6th juillet 2011

Corps à corps

Salut !

Ca y est le bac est terminé ! Les vacances, quel soulagement …et les résultats du bac !
J’ai eu mention Très Bien avec 17,31 de moyenne générale !!

Sinon pour l’année prochaine le verdict est tombé : je suis acceptée en Classe Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE) en BCPST (Biologie Chimie Physique et Science de la Terre, ex Maths BIO qui a fusionné avec la prépa Véto) à Saint Louis !! Direction Paris !

Je vous présente aujourd’hui un poème écrit en mai pendant les vacances. J’écris toujours le titre des poèmes à la fin mais là celui ci m’est venu très instinctivement en plein milieu. Au fond tout n’est que combat.

La première photo a été prise en Arctique et me rappelle la célébration d’hier…et que je réussisse ou non ma prépa, y retourner n’est plus qu’une question de temps !

Bye et bonne lecture.

______________________________________________

Corps à corps

Il y a des soupirs pleins de témérité,
Les cieux qui chavirent, tempêtes inavouées,
Des embruns de désir, étoiles démasquées,
D’un océan de cire qui n’ose s’embraser.
Insensé.

Il y a des ratures, éclairs de l’inconscient
Qui vrillent la blessure, insinuent patiemment
Le doute. Censure. Je ris de cet enfant
Gravant les murmures, jetant les sentiments
En pâture.

Il y a des frissons, d’inévitables songes,
Envie de séduction quand la feuille s’allonge,
Plume, abats l’émotion de tes pâles mensonges.
J’oublie tout. Abandon. Dans les rêves je plonge.
Tentation

Il y a l’obsession, besoin de création,
Sauvage soumission à la conspiration
Des mots. La diversion masque l’ébullition
D’un cœur sous pression. Je veux crier la passion.
Détonation.


posted in Poèmes | 7 Comments

18th juin 2011

Introspection

Salut !

Quand j’ai entamé ce poème en avril, j’étais fatiguée, stressée , et j’ai écouté en boucle les chansons de Joe Hisaichi. Les rimes en « ion » me sont venues rapidement, j’adore ces rimes ! En une soirée je n’ai écrit que le premier tercet. Peu après la suite est venue. Ce n’est pas nous qui choisissons quand écrire mais la plume.

Sinon le bac a commencé…par la philo ! J’ai choisi le sujet « peut-on avoir raison contre les faits ». Les résultats le 5 juillet.

N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce poème,  je suis avide de toutes critiques !

Bye et bonne lecture.

___________________________________

Introspection


Invasion, destruction de la raison,
Progression de l’abjecte inclination,
Torsion.


Écrire le plaisir pour le vivre
Puis cacher les désirs qui m’enivrent.
Les pensées qui m’effleurent avilissent
L’âme. Je crains qu’au cœur je n’obéisse.


Lorsque je te regarde et puis te touche,
Si sans prendre garde je t’effarouche
Doux rêve, accorde moi de t’embrasser.
Ce soir seule déçoit la réalité.


Laisse moi y songer, t’imaginer !
Si je pouvais t’aimer dans la fumée
D’un nuage, étouffer les préjugés,
Briser l’infirmité de ce secret…


Évasion, rédemption des passions,
Fuite de l’aversion, acceptation
Des distinctions.


posted in Poèmes | 2 Comments

1st juin 2011

Dans la tourmente

Salut !

Un jour en regardant la télévision, une personne était décrite comme « écrivain à la retraite »…mais pour moi être écrivain est un métier à vie ! Comment quelqu’un passionné par la littérature peut-il s’arrêter, se mettre à la retraite ?!

Sinon le bac se rapproche mais surtout la première phase d’admission : dans 9 jours j’aurai déjà une idée d’où j’irai l’année prochaine ! Étrangement, bien que ne pouvant nier que le bac me stresse, je ne révise pas plus…j’écris. Je pense qu’on a beau être à la retraite, il ne tient qu’à nous de choisir d’écrire. On a beau être élève, personne ne nous empêchera d’écrire.

Après ces petites remarques je vous présente un  poème écrit durant les vacances de février. Quand je me suis planté devant ma feuille de papier je ne savais pas quoi écrire, cela m’est venu plutôt facilement pour une fois. J’ai remarqué que ces derniers temps j’écrivais toujours sur les mêmes thèmes, mas bon tant que le résultat me plait (et vous plait !) c’est l’essentiel.

Que pensez vous de ce poème ?

Bye et bonne lecture.

______________________________

Dans la tourmente

Vide, absence, perdue dans ton essence
J’ose. Non sens. Je frôle l’indécence.
Évanescence, laisse moi désirer
Cette danse. Permet moi d’enlacer
Ta présence. Dis moi si je t’offenses
Quand je ne penses au fond qu’à divulguer
L’évidence ?

Tourment de peur, je dissimule l’erreur,
Masque l’ardeur d’un élan qui demeure.
Quelle douleur que t’interdire un cœur
Par frayeur ! Vois maudite peur :
J’aime.

Mais je m’égare, obsession du regard;
Recherche l’art, l’illusion de ton phare
D’émotion.

posted in Poèmes | 5 Comments

8th mai 2011

Voyage en Irlande

Salut !

Une nouvelle catégorie vient d’être ouverte : Voyage en Irlande.

Elle sera courte mais j’espère qu’elle vous plaira.

Je vous présente alors la lettre ouverte qui m’a permis de partir en Irlande. Lorsque j’ai participé au concours je ne savais pas encore quel était le prix à la clé, personne ne le savait en fait. Vous pouvez vous doutez qu’il n’était pas nécessaire qu’il y eut un prix pour m’inciter à le faire.

Mais quel était le prix !! Un voyage en Irlande trois jours en délégation officielle avec S.A.S le Prince Albert II lors de sa visite d’état !

Nous avons été 18 jeunes de la Principauté à avoir la chance et l’honneur de partir là bas dans le but de faire une représentation devant le Prince, Charlène Wittstock, la Présidente d’Irlande et d’autres invités.

Vous pouvez vous douter combien nous étions stressé ! Certains de l’académie de musique  ont joués des morceaux traditionnels à la harpe, piano, flute…accompagné par un chant d’opéra, d’autres ont présenté des diaporama sur la littérature ou la peinture irlandaise tandis que cinq élèves dont moi même avons lu des extraits de nos lettres ouvertes.

Mais après le stress passé j’avais presque envie de retourner sur scène et de ressentir de nouveau l’adrénaline. Le soir nous étions au buffet organisé juste après la représentation.

Si vous avez des questions sur ce voyage et son déroulement, n’hésitez pas !

Lettre ouverte (français)

Lettre ouverte (anglais)

posted in Lettres | 5 Comments

22nd avril 2011

En Vie

Salut !

Je vous présente aujourd’hui un poème écrit vers Janvier ou Février, j’aime beaucoup cette forme vous aurez pu le remarquer.

Je vous parlerai de l’Irlande plus tard, quand j’aurai un peu plus de confort et un moyen de transférer mes photos.

Qu’en pensez vous ?

Bye et bonne lecture.

_________________________________

En Vie

Envie de tout détruire à coup de passion,
De blesser, de nuire par simple déception
D’infliger la douleur déformant mon visage
D’épancher la rancœur en déversant ma rage.
Contusion.

Envie illicite de caresser une âme
Descente interdite dans le cœur d’une femme,
D’effleurer une main avant qu’on s’en empare
D’éclipser l’inhumain flottant sur vos regards
Simple écart.

Envie de consumer, de replier mon être
Dans la nuit m’abimer pour enfin disparaître.
Quand afflue la marée dans nos yeux fuyants,
Lunes. Comment percer les étoiles d’océan ?
Tremblements.

Envie de posséder comme les démiurges
D’enchainer au papier les folies que l’on purge,
De perdre haleine d’avoir trop éprouver
Seule sur la scène j’ai des rêves à sauver.
Je m’insurge.

posted in Poèmes | 10 Comments

2nd avril 2011

Passion

Salut !

Récemment j’ai participé à un concours d’écriture où il fallait écrire une lettre ouverte à Oscar Wilde…et j’ai gagné ! C’est pourquoi cette semaine prochaine je pars 3 jours en Irlande ! Je vous en parlerai plus longuement dans les posts suivants.

Sinon je vous montre aujourd’hui un poème écrit il y a quelques mois. Qu’en pensez-vous ?

Bye et bonne lecture.

_______________________

Passion

Sais-tu combien de fois j’ai caché les soupirs,
Tremblements d’une voix qui s’enfuit sans mot dire,
Quand retombe l’espoir, que l’océan s’élève,
Et noie l’illusoire, l’insaisissable rêve
De toujours ?

Sais-tu combien de fois j’ai étouffé les cris
D’une plume en émoi qui chaque jour écrit
Les émotions nues, cachées sur une feuille
Mais jamais n’atténue la douleur de l’écueil,
Abcès d’encre ?

Sais-tu combien de fois j’ai recouvert la honte
Sous un masque de soie que la raison n’affronte ?
Fuyant les reproches, effrayée des questions
Les larmes s’approchent, entament l’ascension
Du regard.

Sais-tu combien de fois mon cœur t’a poursuivi ?
Que veux-tu donc de moi ! Tu joues de mes envies
Tu asphyxies, Passion ; tu enserres la vie.
Furtive rébellion, cependant n’asservit
Le poète.

J’ai oublié de compter, je n’ai fait que rêver.
J’ai oublié de compter, ton fardeau m’obsédait
Mais je me souviendrai de ces tendres sourires,
Je me souviendrai des éclats de nos rires
Tous les jours.

dd

posted in Poèmes | 5 Comments

19th mars 2011

L’ange et la princesse (4/4)

Salut !

Je vous présente aujourd’hui le dernier volet de ce conte.

La semaine prochaine je déménage deux rues plus haut alors vu que je ne sais pas trop quand je récupèrerai une connexion internet, il est probable que les dates de post soient un peu décalées. En tout cas n’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de la fin du conte, je pourrais toujours lire vos commentaires assez facilement du lycée !

Bye et bonne lecture.

L’ange et la princesse (1/4)
L’ange et la princesse (2/4)
L’ange et la princesse (3/4)

_______________________

L’ange et la princesse (4/4)

Ceux qui haïssent quelqu’un c’est simplement qu’ils ne savent pas comment l’aimer. On peut aimer sensuellement, on peut aimer spirituellement…et un jour on aime passionnément. La première fois que je l’ai aperçue mes yeux ont caressé son corps, frisson de l’âme effleurant l’esprit. C’est à notre insu que naît la passion…alors ne m’en veux pas si je t’aime…

L’ange marchait, le Soleil entre ses mains. Il traversa la pièce et je le suivis. Est-ce cela aimer quelqu’un, être capable de lui faire confiance, de fermer les yeux et d’avancer dans le noir sur ses pas, de descendre jusque dans les tréfonds de notre âme ?
Malgré la bougie la pièce semblait obscure et comme sur ses gardes, animée par la volonté de protéger un secret dont chaque foulée me rapprochait.
Je n’avais pas oublié cette mystérieuse pièce interdite, cette forme inconnue…la vérité me hantait.
Tout à coup la porte pivota et je fus happé par ton regard. Tu ne dis rien, pas un mot. Nul mouvement, nul battement de cil ne t’anima. Tu me souriais de ton sourire figé, statique, paralysé…un sourire d’automate.

C’était elle. Elle que j’aimais depuis le premier jour, elle qui m’écoutait chaque soir, elle qui mettait un peu de douceur et de magie dans ma vie…
Toutefois lorsque je m’approchai le doute se dessina sur mon visage. Ses bras étaient trop longs, trop rigides, son buste n’était qu’un large rectangle, sa jupe n’avait aucun pli et malgré son sourire son visage n’avait rien d’humain, une sphère. Étonné et dans l’incompréhension la plus complète je me tournai vers l’ange. Dans ses mains il tenait un ciseau à bois.
«Offre-moi un peu de ton âme, Prince, je me sens vide.» J’étais un cancre, la risée de mon école, la honte de mes parents. Pourtant cette nuit je fus Prince et une gouge à la main je bâtis mon empire.

Je travaillais toute la nuit et le jour d’après sans me soucier ni de la fatigue ni de la faim. Pour la première fois de ma vie je me sentis utile. Minutieusement je frappais le bois et y appliquais de légères pressions à tel ou tel endroit. Je caressais ma princesse pour y imprimer les formes de mon affection, les traces de ma dévotion ; je l’habillais d’une splendide jupe plissée ; je tressais ses cheveux, lui dessinais de courtes nattes bouclées ; je bombais ses pommettes d’un tendre effleurement ; je taillais dans le bois mon amour.
Durant tout ce temps l’ange resta à mes côtés et ce n’est que lorsque j’eus terminé qu’il me dit ce mot, ce simple mot venant du cœur : «Merci».
Et s’il n’y avait pas eu ce toit au dessus de la boutique de jouet je crois que je me serais envolé.

L’espoir se dressait devant moi, façonné par mes propres mains. Enfin je pouvais contempler le résultat de mon travail. Quelle étrange émotion que celle qui s’emparait de mon être ce soir là. Je me redressai, levai la tête, bombai le torse et regardai droit devant. J’étais fier, non pas de qui j’étais car leurs sarcasmes étaient trop profondément ancrés en moi pour les oublier, mais de qui elle était, elle que j’avais créé, que j’avais fait naître du néant. J’étais fier de ma princesse et j’eus souhaité lui offrir le plus bel avenir qui existait. Mais comment donner un avenir à la personne que l’on aime lorsque soit même on n’en possède aucun ?
Quand je demandai conseil à l’ange et requérai son aide il me sourit et m’invita à s’asseoir près de lui. Ce soir j’aimais en paix…et il le ressentait.

Les légendes sont toujours fragmentaires, partielles. Elles modifient la vérité et en dissimulent une partie. Personne ne soupçonnait que les propriétaires de la boutique de jouet euent pu avoir un enfant. Personne ne savait que les femmes pouvaient accoucher d’anges. Alors comment aurais-je pu me douter que mon ange n’était pas tomber du ciel ?

«Toutes les princesses se fanent un jour…même la nôtre. Chaque soir je le vois elle peine un peu plus à me confectionner un morceau d’avenir. Je n’aime pas la voir se démener ainsi, se fatiguer. Alors je m’étais mis en tête de fabriquer un nouvel automate avec en son cœur tout autant de magie.
J’ai compris récemment qu’à chaque être auquel on tient on lui offre un morceau de son avenir pour qu’il puisse s’il le souhaite, bouleverser notre vie. Moi, j’ai fait don il y a longtemps de mon avenir à la Princesse. Désormais je suis vide, vide de tout avenir car je vis au travers de la princesse. Mais toi tu as de l’avenir, un bel avenir. Tu as peut être détruit un avenir hier soir toutefois je sais que tu es capable de créer des centaines, des milliers d’avenirs !
Insuffle l’avenir à cet automate que tu as fait naître. Y a t-il plus bel avenir que celui d’en offrir un aux autres ? Je sais que tu y parviendras. J’ai confiance.»
Et il avait un étrange sourire que je ne lui avais encore jamais vu, de celui qui dit : «Nous partageons le même secret», de ces sourires mystérieux auxquels on reconnait nos amis.

Tout à coup l’ange me prit la main. «Suis moi Prince ! » On a couru, on a couru tellement vite au travers de la boutique de jouet que parfois mes pieds ne touchaient plus le sol. Autour les bulles multicolores virevoltaient et me faisaient perdre tout sens de l’orientation. Si l’ange ne m’avait pas retenu probablement que je serais tombé au sol.
«Attends…
Non ! »
C’est étrange de recevoir un ordre d’un chérubin. C’est comme tomber du ciel…Soudain il s’arrêta. Nous étions en face de toi, mon automate.

Je t’avais donné la vie, je t’avais confié tous mes espoirs, j’avais déposé en ton cœur une part de moi même et il était temps désormais que je partage avec toi mon avenir.
«Tu as commis une erreur, déclama l’ange ; répare-la.» Un moment je restai immobile à me demander comment je pourrais m’y prendre.
«Mais personne ne m’a jamais dit comment créer l’avenir, expliquai-je.»
L’enfant m’indiqua l’automate d’un signe de la tête. «Elle, elle le sait. Sans le savoir tu lui as appris.»
Toute notre vie on ne fait que reproduire les gestes, les mouvements, les paroles de nos aïeuls, de ceux qui nous entourent, nos amis, notre famille…mais au moins on y met notre cœur.
Je jetai un regard à mon ange. Dans ses mains il y avait une boîte à chaussures. Ne serait-ce qu’une fois dans notre vie on agit aux yeux des autres de façon irraisonnée. Alors ne me demandez pas pourquoi ce soir-là je saisis la boîte à chaussures.

«Princesse, offre moi un peu de ton âme, je me sens vide.»
Ce n’est d’abord que frémissement de la peau, battement de sourcils. On voit un mouvement infime et on pense l’avoir juste rêver. Puis les commissures des lèvres se redressent lentement, les yeux s’illuminent et c’est tout un corps qui s’anime. Combien de fois avais-je assisté à ce rituel ? Dix, vingt, trente fois ? Ce soir ce fut comme si rien ne c’était jamais passé, comme si j’étais revenu à cette nuit où j’avais rencontré la princesse pour la première fois. Cependant cette fois-ci je n’observais pas ; je vivais.
Tandis que l’automate s’appliquait telle une araignée à tisser la toile d’un avenir j’élevai au dessus de moi la boite à chaussure. Ce n’est que lorsque la bulle de savon se fut envolée, quittant le doux nid des mains de la princesse, que je compris la raison d’être de tout ceci.
Ce fut comme une illumination, un éclair dans la nuit de l’ignorance. J’avais mon rôle à jouer dans ce monde. Certains ne me croiront pas, d’autres me prendront pour un fou mais qu’importe car désormais je savais pourquoi j’étais là-bas, cette nuit.
Je lâchai la boite à chaussures. Doucement, inévitablement, la bulle descendit vers le sol. L’ange avait ouvert de grands yeux effrayés : «Que fais-tu ?»
Et l’univers continuait de tomber, chute inéluctable tandis que la crainte de l’enfant grandissait. Les anges aussi peuvent douter.
Quand le monde fut enfin à ma portée je pris une grande inspiration, me tournai vers le chérubin et soufflai. La bulle de savon fut propulsée à travers la pièce, comète multicolore.
Pour la première fois j’eus en face de moi non plus un ange mais un être humain. Son visage n’était plus celui confiant et souriant qui s’était opposé à ma haine une nuit. Il y avait sur ses traits de la peur, de l’incompréhension, de l’étonnement, un refus dissimulant une terrible envie, l’envie de dire «oui». Puis il y eut un sourire, de la reconnaissance et, si je ne m’abuse, une étincelle d’amour.
Les anges sont humains.

L’avenir percuta l’enfant et la bulle éclata. L’avenir percuta l’enfant mais chaque gouttelette s’accrocha à lui. C’était comme une pluie de lumière…des larmes d’anges.
Et je frappais dans mes mains au rythme de la fugue. Je tournais autour du chérubin : «Tu as un avenir ! »
Soudain l’ange se mit à rigoler. C’était si doux, si mélodieux. J’aurais voulu qu’il rie toute ma vie.

Si les anges sont fait pour veiller sur les Hommes, qui donc prendra soin d’eux ?

Les mois avaient passé, les années s’étaient écoulées. On avait grandi. Depuis quelques semaines tous les soirs un léger voile de neige recouvrait la ruelle de mon enfance tandis que les chérubins l’emplissaient de leur rire. L’ange et moi nous avions repris la boutique de jouet, on l’avait retapé, dépoussiéré avant de la peindre de magie. Et dehors, encastrés dans la roche, il n’y avait plus un automate mais deux. Deux princesses qui faisaient la joie des enfants.
Une légende raconte que de notre vie nous n’avons plus jamais quitté le magasin.
«Entre ces murs nous faisons bien plus que vendre de simples jouets, disait mon ami ; on fabrique.
Que fabriquez-vous ?» Demandaient les curieux.
Alors toujours à ses côtés je répondais avec un clin d’œil : «Les anges ne sont que des enfants à protéger. Nous en sommes leur chevalier.»
Devant la boutique une foule s’était amassée. Ils levaient des yeux ébahis tandis qu’un murmure se répandait. «Regardez ! »
Les princesses avaient joint leurs mains d’un commun accord. Dans chaque adulte il y a une part d’enfant, une part d’ange. Au dessus de nos têtes des milliers de bulles de savon virevoltaient, des milliers d’avenir resplendissaient.
«Soufflez les enfants, soufflez ! Ne laissez pas les mondes éclater…»
Alors dans la ruelle naquit un souffle d’espoir tandis que se levait un vent d’avenir. Les anges riaient et vous riiez avec eux, Princesses.

posted in Contes | 9 Comments

2nd mars 2011

L’ange et la princesse (3/4)

Salut,

Voici la troisième partie du conte. Je crois que je ne m’étais jamais autant exprimée dans un récit, j’y ai mis une telle part de moi même ! Parfois j’aimerai qu’il ne soit pas fini mais que je puisse encore l’écrire. En écrivant ce conte j’avais l’impression d’être un dieu, je pouvais choisir de la vie et de la mort de chaque être, décider de leur avenir. C’est grisant de volupté.

Sinon le bac blanc approche (le bac aussi donc !)  et dans une semaine les inscriptions pour l’orientation seront finies. Je réalise à peine que l’année prochaine ma vie va être bouleversée ; toutefois je continuerai de poster sur Souffle Mots, où que j’aille !

J’espère que ce conte vous plaira et n’hésitez pas à critiquer !

Bye et bonne lecture.

L’ange et la princesse (1/4)
L’ange et la princesse (2/4)
L’ange et la princesse (4/4)

___________________________________

L’ange et la princesse (3/4)


Ce qui se passa ensuite je n’en ai gardé que peu de souvenirs, des bribes surtout de conversation, des images. Je me souviens être retourné dans la boutique de jouets, je me souviens avoir vu l’ange déposer un nouveau monde sur une étagère au milieu de tant d’autres, je me souviens de ses mots : «On a tous peur de la vérité, on la fuit. On a tous peur de notre avenir, on voudrait pouvoir le contrôler. Alors je les cache aux yeux de tous et les protège. Chaque bulle renferme une vérité, chaque monde contient un avenir. Je ne suis qu’un gardien.»
J’étais assis au sol, buvant ses paroles, mon regard fixé sur lui tandis qu’il semblait plongé dans l’océan, un océan dont je ne percevais que l’écume.
«Tu as peur d’aimer, tu as peur d’aimer et de ne plus rien contrôler. Mais rassure-toi, si l’on juge des actes de quelqu’un, bien souvent avec maladresse, nul ne peut juger des sentiments. Ne craint pas de dire à quelqu’un que tu l’aimes, ne fuis pas cette vérité sinon un jour…»
Je me souviens avoir dansé au milieu des mondes. L’ange battait la mesure de ses petites mains et je tournoyais telle une tornade. Je me souviens d’avoir joué cette musique, frappant en cadence le parquet de mes pieds nus. Et soudain il s’était levé, il m’avait tendu ses mains et l’on avait dansé ensemble. Alors, réunis, nos corps ne formaient plus qu’une gigantesque sphère : l’instant d’une valse on partageait notre avenir.
Aujourd’hui encore lorsque je marche résonne notre fugue.

Essoufflé je m’étais assis, l’ange en face de moi. Il me semblait que nous avions dansé toute la nuit mais dehors l’obscurité n’était que plus dense et nulle lumière ne pointait à l’horizon.
Je pris une grande inspiration. Il faut oser parfois demander la vérité : «Où sommes-nous ? Vraiment…»
L’ange ne me regardait pas, égarement de l’esprit.
«Quelque part dans les sous-sols de la boutique.» Sa réponse était tellement lointaine, tellement évasive qu’il semblait ne plus appartenir à ce monde.
«Mais pourquoi alors avons-nous fait tant de détours ?
- La magie réside dans le mystère, dans l’inaccessible. Quelque chose d’inatteignable, si l’on s’en rend compte, devient beau.»
La première fois que j’y étais entré ce lieu n’était à mes yeux qu’une ruine sans intérêt. Désormais c’était un paradis. Je souris. Je connaissais la vérité.

Ceux qui ne croient pas en la magie c’est simplement qu’ils ne savent pas la reconnaître.
Quand je cours les cheveux dans le vent, quand les arbres me saluent, quand chaque jour je continue d’espérer, quand tu me souris…c’est magique.

Vers le point du jour j’ai quitté la boutique de jouet. Je n’aurais pas dû. J’ai quitté mon paradis pour descendre en enfer.
«Tu n’as pas d’avenir…pas d’avenir…pas d’avenir.» Je crispais le visage, je serrais les dents. C’était la récréation et j’attendais. J’attendais que passe le temps et qu’enfin je puisse revoir ma princesse. J’ai tenté de leur expliquer, de la leur décrire ; ils n’ont pas compris. On ne comprend pas la passion d’un être, on l’envisage, on l’admet, on l’observe. Ils s’en sont moqués.
«Chez nous on n’veut pas de personnes bizarres…bizarres…bizarres.»
Je tentais de me coller contre le mur, de disparaître aux yeux des autres. Je fuyais la vérité.

Cet après-midi quand je suis sorti des cours j’ai couru, j’ai couru à perdre haleine mais cette fois-ci je savais où j’allais.
Je ne pouvais plus le supporter, c’était trop lourd, trop dur. Ils n’avaient pas le droit de me blesser ainsi, ils n’avaient pas le droit de m’ôter tout espoir, d’éteindre la magie qui vivait en moi…
Ce soir là je ne saluai pas ma princesse. Arrivé près de la porte de la boutique de jouet j’arrachai un bout de bois, le même qui m’avait gravé dans le dos cette cicatrice. Je ne me souviens plus comment je l’ai décroché. Je me rappelle juste de cette haine qui me dominait, m’asservissait. Je ne l’avais pas senti naître en mon sein, petit bourgeon insignifiant. Mais ils l’avaient arrosé, l’avaient réchauffé. Ils avaient noyés la raison pour mieux incendier mon cœur. Je n’avais pas d’avenir alors que m’importait désormais que mes actes soient bons ou mauvais ?
Je n’avais pas d’avenir alors j’allais détruire le leur. J’allais détruire leur avenir…à tous.

Avais-je défoncé la porte, l’avais-je simplement poussée ou était-elle déjà ouverte ? Je ne saurai le dire. Tout à coup je m’étais retrouvé debout dans cette même pièce que j’avais quittée quelques heures plus tôt. Toutefois je n’étais plus le même.
Quand j’y repense parfois j’ai peur, peur que tout ne recommence. Était-ce juste de la haine ou autre chose…un peu d’amour ? J’aimai cet enfant, j’aimai l’automate mais je ne savais comment l’exprimer. Je n’osais dire la vérité. Et pour cette simple raison, pour elle, pour leur ricanement, leur mépris j’étais prêt à menacer un ange…mon ange.

Il pointa l’épée vers l’enfant. Silence. Sur la lame du sang séché. Lentement il brandit l’arme au dessus de sa tête. L’enfant souriait, confiant.
C’était comme si le temps avait stoppé sa course, plus rien ne bougeait et même les univers s’étaient figés. Quand la folie s’empare de nous plus rien n’a de sens. En face de l’ange un être humain tremblait. Il tremblait de peur, il tremblait d’amour.
Mais sa volonté semblait inébranlable. Ou est-ce qu’il ne savait plus comment faire marche arrière ?
L’épée fendit l’air, blessant à mort le silence.
L’épée fendit l’air et l’ange resta immobile.

Je l’avais souhaité, je l’avais désiré, je l’avais si ardemment convoité que c’était devenu réalité. Je ne savais pas que la réalité pouvait blesser. Je pleurais. Le morceau de bois avait glissé de mes mains tandis que je m’écroulais au sol. Qu’avais-je fait ? Étais-je désormais un meurtrier ? Et il y avait cette image qui revenait sans cesse comme une vérité placardée sur mes yeux, elle s’insinuait en moi. J’avais beau cacher mon visage entre mes mains ses griffes restaient profondément ancrées.
L’enfant, son sourire. L’épée, son cri…l’univers, cette bulle de savon.
Je m’étais cru le maître du monde, j’avais voulu jouer au Dieu alors que je n’étais qu’un cancre sans avenir, je m’étais octroyé le droit de décider du devenir des autres.
J’avais tué l’avenir de quelqu’un. Je l’avais vu éclater en milliers de fragments tandis que mon épée le transperçait de part en part. Était-ce cela mon avenir : détruire celui des autres ?
Je pleurais.
Tout à coup je sentis quelqu’un taper doucement sur mon épaule. Je levais les yeux. L’ange me tendait un parapluie. Mon parapluie.
«Prends le ; ça te seras utile, murmura-t-il ; il ne faudrait pas que d’autres mondes éclatent…»
Je souris puis agrippais la poignée recourbée du parapluie. «Merci de ton aide, petit chevalier.»

Et l’ange pardonna. Il ramassa les débris d’avenir puis s’assit à mes côtés. Je m’étais un peu calmé et dans la pièce la pluie avait cessé. Toutefois j’avais toujours ce poids sur la conscience comme un meurtre. J’ignorais à qui appartenait cet avenir mais quelque part sur Terre, par ma faute, un être se sentait vide et sans but. Soudain je me tournai vers mon ange :
«Apprends-moi à aimer ; à aimer en paix.»
Et l’ange accepta.

posted in Contes | 4 Comments