23rd août 2013

A la poursuite du papillon

Salut !

Les vacances se terminent, elles furent courtes mais bien remplies et j’ai pu fêter dignement mes 20 ans ! Cette année je vais à Nancy, à l’ENSAIA (sauf modification de dernière minute), une école d’agronomie.

Le texte que je vous montre aujourd’hui a été écrit après les écrits, durant le week end de la pentecôte, léger répit avant la reprise des cours. Pour l’écrire je m’étais installée dans le jardin du foyer à cette période où le temps semblait hésiter entre la pluie et le soleil. L’idée de ce texte m’a été donnée par Jacky, fidèle lecteur de ce site.

Les photos qui l’accompagnent ont été prises au bois de Boulogne et au Crouesty en Bretagne cet été.

J’espère qu’il vous plaira,

Bye et bonne lecture !

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A la poursuite du papillon

Il y en avait deux. Deux cages. Une à quelques centimètres de moi et l’autre à plusieurs mètres. Presque alignées dans l’horizon courbe de mon regard on aurait dit qu’elles se répondaient. Peut-être regrettaient elles la distance les séparant, deux sœurs exilées ; ou bien pleuraient-elles cette absence, ce vide au fond d’elles, papillons envolés.

Seules subsistaient quelques pétales tombées du ciel, d’un nuage en fleur ou d’un arbre qui s’éveille, souvenir d’un temps déchu, d’un amour qui s’est mû en bruissement d’aile. Instant d’éternel.Puis la pluie avait commencé à battre la mesure et des gouttes à glisser le long des barreaux, comme si elles souhaitaient les enlacer, les rendre aussi fluide qu’elles l’étaient. Dans les cages même la pluie se fanait.

L’éphémère d’une vie ne se capture pas.
Ni la douceur du soleil,
Ni la tourmente d’un orage,
Ni le murmure de l’eau à nos oreilles
Pas plus que le pépiement des oiseaux ;
Ni les regards qui se croisent, floraison du désir,
Ni les corps à l’abandon.
Et jamais l’envol du papillon.
Alors pourquoi cette plume dans ma main ?

Soudain il était apparu, étrange vision dans un paisible jardin. Sa fourrure avait le gris des nuages, être sans contours qui gronde mais ne fait reculer les murs, masse sombre où perçaient deux yeux me fixant, prisons des mondes.

Je n’essayais pas de le caresser. On n’apprivoise pas la liberté.Alors tout devint flou, eau qui embrume nos regards, dilue la réalité tel l’encre sur ma feuille, images troubles de surfaces qui s’étirent et se compriment dans le creux de nos pupilles, comme un rêve pris de folie ; une distorsion de l’esprit…je cours.

Mes griffes pénètrent dans la terre meuble sur laquelle je prends appui pour mieux m’élancer. Un battement de paupière puis tout disparaît : les murs encerclant le jardin, les habitants, les voitures et le bruit assourdissant de la ville. Il ne reste que la route déserte bordée d’immeubles si grands qu’ils semblent masquer le ciel.
Mais les papillons toujours plus haut s’élèvent.Je sens tout mon corps en mouvement, chaque muscle, chaque fibre, le vent qui glisse autour de moi, semble me happer ; l’humidité encore présente sur la fourrure et les gouttes d’eau qui s’envolent. Prise de vitesse.

Alors dans le silence de la ville fantôme naît un orchestre. Écho d’un cœur ou de battements d’ailes ?

Lentement les forêts succèdent aux villes, les plages de rochers aux falaises escarpées, les déserts brûlants aux plateaux enneigés. Tout se mélange et se confond, les paysages et les saisons, les flutes et les violons.

Je vois des lacs de glace couverts du sang de l’automne, des dunes ensevelies sous des pétales de roses…deux cages qui volent en éclats, des murs qui s’effondrent, des étangs de verre qui se brisent telles les gouttes d’eau sur ma feuille, des barreaux qui fléchissent puis perdent toute consistance.
J’entends un loup qui hurle à la Lune de le laisser s’envoler rejoindre les papillons, une bête humaine qui refuse les frontières et les murailles, les limites de l’imagination, ce rêve en cage qu’un enfant laisse s’enfuir, le temps de quelques lignes, de quelques paysages…Et puisque le loup ne peut s’envoler, le papillon sur ma plume vient se poser.

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13th juillet 2013

Insaisi-sable

Salut !

Ça y est j’ai enfin fini mes concours, enfin les oraux parce que les écrits ça fait déjà longtemps ^^ Toutefois je crois que je ne me sentirais vraiment en vacances que lorsque j’aurai les résultats et s’ils sont positifs. Je vous présente alors un texte que je qualifierais de paysage état d’âme. Il a été écrit en Mars durant les vacances de février (cherchez la logique).

C’était un soir où je cherchais désespérément une idée, et alors que je pensais m’arrêter sur une tentative infructueuse, un paysage a commencé à se dessiner dans mon esprit et les mots à s’y poser pour le décrire. La fin, je l’ai écrite un matin lorsque j’étais avec une amie (merci Myrtille !!), j’avais une telle envie d’écrire qu’elle m’a dit de le faire et j’ai tout fini en une heure environ, cela me plaisait tellement !

J’espère que ce texte vous plaira.

Bye et bonne lecture.

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Insaisi-sable

Tout commença par un désert, par une chaîne de montagnes sans couleur, rides d’une nature albinos ; par des dunes qu’on aurait décalqué un peu trop vite, entre deux battements de paupières, simples vagues muettes. Je revois cette poussière, insaisissable, comme les rêves qui nous glissent entre les doigts, sans forme, presque immatériels. Des falaises.

Tout n’était qu’immobilité apparente, albatros qui suspend son vol comme on retient sa respiration tandis que dans le secret d’un esprit se réinventent les mondes et se forgent les illusions d’une société. Je trace sur les dunes les contours flous de quelques idées, mirages sur du papier froissé.

Wikicommons

Je me souviens de cette feuille blanche, livide. De la peur. Des lignes quadrillées d’un miroir émargé, perforé où il est si simple de se perdre comme on s’égare dans un désert, reflet d’un soleil nouveau-né. Je ferme les yeux pour ne pas me brûler.

Dans un ailleurs une pointe de métal menace la feuille, aiguille figée…et les minutes s’écoulaient, se brisaient sur l’écueil d’un mot avorté, asphyxié. Océan d’aridité.

Dans ma main l’inspiration est de sable.

Puis le Soleil était devenu ocre, coloré de ce rouge qui tend vers la nuit, et j’avais vu se profiler à l’horizon l’ombre de nuages, comme un brouillard sur mon visage. Ils avançaient, silencieux, nuages de poussière que les sabots d’une armée invisible auraient soulevé.

Il me suffisait d’abaisser les paupières pour animer le manège, les faire quitter leur socle de pierre et enfanter la vie telle une goutte d’eau fait fleurir un désert : je revois les puissants muscles des chevaux se tendre, leurs foulées s’allonger, les cavaliers rabattre leur visière et sur l’encolure se pencher. Je ressens le contact du sable qui se tasse sous mes pieds, la vitesse qui m’appelle…et sur les dunes de papier apparaît l’ombre d’une plume hirondelle.

C’est simple de voler, si simple. Battre des ailes et s’élever. Imaginer. Entrevoir d’un peu plus près la chevauchée, s’y rêver.

Soudain c’est la tempête et je me perds. Tout n’est plus que mouvement, ivresse de l’instant, tourbillon de poussière qui se répand sur un paysage hors équilibre. Chute libre.

Les chevaux disparaissent tandis que sous le vent les dunes s’éveillent. Suis-je en pleine mer ou sur un désert ? Je ne vois plus rien, ni le Soleil que masquent les nuages ni le sol qui se débat sous la poussière. Respiration qui s’accélère.

Alors je condense tout, en un mot, en un point, agonie d’un poème. Je replie mes ailes contre mon corps : plongeon. C’est la descente vers un horizon qui n’est plus, vers un paysage en mutation, des visages inconnus, fantômes de cavaliers anonymes. C’est entrer dans un monde sans frontière, sans interdit, un monde où tout naît du contact de la peau sur l’eau, de quelques ondes aux allures de dunes. Un monde inscrit au fond de moi, indélébile.

Ce soir une goutte choit sur la feuille. Est-ce de l’encre ou un peu d’eau salée ? Glisse-t-elle de ma joue ou de ma plume ? Ce soir dans le désert le vol de l’hirondelle perce les nuages et la terre s’abreuve comme le papier se gorge d’émotion.

Ce soir mon cœur crie la moisson.

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17th mai 2013

Lettre à un enfant

Salut !

Je viens enfin de finir les écrits de BCPST, quatre jours de répit et c’est reparti pour les révisions des oraux !

Entre temps je viens donc vous montrer un de mes derniers textes, écrits durant les vacances de Noël.  C’est celui dont je vous avais parlé dans l’article sur l’émission de radio. J’ai déjà songé à en faire une suite et avais commencé un moment avant de passer à autre chose. Si j’achève la suite bien sur je la joindrais. Mais pour l’instant ce texte se suffit à lui même.

Si vous avez des questions bien sur n’hésitez pas à les formuler, je serais ravie d’y répondre !

Bye et bonne lecture.

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Lettre à un enfant

«Pourquoi utilises-tu toujours le mot « plume » ? » quelqu’un m’a un jour demandé.

Sur le coup je n’avais pas su répondre, « ça sonne bien, me disais-je, c’est un peu moins moderne ». Faux. Mauvaise réponse. Quelque chose en moi n’était pas d’accord…ou plutôt quelqu’un : toi.

De tes petits doigts tu tiens le bout d’une plume et lisse son duvet. On dirait l’aile d’un oiseau frémissant avant son premier envol. Elle est grande, plus longue que ta main ; si longue que tu t’imagines chatouiller les étoiles avec, dessiner un sourire malicieux sur le visage ovale de la Lune et peut-être même oser caresser le firmament. Pour toi un vulgaire stylo de cours ne changera jamais la face du monde, si petit, si maladroit, il ne peut écrire qu’une rature en devenir.

Mais une plume ! C’est tout autre ! C’est une lueur au bout de tes doigts qui me laisse rêver que la magie existe encore. Grâce à elle j’ai dans le cœur un enchanteur.

Il y a quelques années tu as cessé de grandir et je t’ai vu t’éloigner comme les femmes de marins assistent, désemparées, au départ des navires sur des océans en colère. Petit à petit elles les regardent disparaître à l’horizon, point blanc qui s’éteint dans la nuit tandis que les astres prennent le relais et leur rappellent ces fragments de vie égarés aux quatre coins des mers, ces souvenirs d’enfance qui fondent et laissent sur la langue un goût amer.

Alors tu es là à me fixer, dans un petit cadre photo, sur le haut de la bibliothèque, sourire recroquevillé dans un étroit tiroir au allure d’alvéole où le nectar est extrait d’émotions. Le cœur comble le vide de passion.

Plus je te regarde et plus ton visage devient flou. Je ne distingue plus la couleur de tes yeux ni celle de tes cheveux. Dis moi petit, es-tu un Soleil ou une Lune ? Sur le tableau les couleurs se confondent et se mélangent.

De ton image rien n’est figé, contours émoussés d’une aurore qui disparaît ; tout n’est que mouvement perpétuel, éternité d’un battement d’aile. Pourtant je pourrais peindre chaque détail de ton sourire, chaque esquisse, chaque ébauche qui tous les jours me rappelle celui des anges que je n’ai pas connu mais qui veillent en moi, robustes comme les pavés d’une chaussée millénaire sur lesquels on s’appuie, ignorant de leur histoire.

Je lève ma plume. A quoi bon écrire ? Les mots ne viennent plus comme avant, brise qui s’essouffle. Ils choient goutte à goutte sur la terre brûlante d’un désert. Ébullition. Ils se croisent et s’entrechoquent en moi. Création. As-tu seulement conscience de la douleur de se rêver magicien quand on tient dans ses mains une baguette si fragile qu’à chaque phrase elle manque de se briser ? J’ai peur des virgules solitaires au allure de barbelés, des interrogations stériles qu’aucune réponse ne peut combler, de la disgrâce des mots qui sonnent faux et de la courbe un peu trop prononcée de ces lettres imprégnées de vérités.

« Passe moi une feuille Petit ; j’ai de l’encre aux coins des yeux. »

Alors j’écris et dans ce corps qui ne peut te répondre tu hurles en silence ton désir de liberté, tu hurles à briser les murailles qui t’encerclent, à enflammer la terre, tu cries ton refus de la société, ta haine et ta douleur à ces étoiles qui t’ont menti, tu cries et je t’enlace dans mes bras :

« Bien sûr que les fées existent, j’en héberge une tout au fond de moi. »

A cet instant où tu souris je t’aime, comme on aimerait un enfant qui dort, sans remord. Toutefois tes paupières sont toujours grandes ouvertes et tu me fixes : « Raconte moi une histoire. »

J’ai sommeil cependant je m’accroupis contre le mur, ce mur recouvert de tapisserie, si fin qu’un léger courant d’air s’infiltre et me fait frisonner. Tu es là en face de moi, tes genoux ramenés sur ta poitrine, juste en dessous de ton menton. Tu te balances d’avant en arrière, tic-tac mécanique de ma vie.

« Je ne sais pas parler petit, je ne sais qu’écrire, tu t’en souviens, c’est toi qui me l’a appris.

- Écris moi des histoires. »

Tu as peur. Légers tremblements. Ce soir je t’invente un monde, promis ; ce soir on s’enfuit à deux. Toutefois l’imagination a un prix : ne regarde pas mes doigts quand j’écris, j’ai dans la paume des éclats de verre.

Je ferme les yeux et me laisse bercer par ta lente respiration.

« Écoute le roulis des vagues, leur brusque ascension des rochers puis leur calme retraite. Cependant il n’y a ni embruns ni grève sur laquelle ils pourraient s’échouer. Il n’y a que le tourbillon des nuages qui s’écrasent contre les falaises comme des roulements de tambour précédant la tempête ; et au loin des éclairs. Non n’ai pas peur Petit, c’est notre monde, un monde rien qu’à nous. Regarde ce village complotant avec le ciel, à chacun de nos mots nous y déposons une pierre. Imagine ces petites maisons bien douillettes, les feux dans les cheminées et les volets colorés. Aux toits des chaumières sont suspendus des croissants de lune. Y a-t-il des fils ? Je ne les vois guère. Peut-être ceux de soie des araignées. Imagine des portes peintes à même les murs, des portes couleurs arc-en-ciel aux poignées rondes qu’il suffirait de faire pivoter pour changer de monde, pour changer d’histoire. Imagine… »

Mais tu dors déjà. Alors de mes mots je te tisse une couverture de rêves.

Certains croiront, ignorants, que tu es cet enfant que j’ai été il y a quelques années, que tu n’existes plus. Certains me diront de t’abandonner, de grandir, d’être adulte. Pourtant en chaque personne c’est toi que je cherche comme on guette avec espoir l’horizon et le retour des navires.

D’un petit coup de plume tu transperces les murailles. Tu es l’absence éternelle et cette présence continue à mes côtés, tu es de ces papillons que je regarde voler sans pouvoir les attraper. Si je touchais tes ailes je t’enchaînerais ; comme on enchaîne à des contes les fées.

Alors vole.

Vole comme les oisillons et les enfants. Du bout de tes ailes, du bout de notre plume.

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17th mars 2013

Passage à la radio !

Salut !

Je fais ce petit post afin de vous avertir d’une chose : je vais passer à la radio ! (quoi je répète le titre, pas grave ^^).

Tout a commencé à la Toussaint par la rencontre d’un auteur, Pascal Payen Appenzeller, qui m’a alors proposé de passer à son émission de radio. Je tiens en passant à remercier Jacky et son frère qui ont permis cette rencontre. C’est ainsi que lundi 4 mars a été enregistrée cette émission, juste après la fin de mes cours et avant que je ne saute dans le train pour rentrer chez moi. Bien sûr je remercie aussi Pascal Payen Appenzeller pour tout le temps qu’il m’a accordé…et que j’espère il m’accordera encore ^^ !!

Cette émission sera diffusée sur Radio Courtoisie les 29 et 30 mars.

Ce post a également pour but de diriger les futurs lecteurs qui souhaiteraient obtenir la version complète ou simplement relire les textes dont il est question dans cette émission.

Textes cités dans l’émission (pas dans l’ordre, je ne m’en souviens plus bien):

- Théâtre de mon âme

- Aquarelle

- Censure de l’imposture

- En bleu marine

- Rosée

- Sur le fil de l’horizon

- Lettre à Oscar Wilde

- Lettre à un enfant

Si vous avez envie de me contacter, commentez…vous pouvez soit me laisser un commentaire soit allez dans la rubrique contact

Bye et bonne lecture / relecture.

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20th février 2013

Croquis

Salut !

Je sais, cela fait longtemps, voir très longtemps que je n’ai pas posté, encore cette prépa ! Ce texte a été écrit en août et début septembre. Pour moi ce poème en prose correspond parfaitement au titre, un croquis, car j’ai tenté de mettre par écrit les images que j’avais dans ma tête. J’espère que cela vous plaira.

Les deux photos ont été prises lors de mes vacances en Bretagne l’été dernier (eh oui source de nombreuses photos !)

Bye et bonne lecture.

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Croquis

J’ai rêvé.
J’ai rêvé à un ciel couleur de rouille et à un océan de fer chauffé à blanc, tempête d’écume. j’ai griffonné dans mon esprit, image un peu floue, les contours tremblants d’une muraille plus longue que l’horizon pour percher ensuite sur les créneaux de la plus tour, la silhouette mouvante d’un enfant. Ses jambes se balancent doucement dans le vide, comme s’il battait la mesure, comme s’il comptait les secondes ou les battements de son cœur.
Je me souviens de son regard attentif posé sur ma bougie, cette petite veilleuse que j’ai allumé pour avoir moins peur de l’obscurité. Il observait la flamme comme on fixe le Soleil qui descend dans le ciel, quand on sait que la bougie va se consumer et couper ses longs cheveux dorés un peu rougi par les doux baisers d’été.
J’étais moi et j’étais ce rêve à la fois, ce monde à la frontière du réel naissant derrière mes paupières mi-closes. Il fallait que je garde un peu les yeux ouverts, juste assez pour laisser s’infiltrer quelques raies de lumière et attendre, avide, le contact brulant des étincelles sur mes pupilles couleur de neige ; comme le blanc papier attend la caresse de l’encre, sous corps ouvert à la nuit. Chaque goutte qui glisse éveille un frison. Flocon. Doucement je plonge ma main dans l’océan. Quelques remous l’agitent, papier froissé, puis le calme revient. Silence. petit à petit, comme imperceptiblement, l’eau tiédit autour de moi. Est-ce la chaleur de ma peau qui s’échappe en soupirs paisibles ou ma bougie qui sans bruit se noie dans les ténèbres de l’onde ?
La cire s’écoule dans l’océan et la flamme prend des allures de jeune femme à la longue robe blanche qui s’embrase sous le soleil couchant. Elle danse tandis que le vent se lève. Alors je couds de la dentelle à la surface de l’eau, tel l’aiguille de ma plume se joue de l’écume, tisse son tableau. Avec des mots.
Depuis qu’elle est apparue au fond de mes yeux son regard ne la quitte plus ; on dirait un oiseau qui a oublié comment déplier ses ailes à trop rester sur la berge, qui ne sait plus comment rejoindre le Soleil, un oisillon guettant le vide sous ses pieds. Peur de s’envoler.
Je l’imagine se lever, doucement, comme s’il risquait d’effrayer les étoiles qui se cachent encore derrière un ciel qu’on brûle, tendre la main à un songe, l’inviter, juste le temps d’une danse, d’un baiser et d’un levé de Lune. Il n’y a pas d’âge pour séduire les rêves.
Ses pieds valsent sur une muraille entre deux océans ; pour une flamme qui se meurt et enfante des astres ; pour cet espoir qu’il enlace, une main sur sa taille et l’autre dans ses cheveux enflammés ; pour ce rayon de lumière qu’il voudrait posséder comme un souvenir d’éternité ; comme le regard des femmes que l’on aime en secret.
Alors elle s’accroupit doucement, sa robe ondule et s’étire à la surface de l’eau. Elle s’accroupit comme pour embrasser un enfant qui réclame des histoires, comme on passe une main dans ses mèches folles, derniers remous ; comme on inspire profondément avant de souffler la bougie qui s’éteint sans bruit.
Mais l’enfant noie le silence, se raccroche aux astres. Il les saisit du bout des doigts puis les attire à lui, étoiles filantes ; il les cache sous l’horizon pour qu’elles le rassurent la nuit et alimentent sa palette de rêves aux couleurs d’encre.
Qu’importe si ce soir ce n’est qu’une ébauche de tableau : demain elle reviendra.

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2nd décembre 2012

Sur la route et sous la pluie

Salut !

Oui je sais je ne poste plus très souvent (et honte à moi j’ai un peu de mal à écrire). Disons que mon cerveau me dicte de dormir, ma raison de travailler et mon cœur n’est plus qu’un murmure.

Je vous présente toutefois aujourd’hui un texte, du style d’un poème en prose, écrit cet été lorsque j’étais en Bretagne chez une amie. Il pleuvait ce soir là (non non il fait beau en bretagne ! ^^) et sur la fenêtre inclinée…enfin je vous laisse lire le texte ;-)

Niveau photo je ne vais pas innover beaucoup, encore un coucher de soleil pris en Bretagne et des fleurs (je ne suis pas en bio pour rien) !

Bye et bonne lecture.

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Sur la route et sous la pluie

Les étoiles tombent sur ma vitre avec le bruit mat des gouttes de pluie, ces mêmes perles d’eau posées en équilibre entre deux horizons, entre ma main et le piano, l’air humide du matin et les pétales assoiffées, ce cristal de glace et la surface lisse d’un cours d’eau sur qui se referme le piège, tes lèvres entrouvertes et ma peau qui s’assèche, ce cristallin et mes paupières closes.
Je rêve à un ailleurs, perchée sur les épaules du temps. Insaisissable il ne m’atteint pas en ces secondes d’éternité où le paysage défile autour de moi comme dans les manèges de notre enfance. Rotation des cœurs et des corps, enivrante mélopée, dans tes bras je me laisse aller.
Comme dans un palais des glaces, à la lumière des astres suspendus aux carreaux de verre, tout se déforme. Et derrière la falaise abrupt de ce lac vertical je vois les néons des réverbères, leur lumière diffuse et vacillante tels des centaines de couchers de soleil sur la ville endormie.
Alors je m’imagine des galaxies peuplées de lampadaires et avec mon doigt, sur la vitre embuée, je dessine des constellations ; comme le sillon de pollen poursuivant le vol du papillon qui va d’étoile en étoile ; de fleur en fleur ; de rêve en rêve.
Et l’orage redouble, efface l’éphémère d’un revers de la main. Puis c’est l’attente, le regard dans le vide, le tic-tac mécanique des battants de l’horloge sur le cadran de ma vitre. Je ne vois plus l’heure et mon paysage revêt un masque. Rideau noir.
Puis c’est l’exil entre ces murs de tôle animés de secousses, je ne sens rien sur ma peau, ni l’étreinte du vent ni la morsure glacée de la pluie, ni ce froid incendiaire qui ravive mes désirs. Au prochain arrêt je m’enfuis la retrouver, cette vie délaissée, égarée sur le trottoir de mon cœur, invisible des passants, ce corps nu sous l’averse passagère enlaçant le tableau, cette nature étourdie dont les milles lèvres humides se posent sur la peau.
Instant de plaisir à travers ma fenêtre entrouverte.
Soudain la pluie s’arrête et nous avec. Fin du tonnerre. Mes pieds se posent sur l’herbe détrempée, un pas puis un autre ; il ne faut pas la brusquer. J’observe les gouttes d’eau suspendues aux feuilles comme ces enfants accrochés au sein de leur mère.
Pluie où est passé le tableau que tu enlaçais ? Sous mes yeux tout est noir et blanc. Il ne reste plus que quelques tâches de couleur éparses que la rosée emporte dans la rivière arc-en-ciel.

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3rd octobre 2012

Théâtre de mon âme

Salut !
Je me suis dit, lors de mon dernier commentaire, qu’il faudrait que je poste. Je suis de nouveau à Paris, et les concours se profilant dans 6 mois, le temps pour écrire ne m’est plus vraiment accordé.
J’espère toutefois me rattraper à la Toussaint !
Le texte (poème en prose) que je vous présente aujourd’hui a été écrit à la fin des cours l’année dernière, j’étais alors encore sur Paris. J’espère qu’il vous plaira.
La photo qui l’accompagne a été prise cet été lorsque j’étais en Bretagne chez une amie
Bye et bonne lecture.
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Théâtre de mon âme

Le vide au fond de mes yeux et la peur suspendue à mes paupières, comme les fils qu’on tire pour baisser le rideau. Et dans les coulisses, à l’ombre de la nuit, les astres montent le décor. Les étoiles filantes se substituent aux poutres tandis que j’attends, patiente, sous la lumière de la Lune.
J’observe ces ouvriers à la tâche, ces points de lumière qu’un voile diffuse, ces électrons qui s’entrechoquent, ces influx nerveux dans mon être, sursaut du regard avant le début de l’acte. Je m’apprête, m’enrobe de mystère et m’octroie la voix des cantatrices lorsqu’enfin je monte. Le rideau se lève derrière moi, je sens le vent frais dans mon cou, la caresse des nuits interdites. Elle approche, frisson. Pourtant je fais face au désert, à ces fauteuils tombés en poussières qui se mêlent aux dunes sous le soleil couchant, comme des pétales de roses déchues du ciel.
Soudain j’entends des battements de tambour autour de moi, le sable se soulève au rythme des pulsations et les collines dansent sous mon regard statique. Est-ce mon cœur le chef d’orchestre ? Je sens le pincement des violons.
Puis de faibles tractions au bout de mes mains attirent mon attention. Mes genoux tremblent. Je regarde au dessus de moi : j’ai des fils incrustés dans mes paumes et une goutte d’encre perle de la blessure. Elle tombe, roule sur la scène et vient se lover au creux des dunes. Bientôt il pleuvra des mots qui croiront encore pouvoir abreuver le désert.

Lentement je me mets en mouvement, mes bras se plient et se déploient gracieusement ; je me crois voler comme les oiseaux, mes pieds nus s’entrecroisent. Je sens la caresse du bois sur ma peau, et tout à coup tel un mirage je vois un goéland jouer avec les embruns du ciel du bout de son aile.
Enfant perdue au milieu de la nuit j’ouvre la bouche mais rien ne sort, juste le souffle du silence. Et tandis que mes lèvres cherchent les mots, happent le vide comme on embrasse la poussière, tentative désespérée de capturer un fragment d’air ; j’écris en asphyxie. Chacun de mes pas dépose sur la scène une fine trainée d’encre.
Au centre un fleuve apparait, le trait s’épaissit, gonflé d’orgueil par le cours de quelques affluents, quelques pensées passagères, papillons éphémères qui viendraient se poser sur les pétales d’une rose.
Je tourne, virevolte, telle une tempête de sable, je hurle sans bruit les mots que je trace, danseuse étourdie par la chaleur et la lumière des projecteurs. Dans la tourmente j’écris, je fais de mon corps une plume, de ma passion une encre indélébile ; mais seul l’écho me répond, en rime. Il joue les deuxièmes voix et alors tout devient duo. J’accélère la cadence, les lettres s’égrennent une à une, rythme fou d’une femme amoureuse de la scène.
Soudain je ressens dans mon dos comme la brulure d’une aiguille perçant ma peau. Je m’arrête un instant, dérape. Virgule gravée dans le bois tel un souvenir dans ma mémoire. Je poursuis, mal assurée, tandis que l’aiguille devient poignard et les dunes de rouille. La frénésie s’empare de moi alors que je remonte la rivière de mes mots comme on remonterait le temps, comme on vit à contre-courant.
Dans mon dos j’entends des rires, quelques étoiles qui s’éclipsent, les poutres deviennent translucides, immatérielles, et mon fleuve s’assèche. Je cours plus vite pour fuir la lumière du jour mais l’aube ondoyante me rattrape à l’image de ce rideau qui glisse sur mes pas.
Tout à coup je me retrouve au milieu de la scène et il ne reste plus devant moi qu’une étroite fenêtre d’obscurité dans cette prison de lumière, qu’une maigre dune qui me sourit.
Un jour je serai poème, j’offrirai mon être à ce désert, et de ma passion je puiserai des pluies d’été, juste assez pour faire fleurir des visages et peindre leur reflet dans d’immuables oasis.
Lentement l’écho se retire tel des applaudissements qui s’éteignent.
Je signe, révérence d’une plume.

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14th août 2012

Aquarelle

Salut !

Mes vacances se passent bien, chargées entre les révisions des cours et les sorties entres amis. Je ne vais pas dire que je n’ai pas le temps d’écrire mais disons que ces derniers mon rapport avec l’écriture est devenu un peu compliqué et je n’écris pas autant que je le voudrais. Toutefois j’ai réussi à faire un petit texte, tout petit mais qui me plait bien. Enfin je vous dis tout ça mais bien sûr ce n’est pas celui ci que je vous montre aujourd’hui ^^

Le poème que je vous présente a été écrit en février, durant les vacances. Au sujet de ce texte ma prof de français (toujours la même, celle de seconde !) trouvait l’expression « atelier de chimère » un peu obscure, toutefois je n’ai pas su par quoi la remplacer. Il faut dire qu’avec la prépa je n’ai pas eu le temps de beaucoup y réfléchir et maintenant j’ai l’impression que ce poème a été écrit par une autre personne que moi. En passant je la remercie beaucoup pour son aide et son soutien !!

Si vous avez des questions n’hésitez pas, ça me fait toujours plaisir de lire vos commentaires et de (tenter) de lever le voile sur certains vers.

Bye et bonne lecture !

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Aquarelle

Les ébats de la Lune investissent nos songes
Quand ils nous trouvent assoupis dans la prairie,
Une étoile filante, tes cheveux, un épis,
Comme entre mes lèvres une envie. Je m’y plonge.
Insomnie.

Puis mon regard tremble sous l’écho du désir
Qui s’étire et s’endort dans le creux des collines
Où le lit des rêves vient prendre racine
Espoir qu’avec la pluie ruissellent les soupirs
De la nuit.

Il y a ce goéland, l’emprise du vertige
Il tournoie tel l’enfant au fond de mes pupilles
Se pose sur les vagues, embruns noirs de mes cils
Pour combler le vide d’une nuit qui s’afflige
D’ivresse.

Et je peins par touche chaque instant sur ta peau
Comme l’impressionniste embrase le tableau
Dans son atelier de chimère, berceau
D’ombre et de lumière où s’enlacent les mots,
Ricochet d’un pinceau.

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