pleut dehors et je dois hausser la voix pour qu’elle m’entende.
« Tu n’as qu’à la terminer toi même ! »
Tout à coup, même si je le désire depuis ce matin, j’ai honte de laisser partir Lucie seule au village. A force de lui faire part de mes inquiétudes elle doit se sentir obligée d’y aller.
« Attend ! »
Lucie se retourne surprise.
« C’est moi qui vais y aller. »
Elle a un doux sourire sur lequel s’arrêtent les gouttes d’eau avant de dévaler son petit menton.
« Ne dis pas de sottise. Tu es sur les nerfs et tu n’as rien mangé. Je te vois mal pédaler une demi-heure sous la pluie dans cet état. »
Elle détourne son regard de mon visage pour le porter sur l’horizon.
« De plus le brouillard se lève et tu es de loin celui qui sait le mieux t’occuper du phare. »
Je suis debout face à Lucie, mes habits dégoulinant, les cheveux collés contre mon front et je ne sais plus que faire.
Mais Lucie sait, elle sait toujours tout.
« T’en fais pas. »
Elle s’approche de moi et m’embrasse sur la joue.
J’ai la chair de poule mais ce n’est pas parce que j’ai froid, c’est à cause d’elle.
« Luciole… »
Elle est encore à quelques centimètres de moi.
« Je suis petite je sais, mais ce n’est pas une raison pour en rajouter. » s’exclame-t-elle en riant.
Elle fait demi-tour et enfourche son vélo.
« A tout à l’heure et occupe toi bien d’Etoile ! »
Elle disparaît lentement derrière la brume et s’efface de ma vue. Pourtant je ne bouge pas. J’ai l’impression que ses lèvres humides sont encore collées contre ma peau.
« Luciole… »
J’observe le ciel. En plus du brouillard qui m’empêche de voir à plus de cinq mètres à l’horizon des nuages bas planent au dessus de l’océan déversant une fine pluie.
Il y a dix minutes j’ai sonné la corne brume pour prévenir les bateaux du danger.
La côte en cet endroit peut être meurtrière pour les marins inattentifs et malgré tous nos efforts nous avons déjà vu s’échouer sur la plage des caisses de bois ou des naufragés.
Je tourne et retourne l’instrument dans mes mains. Je sais que je devrais être plus vigilant et ne penser à rien d’autre que faire mon travail du mieux que je peux. Mais c’est impossible, mes pensées voguent de Mika à Lucie comme si elles étaient à la dérives.
Où peut-il bien être ? Lucie l’a-elle retrouvé ? Mais surtout pourquoi Luciole, d’ordinaire si distante et en apparence si froide et vide pour un inconnu, a-t-elle fait cela ? D’accord je ne suis pas un inconnu, mais de là à ce que ses lèvres m’effleurent ! Non elle ne m’ont pas seulement frôlées, elles se sont posées sur ma joue, s’y sont appuyées pour s’en détacher ensuite…j’en tremble encore.
Evidemment pour un amoureux éperdu le plus petit regard est une délivrance, un retour d’amour. On cherche dans les recoins de chaque sourire la preuve que nous ne sommes pas seul à aimer.
Mais comment reconnaître le « bon » signe, alors que l’immense sourire du reporter était faux, alors que dans la rue tout le monde nous dévisage.
Comment savoir si c’est « le » regard, « le » sourire ?
Et c’est précisément cette question qui en cet instant me ronge de l’intérieur et m’empêche de me concentrer. On devrait interdire à un amoureux de travailler, il pense à tout sauf à son boulot.
Je me lève et descends dans la cuisine pour me rincer le visage. J’ai bien besoin de me rafraichir les idées, je dois avoir l’air d’un somnambule.
Je retourne ensuite dans la coupole. Quand il faut attendre autant le faire intelligemment.
posted on janvier 24th, 2009 at 14 h 11 min
posted on février 5th, 2009 at 10 h 38 min